Alain Iriart veut briguer la présidence de la CAPB

ConseilAgglo

Le maire d’Hiriburu annonce avant le second tour qu’il est en «situation de réflexion active» pour se présenter à la tête de la communauté d’agglomération Pays Basque en remplacement de Jean-René Etchegaray. Ce «troisième tour» des élections municipales aura lieu le 17 juillet.

Déjà depuis quelque temps, le bruit courait dans les milieux politiques. Mais il était dépourvu de toute confirmation de la part du principal intéressé. Alain Iriart maire brillamment réélu au premier tour à St Pierre-d’Irube et membre d’EHbai, briguerait le poste de président de la CAPB. Le 25 juin, notre homme diffuse dans plusieurs médias et en deux langues, une longue interview écrite qui sonne comme une déclaration de candidature, même si elle n’est que suggérée. Il ne s’agit pas d’une candidature de témoignage, il se présente pour gagner. Le choix de la date surprend : trois jours avant le second tour des municipales du 28 juin, qui verra soit la victoire, soit l’échec du principal concurrent d’Alain Iriart à la CAPB, Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne dont la réélection n’est guère assurée. Les observateurs parlent de «ballottage défavorable pour J. R.» et prédisent un résultat ric-rac entre le maire sortant centriste et son challenger de gauche Henri Etcheto, comme en 2014. Tout un chacun insiste sur le rôle de «faiseurs de roi» des abertzale (autour d’un millier de voix)  dans le scrutin bayonnais.

Dans un contexte aussi serré, qu’un Alain Iriart annonce sa candidature trois jours avant ce second tour n’est évidemment pas neutre. Il adresse un message limpide aux électeurs abertzale de Bayonne : la réélection de Jean-René Etchegaray n’est pas si essentielle que cela. S’il ne peut être candidat à la tête de la CAPB du fait d’une défaite à la mairie, ce n’est pas bien grave. Un abertzale est là pour le remplacer et il a des chances de gagner. En d’autres termes, Alain Iriart savonne la planche de Jean-René Etchegaray. Il tente de démobiliser l’électorat abertzale bayonnais désireux de soutenir le maire sortant pour faire barrage à Etcheto.

 La logique du premier tour s’éclaire

L’annonce d’Alain Iriart devance celles du maire d’Anglet, Claude Olive (LR) et de Jean René Etchegaray. Mais surtout elle éclaire d’un jour nouveau le premier tour de l’élection bayonnaise et la crise qu’a traversé la liste abertzale BVS verte et solidaire, conduite par Jean-Claude Iriart, frère d’Alain. La théorie d’un accord nécessaire entre les trois composantes de la gauche bayonnaise pour ensuite mettre en orbite Alain Iriart à la CAPB, a longtemps semblé bien fumeuse et peu crédible. Seul un numéro de la Semaine du Pays Basque fin mars en a fait état de façon claire dans sa chronique humoristique de la Marquise. Ce journal y fait de nouveau allusion à la mi-juin dans la série d’articles de «Monsieur X» sur les municipales. Peu de chose en somme. Mais au regard des évolutions et déclarations récentes, on se demande si finalement ce scénario explicatif ne serait pas le bon. Sans tomber dans un complotisme à tous crins, la formule semble prendre de l’épaisseur.

Une opération de cette envergure, aussi risquée et avec de tels enjeux, ne s’improvise pas. Alain Iriart et son frère sont des hommes politiques chevronnés. On se souvient qu’il y a un an, une fronde contre la gouvernance de Jean-René Etchegaray se développa parmi les élus siégeant à la CAPB : ils se plaignaient d’une gestion trop peu à l’écoute des élus et trop centralisée. Cette bronca avait à sa tête Alain Iriart et Michel Etchebest, désormais ex-maire de Mauléon.

Certains militants abertzale et non des moindres se disent choqués par l’opération que les frères Iriart tentent de mener. Mais sans doute sommes-nous en train de changer d’époque. La croissance de l’abertzalisme fait que les combats politiques et leurs enjeux prennent une autre envergure, les calculs et les ambitions aussi. L’opération qui se déroule sous nos yeux serait significative d’une crise de croissance, rien de plus. Elle serait même bon signe.

 EH Bai sollicité

Aujourd’hui, Alain Iriart est donc quasiment candidat. En filigrane de sa déclaration d’intention du 25 juin, le lecteur mesure son souci de ratisser large pour ce troisième tour du 17 juillet. Il y a fort à parier qu’il ne se présentera pas sous une étiquette EH Bai et c’est bien compréhensible lorsqu’on aspire à la victoire. Toutefois, Alain Iriart sait qu’une partie de ses électeurs, parmi les élus de la CAPB, sont des abertzale. Il faut qu’il puisse s’appuyer sur un socle dont le poids a augmenté depuis le second tour du 28 juin. Alain souhaite donc un adoubement de la part de son parti politique EH Bai qui se réunira le 9 juillet en assemblée générale.

Gageons que pour apporter leur soutien, les militants du parti ne se contenteront pas d’un vague blanc-seing, mais demanderont des engagements de leur champion, allant dans le sens de leurs aspirations et celles du mouvement abertzale au sens large. L’examen, le bilan de ses mandats électifs, en tant que maire et conseiller général, mériteront également un examen afin d’évaluer sa capacité à exercer des responsabilités plus grandes et pour nous décisives à la tête d’une CAPB qui commence à peine à prendre son envol. Pour éviter qu’un homme et son équipe forcément hétéroclite se contentent d’une gestion opportuniste au gré des appétits locaux et ne se laissent tenter par une dérive, de guerre lasse. Pour que des dossiers aussi essentiels que l’artificialisation des sols, la maîtrise foncière et le développement du foncier agricole dans les PLU, ne finissent à la trappe ou passent au second rang des priorités. Dans sa déclaration du 25 juin, Alain Iriart reste bien silencieux sur ces aspects programmatiques.

Le débat est donc ouvert parmi les abertzale d’Iparralde et leur principal parti représentatif EHbai. Il n’est pas simple. Certains considèrent que nous sommes dans une situation équivalente à celle de la Corse. Le moment serait venu de prendre les rênes de l’institution qui rassemble les trois provinces. D’autres répliquent que les scores qui sont les nôtres, demeurent bien loin des résultats atteints par les abertzale de l’Ile de Beauté. Au regard de ce que sont les élus locaux d’Iparralde, une conquête de la CAPB par un noyau d’abertzale ne pourrait donc se faire que grâce à une majorité de circonstance conduite par Alain Iriart. Cette majorité qui ne peut être que très diverse comprendrait des personnalités opposées à Etchegaray pour de bien mauvaises raisons. Avec un risque grave, celui de faire éclater l’autre majorité possible, la coalition abertzale-basquiste conduite par le maire de Bayonne. Et des conséquences, des haines durables qui affaibliront la démarche de construction institutionnelle que nous devons privilégier.

OVNI politique

Quand aux autres challengers, ils sont deux à envisager d’occuper le poste de la présidence. Le maire d’Anglet, Claude Olive qui fait partie de la droite dure et anti-basque classique. Son opposition à la création de la CAPB est dans toutes les mémoires, comme son opération couronnée de succès pendant quelques mois et peu avant cette création, afin d’évincer Jean-René Etchegaray de la présidence de ce qui s’appelait l’EPCI.

Le deuxième n’est autre que J. R. Etchegaray, candidat atypique s’il en est. Son habileté sur l’échiquier politique fait qu’il parvient  à séduire, à attirer et à fédérer autour de lui des personnes provenant de la droite dure, de la gauche, des écologistes, des abertzale de droite, des abertzale de gauche et même de «dangereux gauchistes». Qu’un Jean-René Etchegaray réussisse à les faire cohabiter sans que la guerre civile ravage son camp, demeure un mystère. Il se joue des étiquettes comme des paradoxes ou des contradictions. Et si l’on est face à un tel adversaire, cela le rend d’autant plus redoutable et difficile à battre. Quelques-uns viennent d’en faire la cruelle expérience.

Concernant «l’agenda abertzale» et après quelques années de mandat, l’homme peut se prévaloir de réalisations et d’actes politiques à faire pâlir d’envie l’élu abertzale le plus aguerri. Il ne s’agit pas ici de promesses dont nul ne sait s’il parviendra à les réaliser, face aux pressions des élus et des partis de droite et de gauche, des lobbies, du préfet, du gouvernement central. Non, il s’agit d’actes connus. Pas question de faire ici le panégyrique de Jean René Etchegaray, d’autant que nul n’est parfait, toute médaille a son revers et son bilan comporte aussi un passif. Mais lorsqu’on a connu et souffert de la domination de caciques centristes ou de droite, tels que Guy Petit, Pierre Larramendy, Michel Inchauspe, Charles Cami, Bernard Marie puis Michèle Alliot-Marie, Franz Dubosq, Henri puis Jean Grenet, Victor Mendiboure, on prend la mesure de la mutation entamée. La «des-Ybarnégaraysation» de ce pays qu’Enbata appelait de ses vœux au début des années soixante dans les colonnes de ce journal, a fait de grands progrès.

A la fois adversaire et principal allié

EH Bai se trouve ainsi face à un dilemme: tenter de faire élire un candidat issu de ses rangs, qui malgré ses talents indéniables, n’aura pas la marge de manœuvre, la capacité à prendre des risques qui sont au contraire l’apanage d’un animal politique très particulier, Jean-René Etchegaray. Il y a peu, un membre connu de la gauche abertzale résuma la question de façon lapidaire: «Etchegaray est sans doute un adversaire, mais c’est notre principal allié». Pourquoi ne pas maintenir en place un compagnon de route qui a fait ses preuves, représentatif de ce front «abertzale-basquiste» que notre famille politique a mis des années à construire ? Ce front est aujourd’hui un de nos atouts majeurs, nous en avons impérativement besoin pour conforter nos avancées politiques, construire le Pays Basque de demain. Il correspond aux attentes à la fois radicales et pragmatiques de notre société civile, auprès de laquelle les militants politiques abertzale ont un devoir : être à son écoute, à son service. Cette «accumulation de forces» surprend beaucoup en Hegoalde et suscite même une admiration non feinte. Pouvons-nous prendre le risque de la fragiliser, de la mettre en péril ? Réponse dans une quinzaine de jours.

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