50 ans dans le rétroviseur

Les 4 dossiers associés aux numéros 2167 à 2170 d’Enbata constituent un bel ensemble qui soutiendra longtemps nos réflexions. Merci à leurs quatre auteurs-ex-perts.
l La démographie nous dit l’évolution tendancielle de notre groupe humain, dont elle éclaire à la fois les potentialités et les besoins,
l L’emploi est mon enjeu le plus familier, au confluent des besoins sociaux, des compétences, des capitaux, de l’aventure entrepreneuriale, de l’efficience des activités,
l La langue est un héritage précieux, idéalement partageable, support d’énergie et d’identité, qui me pose pourtant de fortes difficultés d’appropriation,
l Le logement et l’urbanisme sont le miroir de notre organisation inter-générationnelle, de notre capacité à recevoir de nouveau citoyens et de nouvelles activités, à proposer de nouveaux services collectifs, tout en préservant l’espace.
Au plus loin que ma mémoire de modeste et fidèle lecteur accepte de remonter, Enbata a été à la fois révélateur de l’actualité immédiate, par ses reportages et interviews, interpellateur sur les orientations politiques et sociales, par ses sacrés éditos et tribunes libres, et relais sans faille des messages et des témoignages sur la responsabilité individuelle et l’ouverture de chaque sujet:
l prends-toi en charge par toi-même, sans attendre que les solutions viennent d’ailleurs;
l écoute-toi, et exprime-toi, même si tu te sens en minorité;
l observe et respecte les mouvement d’autres régions du monde: Hegoalde, Kanaky, Irlande, Kurdistan…
Enbata souhaitera-t-il poursuivre sur d’autres grilles la rétrospective des 50 dernières années et observer l’évolution du Pays Basque Nord comparativement à celles d’Hegoalde et d’au-tres régions du monde? Ce serait intéressant et sera peut-être la contribution bienvenue d’étudiants en histoire, économie, sociologie.
Il me semble qu’Enbata dispose d’une crédibilité suffisante pour sélectionner quelques questions qui orienteront la construction de notre société «Pays Basque 2050». Ces questions pourraient donner lieu avec Enbata à contributions structurées et à débats, avant d’être «transmises», les unes au Conseil de développement, les autres aux différents «think-tanks» politiques. Pour proposer ces questions il faut une autre culture, un autre engagement social, une autre puissance vi-sionnaire que les miennes! Je me risque cependant à en évoquer quelques-unes, ci-après.

* L’identité basque est à la fois celle des territoires [paysages, ressources naturelles, infrastructures], celle des groupes [valeurs, langue, sports et culture, organisation familiale et sociale solidaire, entrepreneuriat] et celle des personnes humaines. Comment exprimer, partager et actualiser cette identité tout en ac-cueillant les probables prochaines vagues d’immigration? Comment pactiser avec la diaspora, proche et lointaine «Zortzigaren probintzia» [Euskal Etxeak, «Echanges Pays Basque», et tous ceux qui vivent et travaillent au loin, se sentant membres de notre communauté], afin que nos évolutions et les sien-nes se concertent?

* Responsabilité sociale, développement durable.
Pour que notre pays reste vivant et vivable, privilégions le qualitatif, veillons à valoriser et développer les talents humains de chacun, à rechercher les équilibres territoriaux et la justice sociale, notamment:
l formation des jeunes et formation tout au long de la vie, pour développer et entretenir des compétences,
l respect de l’environnement, diversité des milieux et des activités,
l équilibre d’allocation du foncier au logement, aux activités agricoles, aux locaux d’entreprises, aux infrastructures publiques et au transport, etc.
l prévention et atténuation des ruptures et des inéquités territoriales: entre les villages et chefs-lieux, entre la côte et les hautes vallées, entre les actifs et les non-actifs…, sur le plan de l’accès au travail, aux services de la santé, de la formation, des loisirs et de la culture.
l accès au logement et au transport collectif, réhabilitation des logements dans une optique d’autonomie énergétique,
l dignité de vivre et haut degré de civilisation, c’est-à-dire de solidarité, sujets sur lesquels le Pays Basque devrait être admis à expérimenter des dispositifs innovants, transposables ensuite ailleurs.

* Transmettre vers les jeunes. Empowerment de la jeunesse.
Attention, Pierre Laborde le dit, il y a au Pays Basque proportionnellement moins de jeunes (et donc davantage de personnes de plus de 60 ans) que dans bien d’autres régions d’Europe, et bien sûr beaucoup moins que dans les régions du monde à l’économie émergeante, d’où seront issues la plupart des initiatives en 2050.
Raison de plus pour «équiper» les jeunes et pour les mettre en valeur avec soin.
Transmettre vers les plus jeunes sa compétence, son savoir-faire et ses valeurs, puis ses responsabilités, est l’un des devoirs essentiels de tout etxeko jaun / etxeko andere, de tout responsable associatif, entrepreneur bref de tout «responsable humain».
Leur transmettons-nous convenablement notre projet? Notre culture? Notre méthode de vigilance? Ecoutons-nous les (beaucoup) plus jeunes que nous? Leur faisons-nous suffisamment de place en matière de logement, d’emploi, de postes de direction dans les instances de direction associatives et territoriales?
Il se trouve que c’est l’un des chantiers du Conseil de développement, qui mérite bien que soit élargie sa base de réflexion politique.

* Développer les compétences, partager le savoir.
Nous devons accorder le plus grand soin à la formation des jeunes. Cela se fera de nombreuses manières. Eviterons-nous de structurer une offre et une organisation universitaire spécifiques, pour la Formation et la Recherche? Jean-Michel Larrasquet l’a souhaité dans ces colonnes, il y a deux semaines. Mon expérience à l’ESTIA grâce à la CCI, avec l’appui d’une Fondation et des collectivités territoriales, ainsi que l’expérience de mes collègues à l’Université, m’indiquent que chercher d’autres voies est possible mais épuisant!
Il sera sans doute impossible d’obtenir, durant les prochaines années, que l’Etat dote le Pays Basque d’un modèle d’université (ou d’un mode de gouvernance de l’université) plus adapté à nos projets, mais les collectivités territoriales peuvent le rendre possible, si elles le veulent. Par exemple, en aidant à lancer une structure de valorisation de la recherche, en soutenant les activités de promotion «Pays Basque = destination pour se former» (qui ont du succès), et en aidant à orienter vers le pays basque une part des moyens alloués par le programme gouvernemental «investissements d’avenir» et par les fonds structurels européens.

* Entreprises, valeur ajoutée, lien social et emploi.
L’entreprise délivre à ses clients des «services socialement utiles», elle est acteur de développement de compétences et de lien social chez ses agents, lieu de création de valeur… constamment remise en cause dans un marché concurrentiel.
Comment créer et faire grandir les entreprises, les encourager à franchir les seuils mythiques du 1er salarié, du 11e, du 50e… pour que soient plus nombreuses les entités capables de concevoir et marketer par elles-mêmes leurs produits propres dans le monde? Pour que de nombreuses PME deviennent des ETI? Comment orienter demain vers ces PME à fort potentiel de croissance, les talents qu’elles recherchent, l’innovation juridique qui les pé-rennisera, ainsi que, à la suite de l’expérience de Herrikoa il y a 30 ans, davantage d’épargne des ménages?
Comment ajuster nos représentations de l’industrie, dont l’ancrage et le développement raisonnés au Pays Basque sont aussi nécessaires que celui de l’agriculture? Or durant mon adolescence, la disparition de l’agriculture de montagne et le regroupement des exploitations —aux fins d’automatisation des procédés culturaux et de compétitivité sur les marchés de matières premières— étaient considérées comme inéluctables par presque tous, sauf par les disciples de Jean Pitrau, par le MRJC… ce que nul n’assumerait en 2011.

* La voix, l’autorité et la représentation du Pays Basque.
Le Pays Basque Nord ne représente que 0,5% de la population française, moins de 0,8% de la population espagnole, autant dire que les parlements et les gouvernements nationaux sont peu accessibles à son discours et à ses propositions, et qu’obtenir le moindre traitement spécifique relève de longues confrontations et d’habiletés extraordinaires. La réalité fédérale européenne a peu progressé, est assez peu perceptible sur nos terrains, eu égard à ses promesses durant mon adolescence. Il y aura peut-être une institution spécifique, c’est tant mieux. Et plus tard? En cette matière également, le Pays Basque devrait être admis à expérimenter des dispositifs innovants, transposables ensuite ailleurs.

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