Transparence sur la qualité et l’origine

«Transparence sur la qualité et l’origine des biens alimentaires»: on pourrait résumer simplement par ces mots la démarche que le collectif Kalitaldeak (syndicat ELB, Ehlg, fédération “Arrapitz” avec BLE, Sagartzea, piment d’Espelette, cerise d’Itxassou) a défendue lors de la réflexion démarrée en 2008 sur la marque territoriale Pays Basque, dont il s’est retiré l’an passé. Les raisons de notre retrait? L’orientation validée en 2012 qui ne définit pas comme une condition d’accès à la marque qu’un produit soit élaboré à partir d’une matière première essentielle d’origine locale (en clair le pâté basque pourrait être fait à partir de cochon breton, ou le axoa ou les tripes basquaises avec de la viande issue d’ailleurs). Certes les promoteurs de la marque prétendent que les entreprises s’engageront dans une démarche de progrès. Tant mieux, on ne demande que ca, et on saluera leurs efforts! Et c’est dans ce sens qu’Ehlg travaille avec le cluster Uztartu sur les filières bovines et le blé panifiable. La majorité des paysans ont besoin des entreprise agro-alimentaires pour transformer et vendre leur production. Mais accorder, dès aujourd’hui, la marque à une entreprise qui ne s’approvisionne pas localement, sous prétexte qu’elle s’engage à faire des efforts, c’est sous-entendre le contraire au consommateur auprès de qui elle communiquera. Interrogez donc votre entourage et demandez-lui la chose suivante: si vous achetiez un produit issu d’une entreprise labellisée marque territoriale (une piperade, un axoa, un pâté, une confiture de cerises…), penseriez-vous que la matière première essentielle serait produite localement? C’est un exercice que je fais régulièrement et la réponse est à coup sûr: oui évidemment, c’est logique. Les consommateurs ne sont-ils pas en droit d’attendre qu’un produit alimentaire “basque” soit vraiment issu du territoire (produit et transformé)? L’emploi créé par une entreprise agro-alimentaire qui ne se fournit pas ou peu localement suffit-il à justifier l’accès à une marque territoriale?

Renforcer l’approvisionnement local
en matière première
Je réaffirmais il y a quelques semaines dans cet hebdomadaire l’importance de renforcer l’approvisionnement local en matière première agricole des entreprises, la relocalisation de l’économie étant bénéfique aussi bien pour le producteur, le transformateur que le consommateur. Je faisais référence au scandale de la viande de cheval dans les lasagnes et pensais qu’une marque territoriale qui accepterait des approvisionnements extérieurs prendrait le risque d’être décrédibilisée si elle subissait la même chose. M. Etcheto, président du Conseil de développement du Pays Basque, a qualifié cette “confusion” de «propos pour le moins mal inspirés». La suite de son propos ne vient pourtant pas, à mon sens, étayer ce jugement.
En effet, si la marque doit protéger, contrôler, comme le souhaite le Conseil de développement, définir comme pré-requis l’origine locale de la matière première utilisée par les entreprises qui bénéficieraient de la marque serait la meilleure garantie pour le consommateur, mais aussi pour les agriculteurs, et les entreprises de l’agro-alimentaire! Or, on nous parle depuis 2008 des “valeurs” de la marque, “résolument territoriale”, mais l’absence de garantie d’origine locale concernant spécifiquement les biens alimentaires n’est-elle pas en contradiction avec cette idée? D’autant plus qu’on peut constater, de fait, que, plus le circuit est long et moins l’origine des produits est explicite et plus les risques sont élevés.

Choix stratégique et économique
M. Etcheto affirme par ailleurs que la majorité des produits et services du territoire ne disposent d’aucun outil de protection et de valorisation. Ce n’est pas vrai concernant la production agricole. Nos signes officiels de qualité et/ou démarches collectives couvrent une très grande partie de la production et les paysans s’y inscrivent très largement, qu’ils soient fermiers ou non: lait de brebis en déclaration d’aptitude AOC Ossau Iraty, AOC Irulegi, AOC piment d’Espelette Idoki pour les fermiers, démarche AOC en cours pour le porc basque… Il se trouve qu’en parallèle les entreprises agro-alimentaires n’ont pas toutes choisi de valoriser prioritairement la production locale et ont développé des transformations sur la base de matière première peu coûteuse venant d’ailleurs, surfant pourtant sur l’image ou la notoriété locale de divers produits (piperade ou confiture de cerise noire du Pays Basque par exemple). Pour certaines filières, telle celle de la cerise, la production locale est maintenant insuffisante au regard des dizaines de tonnes transformées par l’agro-alimentaire. Mais il faut être tout à fait clair! En cerises, par exemple, le territoire doit encourager le développement de la production locale mais jamais on ne pourra fournir les besoins de l’agro-alimentaire! C’est évident, c’est comme ça. Ainsi donc, le choix stratégique et économique des entreprises qui se développent sur des ressources non locales doit être assumé par ceux qui l’ont fait, comme nous assumons, nous producteurs, la perte économique lorsque les aléas climatiques (c’était le cas en 2012) ne nous permettent pas de récolter de cerises, car nous ne nous permettons pas l’approvisionnement extérieur. Nous producteurs, pour bénéficier d’une appellation nous devons respecter le cahier des charges et pas seulement déclarer des intentions de progression, dire que l’on fera des efforts.
Il est tout à fait sain qu’il y ait débat, car les stratégies peuvent différer même si l’objectif des uns et des autres est bien de servir ce territoire. Nous n’empêchons pas d’ailleurs la marque de faire son chemin, nous nous sommes simplement retirés. Alors nous apprécierions que notre position, si elle n’est pas partagée, soit juste respectée.

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