Un exercice démocratique

L'Edito du mensuel Enbata - On la croyait malade, voire moribonde, voilà l’Union européenne revivifiée. 8% de votants supplémentaires sur l’ensemble des 28 pays partenaires aux élections du 26 juin.
L’Union fonctionne dorénavant comme toutes les démocraties de nos Etats-nations. (...) Mais la première puissance commerciale du monde doit aussi être aux avant-postes de la lutte pour le climat et dans l’accueil des migrants. Les peuples d’Europe ont désormais parfaitement compris que ces politiques dépassaient les moyens de chacun des Etats pour n’être efficaces qu’ensemble, à la bonne échelle. (...)

Demeurer vigilant

L'Edito du mensuel Enbata - Quelques craquements se font jour dans la citadelle jacobine et super unitaire qu’est la République française. Le 14 juin, le Conseil des ministres a transmis au Conseil d’Etat un projet de loi “proximité et engagement” pour être traduit en texte législatif courant juillet à l’Assemblée nationale et en septembre au Sénat. Il touche au pouvoir des maires et à l’intercommunalité. Le mercredi 25 juin, l’Assemblée nationale a voté, à une très large majorité, la création de la “Collectivité européenne d’Alsace” que différents éditos d’Enbata avaient anticipée.
Cela ne sera pas sans conséquence sur la préparation des élections municipales de mars prochain. Les abertzale y seront d’autant plus attentifs qu’ils associent, à juste titre, l’enjeu municipal à celui de la récente intercommunalité regroupant l’ensemble de nos 158 communes dans une Communauté Pays Basque, qu’ils considèrent comme la reconnaissance de la personnalité juridique d’Iparralde pour laquelle ils ont tant oeuvré. (...)

L’Europe plurielle

L'Edito du mensuel Enbata - Comme en 2014, le Rassemblement national (ex-FN) est sorti en tête des élections européennes en France. Il est cependant en léger recul avec 23,5% des suffrages exprimés contre 24,9% il y a cinq ans. Sa “victoire” vient du fait d’être devant la liste Loiseau, soutenue par Emmanuel Macron qui, de Biarritz il y a quelques jours, avait pour objectif de dépasser le score de Marine Le Pen.
Au plan hexagonal, ces élections européennes ont confirmé et amplifié la décomposition du paysage politique français dominant depuis des décennies. (...) Au plan local, le classement est totalement différent de celui de l’Hexagone. (...)

Le vote des peuples sans Etat

L'Edito du mensuel Enbata - S’il est une élection majeure dans la sphère politique, c’est bien celle désignant les élus du Parlement européen. Quelles que soient nos convictions européennes, chacun constate à quel point l’organisation de notre continent imprègne nos modes de vie, dessine notre avenir. Dans certains domaines, elle est quasi souveraine : l’agriculture, la pêche, les échanges internationaux, la monnaie… L’Europe est aussi de plus en plus prégnante dans la résolution de la crise climatique, dans la révolution robotique et numérique, la gestion de la crise migratoire.
La construction européenne impacte directement la spécificité basque dans son face-à-face séculaire avec nos États dominants, espagnol et français, comme dans notre aspiration à la réunification de l’Euskal Herria écartelée. (...)

Arzallus, figure majeure de la politique basque

Le 29 février dernier, une figure majeure de la politique basque est décédée. Xabier Arzallus dirigea le Parti nationaliste basque durant un quart de siècle et chacun sait que l’organisation fédérale du parti de Sabino, fondateur du nationalisme basque, fait du président de l’Euzkadi Buru Batzar, l’autorité absolue au-dessus de celle du Lehendakari gouvernemental.
Ce poste, unique dans les institutions démocratiques occidentales, relève du vote interne des adhérents organisés par municipalité et par province. Exclusivement consacré à la direction du parti, il ne participe pas aux élections territoriales car le parti dirige l’Etat. (...)

Ce petit peuple dans le monde

L'Edito du mensuel Enbata - Pour légitimer la domination d’un pays sur un autre, il lui faut démontrer sa supériorité soit militaire, soit économique, parfois les deux. Pour réussir l’assimilation d’un peuple conquis, il faut y ajouter l’imposition d’une culture ou d’une langue dites “plus élaborées”, dites “supérieures”. A cela, il faut laisser passer le temps pour façonner les esprits et les comportements afin d’envisager, pour chaque individu, l’assimilation comme seule possibilité d’ascension sociale dans la société du dominant.
L’accomplissement de cet effacement si parfait dans la société extérieure sera facilité par l’exercice de la démocratie représentative où “l’indigène” disposera du droit de vote, où son bulletin a théoriquement la même valeur que celui de tous les autres citoyens de l’Etat central. En deux ou trois générations, l’on peut ainsi voir disparaître des langues et des cultures millénaires ou, au mieux, les maintenir au stade résiduel. Langues, dites régionales, danse ou chant dits “folkloriques”, jouent en deuxième division, venant ainsi en contrepoint de la culture savante, dite universelle, de l’Etat. Lequel a ses haut-lieux que chacun aspire à fréquenter pour son propre épanouissement et participer à la marche du monde. (...)

Le Pays Basque est à construire

L'Edito du mensuel Enbata - Dimanche 10 mars, lors de l’Eusko Eguna, l’économiste Jérôme Blanc théorisera la raison d’être d’une monnaie comme projet politique. Les monnaies locales, telles l’eusko, sont ancrées dans un territoire, elles contribuent à la relocalisation de l’économie et donc à sa vigueur. Ne pouvant être utilisées que sur un territoire particulier, elles empêchent la spéculation et la financiarisation de l’économie réelle provoquant la crise de 2008 qui ruina maints petits propriétaires aux Etats-Unis et beaucoup de petits épargnants en Europe.
Au-delà de ces vertus, l’eusko s’inscrit aussi dans le vaste mouvement de reprise en main de notre destin basque. Dès sa naissance, l’abertzalisme a pris conscience que notre nation niée n’était pas seulement à libérer mais tout autant à construire. L'Eusko participe d’un projet de société. Il franchit un saut qualitatif en obtenant l’adhésion démocratique de la Communauté d’agglomération couvrant l’ensemble de nos trois provinces et plus particulièrement de 17 Conseils municipaux, dont celui décisif de la Ville de Bayonne, dans son affrontement avec le pouvoir central. (...)

Un grand débat basque

L'Edito du mensuel Enbata - Si la personnalité juridique du Pays Basque est enfin reconnue grâce à la création de l’Agglomération scellant l’unité de nos trois provinces historiques, cette étape ne répond cependant pas à l’Institution spécifique consacrée par le suffrage universel voulu par le Conseil des élus.
Le Pays Basque est à construire. Le mouvement abertzale et plus largement la mouvance basque s’y sont attelés depuis plusieurs décennies, tant sur un plan politique, qu’économique et culturel. La société pour une large part, a décidé de se prendre en main. Une structure intercommunale unique parle légalement depuis peu au nom de cette communauté humaine. Il lui manque cependant la légitimité du suffrage universel, car elle n’est toujours pas une collectivité territoriale au même titre qu’un département ou qu’une région. L’institution spécifique est à même de répondre à cette juste reconnaissance. Un grand débat basque doit la remettre au centre de nos vies. (...)

Il incarna le réveil national corse

L'Edito du mensuel Enbata - Ils étaient plus de 3.000, patientant une heure devant l’église Saint-Roch de Bastia, ce vendredi 17 décembre, venus se recueillir sur la dépouille d’Edmond Simeoni, décédé trois jours plus tôt, à 84 ans, à l’hôpital d’Ajaccio où il fut médecin gastro-entérologue. Ses obsèques, retransmises en direct par France 3 Corse, rassemblaient autour de sa famille, les militants de la cause corse dans leur diversité mais aussi quasiment tous ses adversaires politiques respectueux de cette figure emblématique du nationalisme corse et jusqu’aux représentants de l’Etat français sur l’île.
Les plus fameux chanteurs polyphoniques de l’île se serrent devant la tête de Maure qui recouvre le cercueil. Ils se souviennent qu’Edmond fut l’artisan de leur singulier réveil vocal aujourd’hui universel. Son fils, Gilles, aujourd’hui président de l’exécutif corse, prend le dernier la parole : “avant de mourir, mon père m’a confié : dis à tous mes compagnons de lutte que je pars tranquille, que si nous faisons ce qu’il faut, notre pays se fera.” (...)