
Organisé par Euskal Herriko Laborantza Ganbara, le salon Lurrama promeut l’agriculture paysanne et durable du Pays Basque. Conférences-débats, marché fermier, coin des animaux, ateliers pédagogiques, repas, musique, … pour sa 20ème édition du 7 au 9 novembre prochain à la Halle d’Iraty de Biarritz, Lurrama se déclinera autour du thème central : « Paysan.ne de demain ».
Enbata : Amaia, peux-tu nous dire ce qui t’as poussée à rejoindre le comité d’animation de Lurrama ?
Amaia Hiribarren : J’ai rejoint le comité d’animation (CA) il y a trois ans ; une membre du CA, paysanne elle-même, m’a proposé de prendre son relais. Dans le monde paysan, il y a plusieurs associations et organismes qui sont là pour aider, accompagner les paysan.ne.s. Je trouvais important de m’impliquer dans quelque chose.
Au CA de Lurrama, il y a beaucoup de personnes très engagées qui donnent de l’énergie et du temps pour l’agriculture paysanne et il est important qu’il y ait aussi des gens qui vivent de ce métier.
Le thème central de cette 20ème édition tourne autour du renouvellement des générations. Pourquoi ce sujet est-il si crucial ?
Les chiffres nous montrent que malgré l’installation de nombreux jeunes en Iparralde, près d’un tiers des paysans sont proches de la retraite.
Quand une ferme disparaît, les conséquences sont nombreuses. La production alimentaire locale diminue et l’entretien des paysages est beaucoup moins assuré. C’est aussi du dynamisme en moins pour le territoire, en terme d’emplois directs ou indirects : plus il y a de paysan.ne.s, plus il y a de familles qui vivent du métier d’agriculteur ou d’éleveur, et plus il y a de métiers qui se développent autour de l’agriculture.
Plusieurs conférences aborderont la question de « la terre, outil de travail des paysan.nes ». Que représente la terre pour toi ?
La terre devrait être considérée comme un bien commun. C’est la base de nos systèmes extensifs et paysans. Mais malheureusement, on voit trop d’exemples où la terre est détournée de sa fonction nourricière, avec l’artificialisation des terres comme le projet de Marienia à Kanbo par exemple.
En Iparralde, la SAFER et Lurzaindia travaillent pour préserver le foncier agricole. La conférence qui aura lieu à Lurrama expliquera cela et permettra de comprendre la situation en Hegoalde, avec la présentation de projets tels que Amillubi [1].
Un autre thème fort du salon est « Comment apprend-on à devenir paysan ? » Que dirais-tu à celles et ceux qui rêvent de s’installer ?
Pour ma part, j’ai grandi dans une ferme donc j’ai beaucoup appris à la maison, en faisant. Après, je trouve que la formation a été très enrichissante, d’une part pour apprendre l’aspect technique et voir d’autres fermes avec des productions différentes, mais aussi pour échanger avec des personnes qui n’étaient pas issues du monde agricole.
Je dirais aussi que c’est un métier très prenant, dans tous les sens du terme, on ne s’ennuie jamais et dans une journée, on porte plusieurs casquettes. Par ailleurs, vu que l’on travaille avec du vivant, il n’y a jamais de certitude et cela nous pousse à nous questionner constamment sur nos pratiques. Enfin, je trouve le tissu associatif pour accompagner les paysan.ne.s très riche, ce qui permet d’échanger, de demander conseil facilement pour chaque problématique.
Le « défi de la reconquête alimentaire » est aussi au programme de Lurrama. Quelle place cela occupe-t-il dans ta vision de l’agriculture ?
L’élevage reste très présent au Pays Basque avec des productions presque imposées par le relief, et très ancrées dans notre culture. Mais d’autres filières sont en train de se développer, en particulier autour des productions végétales.
EHLG œuvre depuis sa création pour le développement d’une agriculture paysanne et durable, et la relocalisation des productions alimentaires. A l’autre bout de la chaîne de la production agricole, il y a les citoyens qui s’impliquent dans l’organisation de la distribution de ces productions alimentaires, avec toutes sortes d’initiatives dont les AMAP ou autres associations de consommateurs qui permettent aux gens de se nourrir avec des produits locaux et de qualité.
Si la frontière administrative qui nous sépare des provinces d’Hegoalde n’existait pas, et que nous nous accordions sur les termes d’un seul cahier des charges de qualité, peut-être parviendrions-nous à nous rapprocher d’une véritable souveraineté alimentaire.
Le bien-être paysan clôture le cycle de conférences. Comment le vis-tu, personnellement ?
Je pense que c’est essentiel de parler du bien-être des paysan.ne.s et des solutions qui existent pour rendre le métier plus attractif. Pour ma part, je suis en GAEC (Groupement agricole d’exploitation en commun), ce qui permet d’avoir du temps libre ainsi que des vacances, ce que je trouve essentiel personnellement. Ce temps libre me permet de voir aussi des amis qui ne sont pas du tout du monde agricole et de m’impliquer dans mon village dans des associations. Sans être en GAEC, il y aussi d’autres possibilités comme le service de remplacement ou du salariat à plusieurs.
En quelques mots, pourquoi venir à Lurrama cette année ?
Pour sa vingtième édition, Lurrama se propose de mettre en avant la diversité et la richesse des terroirs de nos provinces du Pays Basque. Etorri Lurramara azaroaren 7, 8 eta 9an!
[1] Amillubi est un mouvement agroécologique dont l’objectif est de protéger la terre pour permettre aux paysans de la cultiver et aux citoyens de se nourrir. https://amillubi.eus/
