La zone arc-en-ciel contre le G7, une occasion manquée

Un arc-en-ciel autour du G7
Un arc-en-ciel autour du G7

De même que le bilan d’un évènement de l’ampleur du G7, celui du contre- G7 comporte plusieurs niveaux et de multiples facettes. Il sera fait par les différents acteurs dans les prochains jours alors que les réseaux sociaux se font l’écho de sévères critiques envers les plateformes G7EZ et Alternatives G7, maîtres d’oeuvre des principaux rendez-vous du 19 au 26 août.

Objet de ces critiques entre-autres, l’annulation de l’action de désobéissance civile du 25 (zone arc-en-ciel constituée par l’occupation des 7 places autour de Biarritz) mérite quelques précisions.

Importance politique

Cette action de désobéissance civile massive, c’est-à-dire non pas réservée à un petit groupe de militant-e-s sélectionné-e-s mais s’adressant à tou·te·s, habitant·e·s du Pays Basque ou personnes venues de l’extérieur, avait une importance politique majeure dans le programme du contre-G7, par sa nature, sa symbolique et ses objectifs.

Actée par la plateforme G7EZ lors d’une coordination fin mai, elle concrétisait le troisième mode d’action accordé depuis le début par les organisations adhérentes à la plateforme (combat des idées, mobilisation de masse et désobéissance civile). Elle constituait le seul volet “hors cadre imposé par les Autorités” pour lesquelles dans ce genre de situation, le contrôle des opposant·e·s est aussi stratégique que celui du territoire et de l’esprit du plus grand nombre. Parce qu’elle dépassait le cadre imposé et assumait une part de risques (arrestations massives possibles), elle démontrait, par l’action, une cohérence avec le discours antagonique tenu par le plateforme depuis son premier appel : le G7 — et son monde— n’est plus réformable, il est la source des maux qu’il prétend résoudre, il faut construire autre chose à partir des luttes et des alternatives déjà expérimentées.  Son déploiement géographique (entourer les zones bunkerisées rouge et verte) était un symbole fort de cet autre monde en construction face au vieux monde du capitalisme mortifère.

Le G7 n’est plus réformable,
il est la source des maux qu’il prétend résoudre,
il faut construire autre chose à partir des luttes et des alternatives déjà expérimentées.
Son déploiement géographique
(entourer les zones bunkerisées rouge et verte)
était un symbole fort de cet autre monde en construction
face au vieux monde duBibliothèque capitalisme mortifère.

Mais au-delà du symbole, elle avait aussi comme objectif politique de dénoncer la montée de l’autoritarisme dans l’État français (violences policières décuplées, lois liberticides, condamnations massives de manifestant-e-s) et de refuser la restriction des libertés publiques.

Enfin, il s’agissait de donner à cette occasion de la crédibilité à la désobéissance civile comme méthode de lutte offensive et efficace. Refuser l’obligatoire, braver l’interdit, forme d’action pour dénoncer, résister à l’arbitraire, gagner l’opinion publique, affaiblir l’image et la position de l’adversaire, construire un rapport de force, se donner du courage collectivement et l’envie de poursuivre la lutte. Ni simple happening en direction de la presse, ni négociée avec les autorités. La mobilisation du 25 rassemblait toutes ces caractéristiques. Pourquoi n’a t-elle pas eu lieu?

Simple réalité

Les raisons avancées par les communiqués des deux plateformes, d’abord pour limiter l’action sur une seule place puis pour suspendre cette dernière n’ont guère convaincu ni les personnes du Pays Basque prêtes pour l’action, ni celles présentes sur le camp et ont contribué à alimenter toutes les rumeurs et lectures complotistes. La réalité est plus simple. Côté plateforme hexagonale, pas vraiment de surprise. De par ses composantes (certaines ONG font du lobbying et non pas de la mobilisation et participent d’ailleurs aux groupes de concertation mis en place par le G7) l’action même actée sur le papier et présentée publiquement à la presse en juillet n’a jamais été réellement assumée et la demande de ré-étudier ses modalités 10 jours avant le 25 laissait entrevoir une issue en eau de boudin. Pour autant la plateforme G7EZ aurait pu à elle seule mener l’action à bien. Mais durant les semaines précédentes, malgré un accord de principe, les doutes de la part de certaines organisations sur la faisabilité, les craintes de ne pas “contrôler” les choses ou les problèmes soulevés sans jamais chercher des solutions ont été récurrents. Un cruel manque d’audace et de confiance dans la capacité des forces militantes du Pays Basque, pourtant riches de nombreuses expériences de luttes ces dernières décennies, à assumer l’action et défendre les consignes de la plateforme était patent. De même, l’information non diffusée par certaines orgas en direction de leurs militant·e·s, la communication publique toujours différée sur les aspects techniques (notamment la répartition des gens sur les places en fonction de leur origine géographique comme pour les chaînes humaines) rendaient de plus en plus problématique la réalisation de l’action.

Date butoir

Dans ce panorama l’élan et la détermination nécessaires à la réalisation de cette mobilisation étaient loin d’être réunis au soir du 20 août, date butoir pour organiser le dispositif, et la position des personnes et orgas partisanes de maintenir les 7 rendez-vous, fortement affaiblie. La dynamique apportée par les habitant- e-s du camp aurait pu changer la donne mais les évènements en ont décidé autrement: pression policière sur le terrain, menaces permanentes des autorités, échauffourées avec la police autour du camp. Autant d’arguments utilisés par les plus réticents à mener l’action à bien. Dès lors, recul et renoncement se sont succédé sous les remarques acerbes de nombreux participant-e-s aux assemblées quotidiennes. Frustrations et amertume d’autant plus fortes chez les organisateurs de la mobilisation. La vie comme l’action politique, reprend son cours plus tranquille. Le G7 est passé mais a agi comme un révélateur. Loin d’être anecdotiques les évènements survenus posent des questions de fond à tous les secteurs abertzale ou pas qui se situent dans un projet de changement radical et d’émancipation sur nos stratégies, nos alliances et nos modes d’organisation.

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