L’alternative au tout voiture

Enbata: Le point de départ de l’action “alternatives au tout voiture” a été un diagnostic citoyen vélo sur le BAB? Camille Ogouz: Pas tout à fait. Le point de départ de l’action de BIZI! sur le thème des alternatives au tout voiture remonte à la fin de l’été 2009. Deux événements ont contribué à la création du groupe ATV: le soutien à Chronobus et BIZI! Itzuli.
Pour son action de soutien à Chronobus, fin août 2009, BIZI! avait mobilisé, plus de 150 personnes, à Bayonne, pour manifester à bicyclette, en faveur du maintien, de l’amélioration et de l’extension de la voie en site propre Chronobus, entre la mairie de Bayonne et la mairie d’Anglet.
Puis fin septembre 2009, nous avons organisé BIZI! Itzuli. Durant 3 jours, plusieurs dizaines de militants et sympathisants de BIZI! ont cheminé à travers le Pays Basque Nord, de Mauléon à Bayonne, en passant par Ainice-Monjelos, Espelette, Arbonne, Saint-Jean-de-Luz, Hasparren et Biarritz pour tirer la sonnette d’alarme de l’urgence climatique et de la justice sociale, à quelques jours du Sommet de Copenhague. Plus de 200 km à bicyclette à travers le Pays Basque Nord.

Enb.: Pour donner suite à ces deux mobilisations majeures, vous avez créé le groupe de travail «alternatives au tout voiture» (ATV). Quels sont les objectifs de ce groupe?
Eric Lecoutre: La réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES) dues aux transports (400.000 tonnes de CO2 par an sur le BAB d’après le Plan Climat Territorial de cette collectivité, hors aéroport) passe par un changement de comportement visant à privilégier les transports en commun, le vélo, la marche, le covoiturage au détriment d’un usage soliste de la voiture individuelle. L’objectif principal du groupe ATV est de contribuer activement à la réduction de la place de la voiture dans nos vies.
Dans cette optique, développer la pratique du vélo est pour nous un axe d’action prioritaire. Le groupe ATV a choisi d’axer principalement son action sur le développement de la pratique de la bicyclette sur l’agglomération bayonnaise et, nous le souhaitons, en sud Labourd et à l’intérieur du Pays Basque Nord. Le vélo représente 1,3% des déplacements sur l’agglomération bayonnaise, alors que la voiture représente 76%. Mais nous sommes convaincus que parce qu’elle est économique à l’achat et à l’usage, parce qu’elle est bonne pour la santé de ses utilisateurs et celle de la planète, parce qu’elle consomme beaucoup moins d’espace en ville que tout autre mode de transport et parce qu’elle avance sans essence, oui, la bicyclette est l’avenir!

Enb.: Comment a germé l’idée d’un diagnostic citoyen vélo?
C. O.: Fin 2009, le groupe ATV a rencontré à deux reprises, le président et
le directeur du Syndicat Mixte
des Transports en Communs de l’agglomération bayonnaise. Le SMTC a pour rôle de mettre en œuvre la politique de transport collectif et traiter de l’ensemble de la thématique des déplacements sur l’agglomération, à travers l’élaboration d’un Plan de Déplacement Urbain (PDU). A l’issue de ces rencontres, nous avons voulu nous positionner comme un acteur du changement nécessaire de notre société en réalisant une action concrète: le Diagnostic Citoyen Vélo.

Enb.: Quel était l’objet de ce diagnostic et comment avez-vous procédé?
E. L.: L’objectif du diagnostic citoyen vélo
était d’identifier les difficultés que rencontrent les cyclistes et de proposer des solutions concrètes permettant d’améliorer les conditions de circulation à vélo pour tous. Ce travail nous permettait d’identifier les difficultés qui freinent le développement de la pratique du vélo. Durant les mois de mars, avril et mai 2010, le groupe ATV a organisé des rencontres ci-toyennes sur le terrain, le long des parcours cyclables pour faire participer les cyclistes au diagnostic. Car, qui mieux que les cyclistes, occasionnels ou réguliers, sont les plus à même d’identifier les difficultés que l’on rencontre en se déplaçant à vélo?

Enb.: Vous avez donc élaboré et administré un questionnaire?
E. L.: Nous avons effectivement élaboré un questionnaire qui nous a permis de recueillir des données intéressantes. Le questionnaire était scindé en deux parties: l’une pour mieux connaître la personne interrogée (fréquence d’utilisation du vélo, type de parcours, motif, ressenti sur la sécurité, etc.); l’autre pour identifier des points noirs (manque d’aménagement (pistes et bandes cyclables), discontinuité du réseau cyclable, manque de stationnement sécurisé, etc.
1.126 personnes ont participé à l’enquête du diagnostic citoyen vélo. Ce diagnostic devrait faciliter la mise en œuvre par les élus d’une véritable politique cyclable sur l’agglomération, en leur proposant un document consignant les principaux points noirs et des pistes d’actions pour y pallier. Un bel essai marqué par BIZI!… en attente de transformation par les collectivités publiques. Au-delà de cette initiative, le groupe ATV de BIZI! mène un travail au long cours pour inciter les collectivités publiques à prendre en compte le diagnostic.

Enb.: Beaucoup ont le sentiment que cette action est la traduction locale du slogan “un autre monde est possible” de Bizi! et des altermondialistes…
C. O.: Le diagnostic citoyen vélo est l’illustration que pour construire un autre monde, nous ne devons pas tout attendre de la puissance publique, mais que nous devons quand même nous inscrire dans une démarche partenariale avec eux. Le DCV représente 9 mois de travail: 3 mois de préparation, 3 mois d’enquête et 3 mois pour le traitement des données. Le rapport qui en résulte est la colonne vertébrale de l’action de BIZI! en faveur de la création d’un véritable réseau cyclable continu permettant à toutes et à tous de circuler en sécurité. Cela ne pourra pas se faire sans les collectivités publiques (ville, agglo, département).

Enb.: Des actions de cette envergure exige la mobilisation de nombreux militants?
E. L.: Le groupe ATV rassemble une dizaine
de militants, mais nous avons pu compter sur la participation de nombreux autres adhérents de BIZI!, notamment lors d’une mobilisation générale qui a permis de collecter plus de 500 réponses. Aujourd’hui, toutes les bonnes volontés sont les bienvenues pour renforcer le groupe ATV et permettre ainsi d’étendre les actions en faveur du vélo sur le sud Labourd (St-Jean-de-Luz). Par ailleurs, nous sommes convaincus que la pratique du vélo ne doit pas se cantonner aux villes du littoral. Le vélo doit trouver toute sa place également dans les petites villes et villages de l’intérieur. Pour cela, BIZI! a besoin de relais locaux. L’appel est lancé! Car en plus de la réalisation du DCV, nous organisons des mobilisations populaires autour du vélo qui rencontrent un franc succès auprès du grand public: vélorutions, bourses aux vélos, atelier réparation.

Enb.: Le joli néologisme vélorution, directement dérivé de révolution, que vous avez inventé appelle effectivement à un bouleversement des pratiques et des habitudes…
C. O.: Nous pensons que plus nous sommes nombreux à nous mobiliser lors de ces vélorutions, et mieux sera entendue la revendication portant sur la création d’un véritable ré-seau cyclable permettant à tous de circuler à vélo au quotidien dans de bonnes conditions de sécurité (pour aller à l’école, au boulot, faire ses courses, aller au ciné, etc.).
La bourse aux vélos et l’atelier réparation ambulant s’insèrent dans le même dispositif. La bourse aux vélos permet d’acheter à bas prix un vélo, de vendre un vélo, d’échanger un vélo. Grâce au soutien de la communauté d’Emmaüs de Tarnos, nous avons récupéré des vélos qui, après une remise en état par nos soins, ont été mis à la vente à des prix oscillant entre 5 et 20e.

Enb.: Quelle est votre méthode pour sensibiliser les élus locaux? Avez-vous des relais auprès de ces élus?
E. L.: Le travail avec les collectivités publiques, c’est la partie immergée de l’iceberg de l’action du groupe ATV. Personne ne la voit et pourtant elle revêt une importance capitale. Dès le lancement de l’enquête du diagnostic citoyen vélo, en mars 2011, nous avons adressé un courrier à chacun des maires du PTU: Bayonne, Anglet, Biarritz, Tarnos, Saint-Pierre-d’Irube et Boucau. En juillet 2010, après avoir présenté les résultats du DCV au Syndicat Mixte des Transports en Commun de l’ag-glomération bayonnaise, nous avons fait parvenir le rapport du diagnostic aux 6 villes concernées.
En janvier 2011, nous avons sollicité des rencontres avec les villes de Bayonne et Biarritz, avec la Communauté d’Agglomération Côte Basque Adour ainsi qu’avec le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques. A titre d’exemple, la ville d’Anglet a montré, dès le lancement du DCV, un réel intérêt pour notre démarche. Nous les avons rencontrés en mai et août 2010 ainsi que le 12 octobre 2011. L’objectif est de faire le point sur l’état d’avancement des projets et discuter des modalités de prise en compte de nos suggestions d’aménagements cyclables (par exemple: la sécurisation des pistes cy-clables le long de l’avenue de l’Adour et du boulevard des plages).
Nous avons également rencontré les services de l’agglomération en début d’année 2011. Ils travaillent à la réalisation, sur le papier, d’un réseau cyclable continu et sécurisé. Nous suivons avec attention ce projet qui va dans le bon sens.
S’agissant du département, une réunion de travail s’est tenue au printemps 2011 avec plusieurs responsables de service. Ils ont été très attentifs aux résultats du diagnostic. Là aussi, une relation au long cours est à entretenir pour améliorer les conditions de circulation à vélo sur le réseau départemental.
Quant à Biarritz, le maire refuse de nous rencontrer. Mais nous allons continuer à revendiquer la mise en œuvre d’aménagements indispensables: mise à double sens cyclable de toutes les rues du centre ville, limitées à 30 km/h. Il s’agit d’une disposition introduite dans le Code de la route par le décret 2008-754. Elle est obligatoire depuis le 1er juillet 2010. Par ailleurs, il nous paraît indispensable de raccorder à court terme le centre ville de Biarritz à Anglet par l’aménagement d’une piste cyclable. Affaire à suivre…

Enb.: Il semble qu’actuellement on n’obtienne pas grand’chose si on ne fait pas de lobbying assidu auprès des décideurs. Quelle est votre stratégie en la matière?
C. O.: Les rencontres avec les collectivités publiques (villes, agglo, département) sont notre priorité. Elles sont indispensables pour, petit à petit, faire évoluer les mentalités vers la nécessité d’un meilleur partage de l’espace public entre les différents modes de déplacement (marche, vélo, bus, voiture). Dans certaines villes du nord de l’Europe, le vélo constitue jusqu’à 40 % des déplacements. Chez nous, il ne représente guère plus de 1%, notamment en raison d’un manque d’infrastructure adaptée. On ne peut que progresser.
Dans ce sens, nous avons défini plusieurs axes de travail que nous voulons mener prioritairement:
— poursuivre nos rencontres avec les collectivités publiques,
— faire en sorte que le schéma de cohérence territoriale (SCOT) de l’agglomération bayonnaise et du sud des Landes affiche des orientations ambitieuses en faveur de la mise en œuvre d’une véritable politique cyclable. Nous avons formulé ce souhait dans notre contribution écrite au PADD adressé au syndicat mixte du SCOT le 28 septembre 2011.
— monter des actions de mobilisations populaires pour appuyer les revendications portées par le DCV,
— étendre l’action de BIZI! en faveur des alternatives au tout voiture au-delà de l’agglomération bayonnaise (sud Labourd et intérieur) grâce à l’émergence de groupes locaux de BIZI! dans ces territoires,
— organiser de nouvelles bourses aux vélos,
— peut-être aussi, encourager la création d’un atelier de réparation permanent.
Ce n’est pas de projets dont nous manquons, mais de personnes motivées pour les mettre en œuvre!
Pour en savoir davantage,
voir le diagnostic citoyen vélo de BIZI!:
http://www.bizimugi.eu/?p=2039

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