Le changement en agriculture aussi ! par Michel Berhocoirigoin

Le changement, en agriculture, nous l’attendons aussi! Les questions agricoles n’ont pas fait l’objet de débats durant la campagne électorale que nous venons de vivre, c’est le moins que l’on puisse dire. Et, ce n’est pas le petit paragraphe sur l’agriculture inscrit dans les 60 propositions du candidat devenu Président, qui nous éclaire vraiment… A vrai dire, la droite et la gauche ne se sont jamais vraiment démarquées sur les politiques agricoles qu’elles ont mises en place, sauf, sur les questions de représentativité syndicale et de consultation professionnelle, la gauche étant davantage respectueuse du pluralisme. Sur les orientations de fond et les missions à donner à l’agriculture, il n’y a pas eu de différences sensibles, à l’exception notable de la période où Le Pensec était ministre socialiste de l’Agriculture en 1997 et 1998. Il a eu le courage d’affirmer que la multifonctionnalité de l’agriculture était prioritaire devant la sacro-sainte mission exportatrice. Il avait traduit ce choix politique, à travers les Contrats Territoriaux d’Exploitation (CTE) en proposant aux paysans volontaires, de s’engager sur cinq ans pour améliorer leurs pratiques et leurs situations dans les domaines sociaux, économiques, territoriaux et environnementaux. Un prélèvement partiel sur les plus grosses aides PAC perçues par les plus gros agriculteurs permettait d’accompagner financièrement ces contrats. Les CTE n’étaient pas vraiment une révolution de la politique agricole, car ils concernaient le recyclage d’environ 10% des aides PAC, mais c’était inacceptable pour la Fnsea qui a mené la vie tellement dure au ministre, avec par exemple des manifs en pleine nuit devant son domicile privé, qu’il avait été obligé de rendre son tablier…

Hollande a martelé l’idée de justice
Les CTE sont restés quand même comme un ex-emple de politique intelligente basée sur une meilleure répartition des aides et la mise en place de critères inspirés de ce que peut représenter l’utilité publique. Si chaque euro attribué à l’agriculture était conditionné à son efficacité économique, sociale, environnementale et territoriale, on serait en présence d’une bonne politique agricole. Cela serait d’ailleurs tout à fait logique, les aides agricoles représentant l’argent public, il serait normal qu’elles encouragent une agriculture d’utilité publique!
Le premier grand dossier du nouveau Président est incontestablement la réforme de la PAC actuellement en discussion. La France a un poids économique et politique déterminant en matière de politique agricole européenne. Les positions qu’elle défendra sur la nécessaire répartition plus juste des aides, sur la prise en compte des petites fermes, sur le soutien aux démarches de qualité auront du poids et de l’influence sur les autres Etats membres. Hollande a martelé durant sa campagne l’idée de justice, en répétant maintes et maintes fois que ce sera le critère principal qui fera pencher la décision d’un côté ou d’un autre: et bien, le dossier agricole lui donnera l’occasion d’honorer ou de trahir ce fondement. Certes, la France n’est pas seule à décider de la politique agricole européenne, mais avec l’implication qu’elle souhaitera avoir dans les négociations et les marges de manœuvre accordées aux adaptations nationales, les latitudes sont énormes, à tel point que pour une même Politique Agricole Commune, les déclinaisons sont très différentes d’un pays à l’autre, voire d’une région à l’autre pour les Etats moins centralisés que le nôtre.
Le changement en agriculture, ce sera aussi de tourner le dos à la restructuration permanente qui voudrait faire croire que moins il y a de paysans et plus ceux qui restent seraient heureux! L’emploi est un enjeu essentiel en agriculture; il n’a jamais été pris en compte, ou si peu, dans les politiques agricoles, le soutien à la capitalisation primant sur le soutien aux actifs agricoles. Il faudra arrêter d’encourager les systèmes de production intensifs et industriels qui n’ont aucune efficacité sociale et économique structurelle: ils ne s’en sortent que par les allègements directs et indirects des charges et par un soutien le plus souvent proportionnel à la taille de l’exploitation.
Nous attendons que l’agriculture paysanne soit considérée comme l’agriculture multifonctionnelle répondant aux attentes de la société, avec la traduction concrète que cela exige, et la reconnaissance du travail réalisé par des dizaines d’associations dans ce domaine, sans avoir accès aux fonds du développement agricole financés par tous les paysans. Nous attendons que les paysans soient respectés et considérés comme des adultes capables de comprendre et de s’investir dans les enjeux les plus difficiles; il faut arrêter avec les propos démagogiques et irresponsables du style «l’environnement, ça commence à bien faire!». Nous attendons également une véritable politique de l’installation: une agriculture n’est pas durable, si elle n’est pas durable sur le plan générationnel.
Les dossiers des agrocarburants, des semences paysannes, des OGM, de la maîtrise des productions, d’une réelle représentativité syndicale et bien d’autres thèmes aussi importants les uns que les autres nous donneront aussi la mesure du changement nécessaire et souhaité. Il faut simplement que le nouveau gouvernement et d’abord, le nouveau ministre de l’Agriculture ne confonde pas l’intérêt des paysans et de la société avec celui des de la Fnsea et des lobbies agro-industriels.

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre, financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.
Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.
« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.
Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.
Faites un don ou abonnez vous à Enbata : www.enbata.info/articles/soutenez-enbata

  • Par chèque à l’ordre d’Enbata, adressé à Enbata, 3 rue des Cordeliers, 64 100 Bayonne
  • Par virement en eusko sur le compte Enbata 944930672 depuis votre compte eusko (euskalmoneta.org)
  • Par carte bancaire via système sécurisé de paiement en ligne : paypal.me/EnbataInfo
  • Par la mise en place d’un prélèvement automatique en euro/eusko : contactez-nous sur [email protected]

Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.
Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.
«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.
Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.
Enbatari emaitza bat egin edo harpidetu: https://eu.enbata.info/artikuluak/soutenez-enbata

  • Enbataren izenean den txekea “Enbata, Cordeliers-en karrika 3., 64 100 Baiona“ helbidera igorriz.
  • Eusko transferentzia eginez Enbataren 944930672 kontuan zure eusko kontutik (euskalmoneta.org-en)
  • Banku-txartelaren bidez, lineako ordainketa sistema seguruaren bidez: paypal.me/EnbataInfo
  • Euro/euskotan kenketa automatikoa plantan emanez: gurekin harremanetan sartuz [email protected] helbidean

50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.
Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).