Géopolitique municipale

Plus d’une centaine de militant.e.s de tout le Pays Basque nord présente lors des rencontres municipalistes organisées par EHBai le 22 mars 2025.

L’Edito du mensuel Enbata

Le dilemme du prisonnier illustre l’absurdité des stratégies non coopératives. Deux cambrioleurs sont arrêtés et on leur propose un marché. Si l’un des deux avoue et que l’autre nie sa participation, ce dernier est libéré, et le premier écope de dix ans de prison. Si les deux avouent, ils sont condamnés à un an chacun, et à cinq ans s’ils nient tous les deux. Chaque prisonnier se dira : si l’autre nie, il faut que je fasse de même sinon je prendrai dix ans au lieu de cinq ; et s’il avoue, je vais nier pour être libéré au lieu de faire un an de prison. Les deux sont donc condamnés à cinq ans, alors que leur peine n’aurait été que d’un an s’ils avaient coopéré.

Alors que nous nous heurtons de plein fouet à la finitude de notre planète et aux conséquences des crises climatique et de biodiversité, les logiques prédatrices se développent au détriment des stratégies de coopération. Comme les deux prisonniers évoqués plus haut, les États adoptent une stratégie, optimale de leur point de vue, qui consiste en l’occurrence à ne pas vouloir souffrir d’un déficit stratégique en étant le premier à s’affranchir des fossiles.

En plus de cette énième instance du dilemme du prisonnier, un autre dilemme s’impose à nous. La crise énergétique fait en effet vaciller la « paix de carbone » qui s’est construite après la seconde guerre mondiale en dopant les forces industrielles et commerciales grâce au développement massif des infrastructures pétrolières et gazières. Comme l’explique Pierre Charbonnier dans « Vers l’écologie de guerre », la paix et la sécurité se sont construites sur l’abondance. Or, les énergies fossiles qui rendent possible cette abondance sont précisément celles qui font peser une menace existentielle inédite sur l’humanité.

On choisit souvent de combattre l’un de ces deux maux en négligeant l’autre. Ainsi, à droite, on propose de sabrer dans les dépenses sociales et de transition écologique pour financer les milliards nécessaires au plan de réarmement de la France. Inversement, le Green New Deal européen ou les ZFE ne prennent pas toujours la mesure des implications sociales d’une modification des soubassements de la « paix de carbone ».

Les objectifs de sécurité et de transition écologique ne sont pourtant pas forcément antagonistes. La dépendance énergétique de l’Union européenne aux énergies fossiles en provenance de Russie ou des États-Unis fragilise son aptitude à leur résister. En éliminant cette dépendance, la transition écologique substitue à la « paix de carbone » un nouveau paradigme de paix soutenable et permet aussi de limiter l’effort d’armement : selon une étude de l’Institut Kiel, chaque euro en moins dépensé pour les fossiles prive la Russie de financements pour son armée, ce qui permet de baisser de 37 centimes les budgets de défense de l’Europe.
S’il est difficile d’avancer dans ce processus de substitution de manière socialement acceptable, c’est en partie parce que les ramifications de la « paix de carbone » sont si complexes qu’elles en deviennent illisibles depuis Bruxelles ou Paris. Les municipalités, en revanche, en ont une connaissance fine et pratique. C’est donc à cette échelle que l’on peut le mieux comprendre quelles infrastructures peuvent être remplacées, et comment accompagner efficacement les personnes qui seront impactées par ces changements.

« Nous pouvons agir efficacement à l’échelle communale pour nous affranchir de nos dépendances subies, qu’elles soient énergétiques, alimentaires, culturelles, linguistiques, etc. »

Les rencontres municipalistes organisées par EHBai le 22 mars ont réuni plus d’une centaine de militant.e.s de tout le Pays Basque nord afin de réfléchir aux meilleurs moyens d’activer l’échelle communale pour nous affranchir de nos dépendances subies, qu’elles soient énergétiques, alimentaires, culturelles, linguistiques, etc. Des élu.e.s de tout Euskal Herri, engagé.e.s depuis quelques années déjà dans des démarches innovantes, ont partagé leur expérience. A moins d’un an des élections municipales, ce temps de rencontre a confirmé que la résistance à la déferlante réactionnaire actuelle pouvait s’organiser efficacement à l’échelle communale.

Soutenez Enbata !

Indépendant, sans pub, en accès libre,
financé par ses lecteurs
Faites un don à Enbata.info
ou abonnez-vous au mensuel papier

Enbata.info est un webdomadaire d’actualité abertzale et progressiste, qui accompagne et complète la revue papier et mensuelle Enbata, plus axée sur la réflexion, le débat, l’approfondissement de certains sujets.

Les temps sont difficiles, et nous savons que tout le monde n’a pas la possibilité de payer pour de l’information. Mais nous sommes financés par les dons de nos lectrices et lecteurs, et les abonnements au mensuel papier : nous dépendons de la générosité de celles et ceux qui peuvent se le permettre.

« Les choses sans prix ont souvent une grande valeur » Mixel Berhocoirigoin
Cette aide est vitale. Grâce à votre soutien, nous continuerons à proposer les articles d'Enbata.Info en libre accès et gratuits, afin que des milliers de personnes puissent continuer à les lire chaque semaine, pour faire ainsi avancer la cause abertzale et l’ancrer dans une perspective résolument progressiste, ouverte et solidaire des autres peuples et territoires.

Chaque don a de l’importance, même si vous ne pouvez donner que quelques euros. Quel que soit son montant, votre soutien est essentiel pour nous permettre de continuer notre mission.


Pour tout soutien de 50€/eusko ou plus, vous pourrez recevoir ou offrir un abonnement annuel d'Enbata à l'adresse postale indiquée. Milesker.

Si vous êtes imposable, votre don bénéficiera d’une déduction fiscale (un don de 50 euros / eusko ne vous en coûtera que 17).

Enbata sustengatu !

Independentea, publizitaterik gabekoa, sarbide irekia, bere irakurleek diruztatua
Enbata.Info-ri emaitza bat egin
edo harpidetu zaitezte hilabetekariari

Enbata.info aktualitate abertzale eta progresista aipatzen duen web astekaria da, hilabatero argitaratzen den paperezko Enbata-ren bertsioa segitzen eta osatzen duena, azken hau hausnarketara, eztabaidara eta zenbait gairen azterketa sakonera bideratuagoa delarik.

Garai gogorrak dira, eta badakigu denek ez dutela informazioa ordaintzeko ahalik. Baina irakurleen emaitzek eta paperezko hilabetekariaren harpidetzek finantzatzen gaituzte: ordaindu dezaketenen eskuzabaltasunaren menpe gaude.

«Preziorik gabeko gauzek, usu, balio handia dute» Mixel Berhocoirigoin
Laguntza hau ezinbestekoa zaigu. Zuen sustenguari esker, Enbata.Info artikuluak sarbide librean eta urririk eskaintzen segituko dugu, milaka lagunek astero irakurtzen segi dezaten, hola erronka abertzalea aitzinarazteko eta ikuspegi argiki aurrerakoi, ireki eta beste herri eta lurraldeekiko solidario batean ainguratuz.

Emaitza oro garrantzitsua da, nahiz eta euro/eusko guti batzuk eman. Zenbatekoa edozein heinekoa izanik ere, zure laguntza ezinbestekoa zaigu gure eginkizuna segitzeko.


50€/eusko edo gehiagoko edozein sustengurentzat, Enbataren urteko harpidetza lortzen edo eskaintzen ahalko duzu zehaztuko duzun posta helbidean. Milesker.

Zergapean bazira, zure emaitzak zerga beherapena ekarriko dizu (50 euro / eusko-ko emaitzak, 17 baizik ez zaizu gostako).

3 réflexions sur « Géopolitique municipale »

  1. Les élections municipales sont cruciale pour les Abertzale . Nous avons connue un certains nombres de victoires mais l avenir est incertain .
    Nous avons 2 grosse anomalie électorale en Pays Basque . Le BAB et la Ribera en Navarre . Et dans les 2 cas le problème est politique . Je veut dire par là , que les responsabilité des mauvais scores électoraux revient au politique , et non a la sociologie ou a une débasquisation .

    Quand on regarde le BAB , on voit que les effectifs de Seaska progressent , un nouveaux lycée , les effectifs en basque a l école publique et privée augmentent . AEK aussi , le syndicat LAB progresse . BIZI , Alda et Eusko connaissent un véritable succès en terme de militant . Lurrama , la Korrika , Festilasai , les groupes de danses et de chants qui rassemblent une multitude . ET dans le méme temps aucun conseiller municipaux EHBai . ET des résultats qui stagnent .
    Quand on regarde le Ribera , on voit que les effectifs des ikastola progressent , AEK aussi . La Korrika est un succès , les fétes alternatives et Bascophone de Tudela amassent du mondes , de multiples peña abertzale voit le jour , des groupe de danses et chants . La création de l Union Tutera ( club foot bascophone ) . La création d un web média de gauche et proche des Abertzale ( e-ribera.com ) . Les syndicats ELA et LAB sont en progression dans les élections d entreprises . L initiative populaire Errigora est une réussite . ET dans le méme temps aucun conseiller municipaux EHBildu et Geroa bai a Tudela , une quasi absence de liste partout ailleurs . ET une baisse du vote Abertzale dans les élections forales 2023 .

    Mais il n est pas trop tard , en déclarant des candidats maintenant , la Sekzio14 table sur 6 000 voix ( environ 3 500 aujourd hui ) abertzale au BAB pour les élections municipales 2026 . Et l objectif est d atteindre les 10 000 voix dans 6 ans .
    Pour y arriver voila les recommandations .
    – Des listes Abertzales pures , pas d alliances 1ér tours .
    – 3 téte de liste par communes ( Bayonne , Anglet , Biarritz ) et 2 téte ailleurs ( Boucau et Tarnos ) . De nouvelles téte , on change de générations , que des politiques , ni membre de BIZI ou autre ( trop formaté ) . EHBai reprend la main , plus de vote interne . On y met le paquet sur les tétes de liste et surtout soutien financier ( pour le logement , boulot ) . Leurs objectifs est de se faire connaitre et de faire campagnes sans aucun frein .
    – Un seul logotype , on est en villes , il faut étre parfaitement identifiable ( Miarritze Bai , Angelu Bai , Baiona Bai , Bokale Bai , Tarnoze Bai .
    – Cible électorale ( abertzale classique , gauche , les sociaux démocrate centriste , euskaldun fededun ) On table d abord sur le vote ethnique .
    – Angle d attaque ( euskara et gascon , économie/industrie , logements , sécurité et tranquillité , écologie réaliste , place de parking , autonomie )
    – Pour le 2 ém tour , les tétes de liste négocient ( un représentant direction EHBai sera témoin ) , aucune alliance n est écartée ( sauf extréme ) , accord signé , et aucun vote interne . Si aucun accord maintien de la liste .

    Pour la Ribera , le Sekzio14 opte pour un approche différente . Une plateforme électorale neutre . Logotype Erribera/Ribera . Composer de EHBildu , Geroa Bai , Batzarre , euskaltzale , ecologiste pas trop radical , syndicaliste ELA et LAB . On table sur une dizaine de conseiller municipaux élu pour toute la ribéra ( 15% ) .

    Concernant EAJ/PNB . Comme tout le monde le sait Aitor Esteban a été élu a la téte de EAJ . Et dans un de c est discours il a parler de la Navarre et du Pays Basque Nord et de renforcer les liens . J ai espoir que le PNB commence enfin a présenter des listes au élection municipale , et sortir enfin de sa stature de Belle au bois dormant ( le PNB recrute en silence ) .
    La Sekzio14 a produit quelques calculs et il sont intéressant . A Biarritz et a Anglet , le PNB atteint les 600 voix , et dans le cas ou EHBai ne se présente pas et intègre le NPF , on passe a 800-900 voix a Biarritz et dépasse les 950-1000 voix a Anglet . Bien il manque énormément de donnée , surtout la liste des candidats qui se présente , et puis y aura t il divisions dans le bloc central , des dissidences LR , la présence ou pas du RN .
    A Saint Jean de Luz , le PNB obtient 700 voix minimum .
    Candidature Etxeleku a Cambo les Bains , on tourne autour de 350-400 voix au 1er tour ( scénario a 3 bloc ) .

    Vu le contexte national Français , et la volonté de certain a Gauche de saboter une candidature Mélenchon a la présidentielle , LFI n aura pas d autre choix que de présenter massivement des listes LFI au municipales ( 400 a 500 ) , quitte au final a faire basculer des grandes villes a droite . LFI doit prouver que le peuple de Gauche est avec lui et non pas du coté de Glucksmann et autres . Donc une liste LFI a Bayonne , Anglet ( hors NPF ) et Hendaye .

  2. « On table d abord sur le vote ethnique »
    Je trouve incroyable de lire cela. Dans le BAB et en Erribera, et même partout où les abertzale ont progressé ces dernières années, c’est précisément une vision non-ethnique qui assure les succès culturels que tu cites. 2025ean gaituk motel, norat galtzen ari haiz? Tu veux nous faire tomber à 2%? Tu veux revenir à Sabino alors que même le PNB a laissé tomber ces vieilles lubies de longue date?

    1. L ethnie est la base de toutes les sociétés humaines . L ethnie est une notion neutre . L ethnie est mouvante dans le temps , elle intègre de nouvelles idées , de la génétique , du vocabulaire . Parfois elle décline jusqu’a disparaitre , parfois se divise et colonise un autre territoire . Oui nous sommes en 2025 , mais nous sommes les mêmes singes qu’au départ , un peu de technologie en plus .
      Dans tous les processus indépendantistes a travers le monde , c est toujours un peuple , une ethnie qui se libère de la domination d une autre . et non pas une sociologie électorale de gauche qui fait sécession face a la domination capitalistique de droite .
      En Lettonie se sont les lettons ( lettophones et russophones ) qui ont voté pour le oui , et les Russes ( russophones importés pour le travail ) qui on voté non .
      En Nouvelle Calédonie , 80% du vote oui sont des Kanaks , et 20% qui ont voté oui sont des Caldoches , Wallisiens , Fidjiens et asiatiques .
      Quand a Sabino , il a crée un véritable courant de pensé , d abord en faisant un barrage idéologique a toute influence extérieur . A l image du Sakoku au Japon . Redonnant fierté au Basque . Créant au passage un électorat abertzale , et bloquant ainsi l entrisme de l anarchisme , communisme , socialisme , carlisme ( idéologie qui au final nous soumet a Don Carlos , et nous rattache a l Espagne ) et a la droite conservateur Espagnole . Il faudrait lui rendre hommage .
      Quand a nous , nous avons eu Augustin Chaho ( un papillon de gauche , universaliste , laiciste , franc-maçon ) , qui au final n a crée aucune idéologie et qui ne nous a protéger de rien du tous . Laissant le Pays Basque Nord , victime de toutes les perversions venant du nord .

      Manuel Valls vient de rentrer a Paris , suite au négociation entre indépendantiste et loyaliste .
      Qu’en pense les loyalistes . Et leurs soutiens .
      https://www.youtube.com/watch?v=mbNNZTHOYrQ
      https://www.youtube.com/watch?v=ZVGE-oRJ3NM
      https://www.youtube.com/watch?v=NoZJY_qS8X0

Les commentaires sont fermés.