Un singulier bazar

CongrèsMacron
Emmanuel Macron face au Congrès.

Un marathon électoral s’achève et avec lui une époque qui voyait se succéder au pouvoir deux formations politiques et cela avec la régularité d’un métronome. L’heure n’est pas aux regrets, loin s’en faut, peut-être juste aux remords d’avoir attendu si longtemps. Si longtemps pour bousculer ce désordre trop bien établi qui a peu à peu consommé le désir de politique, qui nous a privés de débats d’idées, qui nous a assujettis à ces machines de conquête du pouvoir. Brutalement la machine s’est enrayée sans que l’on en comprenne encore très bien les raisons et un grand ménage a eu lieu ébranlant les fondements même du régime. Nul ne peut dire ce qu’il en sortira mais toute une classe politique a disparu des écrans radars, sans grande secousse juste par la volonté des urnes, installant une Assemblée Nationale tout à fait particulière. Bien sûr il ne faut pas ignorer l’abstention impressionnante de ces derniers scrutins, mais elle participe aussi de la particularité de l’ensemble et les raisons en sont sûrement multifactorielles.

Certains s’en sont emparé pour crier à l’illégitimité du président élu en oubliant que le choix de ne pas participer appartient individuellement à chaque électeur potentiel, qui ne peut ignorer qu’il se met lui-même hors-jeu de la consultation.

C’est la règle en démocratie. Les mêmes d’ailleurs ont fait moins de moulinets quand ils se sont eux-mêmes retrouvés avec de 60 à 68 % d’abstention dans leur propre circonscription. Et, qu’ils se nomment Mélenchon, Autain ou Corbière, ils n’ont voulu retenir que le nombre de voix qui se sont portés sur leurs noms.

En lieu et place de l’habituelle alternance, nous avons un grand chamboulement et il suffit d’entendre les commentateurs patentés des ondes nationales pour saisir à quel point ces prétendus sachants ont paumé le fil de l’histoire.

Parmi les raisons de la grande lessive, il y a bien évidemment ce qu’il est convenu de nommer “les affaires” qui d’ailleurs ont entaché toutes les républiques, la Ve ne faisant pas exception. On pourrait presque même affirmer que les faits reprochés aujourd’hui sont bien moins graves que ceux que l’on a connus dans le passé.

On pourrait se souvenir des scandales du XXe siècle : de Stavisky qui plongea classe politique, presse, police, magistrature dans la plus grande des tourmentes (à Bayonne cela laissa quelques traces…).

En lieu et place de l’habituelle alternance,
nous avons un grand chamboulement
et il suffit d’entendre les commentateurs patentés
des ondes nationales
pour saisir à quel point
ces prétendus sachants
ont paumé le fil de l’histoire.

Mais aussi, les barbouzes du SAC cette organisation créée par Pasqua qui constituera sous de Gaulle une véritable police parallèle, l’affaire Markovic qui éclaboussa le couple Pompidou, le “suicide” du ministre Boulin…

Des époques assez troubles où les moyens employés avaient un aspect assez définitif, en comparaison les costumes de monsieur Pénélope feraient presque sourire. Mais le temps n’est plus à la rigolade, la transparence de la vie publique est devenue une exigence absolue. Il est nécessaire d’établir des règles précises et d’en assurer le contrôle pour tenter de dissiper le malaise et la suspicion qui gangrènent notre société. Mais il faudra raison garder et éviter de fâcheux excès qui pourraient après l’indifférence et le laisser-faire se transformer rapidement en inquisition. Il faut assumer l’idée que des contre-pouvoirs sont nécessaires, que le Parlement ne peut s’auto-contrôler et que les parlementaires doivent, comme ce sera le cas dorénavant, être des justiciables comme les autres.

Nécessaire aussi de déconnecter le Parquet du pouvoir politique afin que les magistrats puissent assurer leur mission en toute indépendance.

Le refus de créer jusqu’ici un “statut de l’élu” a sûrement entraîné pas mal de dérives et il faudrait légiférer en prenant un peu de temps, car les dispositions qui pourraient être prises trop rapidement risquent encore d’être insatisfaisantes.

Ce qui est tout aussi inquiétant c’est que tout cela se déroule dans une ambiance assez délétère et que quelques pyromanes en profitent pour attiser les feux. En réduisant le débat public à un affrontement violent entre ce qui serait le peuple contre les élites, les extrêmes de droite et de gauche sombrent dans les méandres des théories populistes.

D’abord faudrait-il en premier lieu que “le peuple” soit vertueux et homogène et que soit tout aussi homogène une sombre coalition qui viserait à le priver de ses droits souverains. Cette manipulation de l’opinion est indécente, mais dans le désarroi actuel elle peut prospérer. Il y a cinq ans pour renouveler le contrat social, pour moderniser la vie publique, pour combattre les inégalités les plus flagrantes, pour faire que le plus grand nombre se reconnaisse dans cette république. La tâche est titanesque, il faudra y associer tous les corps intermédiaires, créer du consensus et permettre de se repenser collectivement. C’est l’enjeu majeur, bien avant tout autre, car si le corps social ne se retrouve pas dans un projet qui a du sens, les graves écueils évités de justesse jusqu’ici se rappelleront très vite à nous.

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