Ma tribune du mois d’août «Barkoxeko pastoralaz» a pu surprendre par sa froideur. Le fait est qu’elle précédait la première représentation. Elle situait le caractère collectif de la pièce dans l’histoire de la pastorale très largement dominée par le culte de la personnalité, avec la figure centrale d’un saint, puis d’un souverain français, enfin grâce à Pierre Bordaçarre dit Etxahun-Iruri, d’un héros de l’histoire des Basques. Mon analyse clinique reposait uniquement sur le texte de la pièce. Elle était donc dénuée de l’émotion que dégage la représentation sur les planches.
L’émotion esthétique d’abord : elle a été très forte. À l’issue du spectacle certains commentateurs s’y sont bornés comme d’habitude : « Les danseurs sont très bons, il y a de belles voix »… Aucune référence au texte, à l’histoire qu’il raconte. Il suffirait donc de chanter « la, la, la… » Ce serait plus simple et commode pour tout le monde, notamment pour les acteurs qui se donnent tant de mal pour mémoriser les dialogues et les chanter en plein air face à un public exigeant, avec dans ses rangs des bavards qui gênent assez de monde.
Pour l’esthétique, Barkoxe a largement justifié sa haute réputation. C’est un gros village qui a plus de ressources humaines que la plupart des autres, avec une grande tradition dans la littérature basque, le chant, la danse, la pastorale. Le jeu flamboyant d’une troupe jeune, motivée, dynamique, très bien préparée, a charmé les plus difficiles, et les compliments habituels de fin de pastorale sont ici des plus mérités.
Quant à l’histoire, c’est celle très sensible, très risquée, potentiellement très polémique du mouvement basque d’Euskadi-Nord, et c’est la nôtre sur deux générations. Rendez-vous compte : elle commence par l’Aberri Eguna fondateur d’Itxassou avec le surgissement d’Enbata le 15 avril 1963 ! Puis, l’on assiste avec saisissement à la naissance en rafale des diverses branches d’un mouvement social. Certains de ses militants appréhendaient de se voir déambuler sur les planches. C’était notamment mon cas. Mais nous avons été comblés, rajeunis de 60 ans, et très honorés. Nous voici très loin de notre label initial « Enbata zikinak », sales Enbata.
Deux générations de militants d’Enbata et des autres organisations engagées peuvent se réjouir d’un hommage aussi imprévu, chaleureux, enthousiasmant. Il a fallu beaucoup d’audace et de conviction aux acteurs de Barkoxe et à leur environnement pour aborder une histoire aussi brûlante et la raconter sans pincettes, après beaucoup de recherches historiques. Les ayant appréciés et applaudis encore plus que l’ensemble du public, il nous reste à les remercier de tout cœur. Personnellement, j’ai la conviction que cette pièce très collective et solidaire marquera l’histoire le plus souvent individualiste de la pastorale.
Iraultza bat izan da pastoraletan.
Azkenean egiazko dinamika eta lan kolektibo bat izan da :
Idazlana alkarrekin eginik
Errejentik ez ageri
« Süjetik » ez
Historia hüllana aipatürik
Jelkaldi bakotxa galto piztekotan ( … « zer zen ixtoria hori ? « )
…eta lehen xiberotar hütsezko pastoral libürüa agertarazirik (ützülpenik gabe ) !!