Budget 2026 : we want our money back

Cortège « Taxons les riches » à la manifestation du 1er mai.

Alors que changement de gouvernement ne rime pas avec changement de cap budgétaire, que les inégalités de richesse s’accroissent et des mesures comme la taxe Zucman sont rejetées, le débat sur le budget 2026 doit permettre aux citoyens de reprendre les cordons de la bourse.

Rebelote. Le budget sera à nouveau l’enjeu central des prochains mois. Macron, qui a contribué à faire exploser la dette, persiste dans son cap en confiant le gouvernement à l’un de ses fidèles, Sébastien Lecornu. Ce cap a conduit à l’aggravation des écarts sociaux et au manque chronique de moyens des collectivités locales. Au Pays Basque, les conséquences sont tangibles : structures sociales fragilisées, outils pour la langue et culture basques dans une situation critique.

Cette paralysie du bloc central et de la droite peut apparaître comme une impasse, mais elle semble ouvrir cette fois des occasions salutaires d’éclaircir les positions de fond dans cette période troublée. D’abord, en contraignant chaque camp à répondre à une question simple : qui veut-on protéger ? poussant notamment le RN à lever ses ambiguïtés. D’autre part, elle interroge directement : jusqu’à quand accepterons-nous qu’un pouvoir central décide seul, au mépris des réalités locales ? Cette situation met en lumière une exigence claire : permettre enfin aux territoires de décider et agir par et pour eux-mêmes.

Un système au service des privilégiés

Le dogme de la politique de l’offre engloutit 270 milliards d’euros par an, dans une opacité totale et sans contrôle d’efficacité. Une manne captée en grande partie par les multinationales et leurs actionnaires. Caroline Michel-Aguirre et Matthieu Aron l’ont qualifié, à juste titre, de « grand détournement ».

Les 500 plus grandes fortunes françaises ont multiplié leur richesse par six. En même temps, les services publics, patrimoine de celles et ceux qui n’en ont pas, sont rabotés.

Les conséquences sont claires : les revenus et patrimoines des plus riches progressent à un rythme sans commune mesure avec celui du reste de la population. Les 500 plus grandes fortunes françaises, qui représentaient environ 200 milliards d’euros en 2010, pèsent aujourd’hui 1.200 milliards : elles ont multiplié leur richesse par six en à peine quinze ans. Dans le même temps, la pression s’alourdit pour la grande majorité des ménages, et les services publics, patrimoine de celles et ceux qui n’en ont pas, sont rabotés.
Au fond, il faut interroger le sens de fortunes colossales. Se mettre à l’abri du besoin est légitime ; mais concentrer des milliards qu’une vie entière ne suffirait pas à dépenser, pour quoi faire ? Ce décalage est indécent. D’autant plus que les plus riches sont aussi ceux dont l’empreinte écologique pèse le plus lourd : la double peine d’un système qui nourrit l’injustice sociale et accélère la crise climatique.

Pousser au positionnement

Dans ce contexte, la proposition de Gabriel Zucman a le mérite de poser les choses : instaurer une taxe de 2% sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros, soit 1.800 foyers fiscaux. Adoptée à l’Assemblée, mais rejetée par le Sénat, elle revient aujourd’hui dans le débat budgétaire. Plébiscitée par 86% de la population, cette taxe n’a rien de révolutionnaire : elle viserait simplement à rétablir un minimum d’équité dans un système où ceux qui en ont les moyens savent trop bien se soustraire à l’impôt.
Ainsi, la question de la justice sociale revient enfin au cœur du débat public, poussant chaque force politique à éclaircir les intérêts qu’elle défend. L’extrême droite tente d’entretenir l’ambiguïté, discours populistes d’un côté, proximité avec les milliardaires de l’autre. Pour nous, abertzale, contribuer à sa mesure à la communauté nous semble naturel. L’extrême droite semble avoir une autre définition du patriotisme : défendre les intérêts de Sterin et Bolloré qui financent leurs médias, think tanks et campagnes mais menacent de s’exiler à la moindre mesure fiscale.

Ouvrir la voie aux autonomies locales

Il est étonnant de voir ce pouvoir s’obstiner à préserver coûte que coûte les privilégiés, quitte à augmenter le taux de précarité dans la population et donc à nourrir la défiance envers cet État centralisé. C’est d’ailleurs sûrement pour cette raison que le nouveau premier ministre s’est saisi de ce projet pour tenter de rassembler et s’est empressé d’écrire aux maires.

Un sondage IFOP réalisé pour R&PS (1) en août est sans appel : 71 % des citoyennes et citoyens veulent évoluer vers le fédéralisme. Les territoires réclament les moyens de corriger les manquements de l’État. Le cas de l’euskara le montre bien : l’État se retire du financement de l’OPLB et de l’ICB, outils qui font largement consensus localement. Qu’il aille au bout de sa logique et laisse compétences et moyens à celles et ceux qui agissent.

Des milliards envolés vers les multinationales, des collectivités privées de ressources : c’est le même détournement de moyens de notre intérêt général. Ce déséquilibre n’est pas une fatalité : il est temps de dire haut et fort : we want our money back.

(1) Fédération Régions et Peuples solidaires

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