Alain Duzert: le conflit basque n’existe pas

Cliquer sur l'image pour entendre l'intervention complète d'Alain Duzert, lors du débat du conseil municipal de Bayonne qui eut lieu le 24 avril 2018,
Cliquer sur l’image pour entendre l’intervention complète d’Alain Duzert, lors du débat du conseil municipal de Bayonne qui eut lieu le 5 avril 2018,

Le conseiller municipal communiste est en septième position sur la liste de candidats de Henri Etcheto. Au conseil municipal bayonnais du 5 avril 2018, il s’opposait à une délibération qui acceptait d’installer la sculpture de Koldobika Jauregi sur l’esplanade Roland Barthes, consacrée à la commémoration de la paix en Pays Basque.

«Cette délibération nous demande d’accepter une œuvre qui commémorerait la paix au Pays basque gagné par lesdits Artisans de la paix» attaque d’emblée Alain Duzert qui poursuit. «Cette délibération est à mes yeux une manipulation et une imposture. Vous continuez dans la rhétorique habituelle qui tend à faire croire que les Pays basque français et espagnol étaient en guerre. Non, monsieur le maire. Nous n’étions pas en guerre, mais il y avait du terrorisme qui a fait un très grand nombre de victimes. Une organisation terroriste a commis des attentats et autres exactions en démocratie, il n’y a pas bien longtemps encore, même si dans ces démocraties-là, les causes sociales sont souvent bafouées, surtout par vos partis politiques».

«Nous les communistes, disions l’an dernier: l’organisation armée indépendantiste basque ETA rend les armes et c’est une bonne chose». Mais «ce processus de désarmement doit se faire dans le cadre de l’Etat de droit, sécurisé et sous contrôle des Etats espagnols et français. La mise en scène d’ETA, cette stratégie médiatique depuis l’arrêt des attentats terroristes en 2011 jusqu’à la remise d’une partie de son arsenal aujourd’hui, laissent présager qu’elle souhaite rester un acteur politique reconnu et amnistié. Pour nous communistes, ETA doit se dissoudre et reconnaître ses responsabilités dans les crimes commis en son nom et les souffrances générées. C’est indispensable pour respecter toutes les souffrances et les mémoires».

Puis Alain Duzert s’en prend à ceux qu’il appelle «les dits Artisans de la paix»: «J’ai lu des déclarations qui avaient clairement tendance à blanchir le passé d’ETA, ce qui me fait douter de l’impartialité de ces artisans de la paix. Je vous renvoie aussi à l’analyse du pardon et de la réconciliation» faite par Fernando Aranburu dans Sud-Ouest (auteur du roman anti-ETA Patria).

Enfin, il aborde la question des détenus et rappelle que son parti est intervenu en faveur de leur «rapprochement familial». Pour le PCF, les familles des détenus éloignés doivent bénéficier d’un dédommagement des frais engagés pour les visites et tout un accompagnement logistique pour ceux que l’on ne peut pas rapprocher. La proposition n’a pas été «retenue par la droite et le parti socialiste».

De même, il ajoute: «Les parlementaires communistes sont intervenus et continuent à intervenir pour que les prisonniers gravement malades soient libérés pour des raisons humanitaires». Alain Duzert achève sa déclaration en affirmant: «J’ai pour habitude de respecter les créations artistiques, mais la mise en scène de celle-ci est clairement destinée à servir des manœuvres et des actions politiques partisanes et très discutables. Je traduirai mon opposition à ce projet en rejoignant la position de notre groupe et en ne prenant pas part au vote».

Dans un numéro d’Enbata paru peu après, Xabi Larralde fait le commentaire suivant : «Alain Duzert ne voit pas de conflit en Pays Basque. A vue d’œil, cela signifie donc qu’il ne faut apercevoir dans la violence politique de ces dernières décennies en Pays Basque qu’une problématique de “terrorisme” qui ne saurait donc être traitée que par le biais d’une réponse judiciaire et policière “ferme et déterminée” de l’État de droit. A partir de là, les protocoles qui relèvent des processus de résolution des conflits n’ont pas lieu de s’appliquer en Pays Basque. Et les concepts clés qu’ils utilisent tels que ceux de démocratie, dialogue, vivre ensemble, réconciliation, reconnaissance des victimes, etc. seraient de trop ici».

Nota : Nous ne mettons pas tous les militants communistes dans le même panier. Citons ici «l’abertzale compatible» Yvette Debardieux, élue communiste de la ville de Saint-Jean-de-Luz qui a rejoint la liste abertzale et en fait aujourd’hui partie, également militante active de Bake Bidea.

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14 réflexions sur « Alain Duzert: le conflit basque n’existe pas »

  1. Anti-abertzales de tous les pays, unissez-vous ! Et votez aux prochaines municipales à Bayonne pour la liste conduite par Henri Etcheto, dont font partie Duzert, Capdevielle, Pallas, Esteban, etc.

  2. Alain Duzert condamne les attentats. Moi aussi et j’ai écrit plusieurs articles sur le sujet à l’époque. Ils ne m’ont pas fait que des amis. Mais je condamne aussi les 80 millions de victimes du communisme dans le monde. Je dis bien 80 millions : URSS avec ses goulags, Chine avec Mao et Cie, Cambodge avec les Khmers rouges etc… Quand Duzert et le PCF ont-il condamné leurs frères?
    On ne parle pas de corde dans la maison des pendus

  3. Je suis d’accord pour dire que les propos de M.Duzert sont inadmissibles car il ne prennent pas en compte du fait que ceux qui se sont engagés (à tort à mon avis) dans la poursuite de la lutte armée après la mort de Franco ont le droit de bénéficier des mêmes droits que les autres prisonniers.(Avant 76 c’était différent, même le jeune militqant communiste Duzert Alain a dû applaudir l’attentat contre Carrero Blanco).
    Tous ceux qui ont accompli leur peine doivent être libérés, c’est le sens de ma participation à la manif de janvier.
    Ceci dit, je trouve également inadmissible la position de M. Larralde. Il semble oublier qu’il a soutenu tous les attentats d’ETA en tant que porte-parole de Batasuna et qu’il a été en Iparralde un des chantres du jusquauboutisme d’ETA.
    S’il y a encore beaucoup de militants incarcérés c’est bien sûr à cause des états français et espagnol mais aussi à de tout ceux qui ont soutenu cette politique dont M. Larralde.

    1. Merci de reconnaître les droits des prisonniers basques qui ne demandent que l’application du droit commun et de soutenir leurs demandes. Nous sommes encore très loin de la justice transitionnelle qui caractérise un processus de paix sérieux… Il est bien regrettable de voir un homme de gauche sincère tel que Alain Duzert tenir de tels propos. La gauche française en sortirait grandie. Malheureusement, elle est aveuglée par son nationalisme, son jacobinisme. Dans le droit fil de son attitude éhontée durant la guerre d’Algérie, alors qu’elle se posait en défenseur des droits de l’homme et clamait son anticolonialisme.
      Sur la poursuite de la lutte armée par ETA, permettez-moi de vous rappeler que la lutte d’ETA n’était pas qu’une lutte contre la dictature franquiste, mais également pour la reconnaissance de droits nationaux du peuple basque (réunification et autodétermination). Cette question nationale n’est toujours pas réglée. Le gouvernement espagnol pouvait facilement y mettre fin en reconnaissant le droit à l’autodétermination et en ouvrant la porte à une réunification entre les quatre provinces, déjà prévue dans la Constitution. Les représentants espagnols avaient été très surpris d’entendre les négociateurs d’ETA réclamer à Alger (1986) un statut équivalent à celui d’un canton de la Confédération helvétique ! La seule réponse fut celle de la répression avec une pratique généralisée de la torture qui n’a jamais cessé (4113 cas répertoriés jusqu’en 2013, selon le rapport de l’Université du Pays Basque) et des moyens techniques et politiques colossaux. Un ministre de l’intérieur espagnol a avoué un jour que les moyens financiers de son Etat dans sa lutte contre l’ETA et sa mouvance, étaient «illimités». Libertés publiques bafouées, corruption, drogue, escadrons de la mort, taux d’occupation policière le plus élevé d’Europe (équivalent à celui de l’Irlande et du Kosovo), mise à contribution de tous les services mondiaux spécialisés, en particulier israéliens, anglais, allemands, tous ces moyens ont été utilisés dans le cadre du plan ZEN. Rien d’étonnant que les Basques aient ainsi perdu la guerre…
      Compte tenu de tout cela, critiquer le « jusqu’au boutisme » de Xabi Larralde me laisse sceptique. Il faut au contraire saluer son réalisme et le remercier de faire partie de ceux qui politiquement ont contribué à l’abandon des armes.

    2. S’il y a bien des « jusqu’au-boutistes » dans cette affaire, ils sont situés du côté des gouvernements espagnol et français de droite ou de gauche, du côté de leur « raison d’Etat ». Ils vont jusqu’au bout et au-delà dans la répression. Des militants abertzale demeurent en prison, de nouveaux se font condamner, Madrid a dans les tuyaux un projet de loi pour interdire les réceptions populaires des preso sortants de prisons… Espagnols et Français veulent démontrer qu’ils ont vaincu leur ennemi, l’écraser, l’humilier. L’acharnement jusqu’au boutiste a de beaux jours devant lui. En s’opposant à l’installation de l’arbre de la paix à Bayonne, Alain Duzert ne contribue pas à écrire une page nouvelle de l’histoire de notre pays. Y aura-t-il demain des abertzale assez aveugles pour voter dans une coalition où Alain Duzert figurera?

  4. Duzert jaunak esandakoa gezur hutsa da, Duela 60 urte Algerian gerlarik ez dagoela, baizik eta » gertaerak » ,esaten zuten Frantziako buruzagiak bezala da. / Ce que dit M Duzert est un pur mensonge. Il est comme les dirgeants francais qui disaient qu’en Algerie , il y a 60 ans il n’y avait pas de guerre mais des « evenements ».
    Bi estatutu euren armada ekipatuak elkarren aurka ezartzean ez datza bakarrik gerla; badira Estatuko armada eta nazio txiki baten talde armatuena ere. Hau da Algerian Irlandan, Kurdistan.. gertatzen dena. Euskal Herrikoa era berdinakoa da. Une guerre ne consiste pas seulement a mettre face a face deux armees equipees ; il y a des guerres entre armee reguliere d#;un etat eta des groupe armees appartenant a un peuple minoritaire luttant pour sa liberation. Cela a ete le cas en Algerie , Irlande, Kurdistan et aussi au Pays Basque .

  5. Le communisme de Duzert? une grande idée aux mains de petites gens.

  6. S’il n’y avait pas eu le confinement, le ralliement de Bayonne Verte et Solidaire à Etcheto, Pallas, Duzert et compagnie aurait sans doute eu lieu en catimini entre les deux tours.
    Maintenant, si le premier tour est à refaire en septembre, on verra combien d’électeurs/électrices de BVS sont vraiment d’accord avec ce ralliement. La chute du score d’une liste abertzale ne me réjouis pas, mais je pense que c’est ce qui va se produire.
    Je laisse à leurs calculs les apprentis sorcier.re.s prêt.e.s à prendre le risque d’aider cette clique anti-basque à prendre les commandes de la ville de Bayonne et de la Communauté d’Agglomération. Je ne comprends pas comment ils/elles peuvent être aussi aveugles !
    Otsoa artzain???

  7. Alain Duzert fait partie des gens que dénonce le haut magistrat français Serge Portelli, dans le film de Thomas Lacoste « Pays basque et liberté, un long chemin vers la paix ». Voici ce que dit Serge Portelli: « Il n’y a pas de guerre, donc la paix n’est pas nécessaire et donc il n’y a pas de de processus de paix. Et il n’y a pas besoin de négociation, donc il n’y a besoin de rien ! C’est seulement une histoire d’Etats qui luttent contre un terrorisme ordinaire ».
    Alain Duzert emploie le mot « terroriste ». Nous le renvoyons aux propos de Jonathan Powel, ex-chef de cabinet de Tony Blair, dans le même film: » L’usage du mot terrorisme ne nous aide pas beaucoup. Il ne sert qu’à insulter l’autre camp. La terreur peut être utilisée par un gouvernement, par un individu, par un groupe. Cela ne nous dit rien de leurs motivations, ni comment résoudre le problème… »
    De quoi alimenter la réflexion de M. Duzert.
    En attendant, nous ne voterons pas pour lui aux prochaines élections municipales bayonnaises, ni pour la liste dont il fait partie, conduite par Henri Etcheto

  8. Alain Duzert: le conflit québecois n´existe pas.
    Le nationalisme basque d´Iparraldea est la position politique défendue par la Collectivité Territoriale Basque.
    Alain Duzert es un nationaliste français favorable á l´indépendance du Quebec.
    Alain Duzert es un nationaliste français contraire à l´identité basque bilingüe (Euskara/Français).
    Iparraldeko EAJk, euskal herritarren aniztasuna pozik onartzen du.
    Baionako EAJk egonkortasun ekonomiko eta politikoa nahi du Baiona hiribururako.
    Les États-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, l´Australie, la Nouvelle-Zélande, Gibraltar, l´Allemagne, l´Espagne rejettent l´indépendance du Quebec.

  9. C’est typique, cette coïncidence entre l’extrème droite espagnole, les franquistes et le communiste bayonnais. Bientôt une osmose?

  10. Merci d’avoir répondu à mon mail pour lequel je n’attendais pas une approbation enthousiaste bien sûr, mais une réponse même insatisfaisante c’est mieux que le silence radio, ce qui est arrivé avec mes deux ou trois dernières fois où j’ai abordé ce sujet.
    Une précision, j’ai attaqué M. Larralde car il est cité dans l’article et pour son rôle de porte-parole de la tendance dure. Rien de personnel.
    La question de l’abandon de la lutte armée s’est posée dès la fin du franquisme, il semble même qu’une majorité des membres d’ETA était pour le passage à la lutte politique, mais les milis se sont imposés. Il faut être deux pour guerroyer et l’état post franquiste a bien contribué à mettre de l’huile sur le feu.
    Le soutien quasi unanime du camp abertzale à ETA s’est effrité au fil des années, notamment quand elle s’en est pris à la société civile et plus seulement aux cibles policières et militaires. Un exemple parmi les plus abjects étant celui d’Imanol. Mais il y en a eu tant.
    Et tout ça avec l’assentiment de Batasuna, par la voix de son porte parole de ce côté des Pyrénées. Aussi dire comme vous le faites qu’il est un des artisans de la paix c’est pousser le bouchon un peu loin. ETA et ses soutiens ont bien été jusqu’auboutistes et n’ont eu le souci de sortir vraiment du conflit que lorsque tout était perdu. Tous ceux qui de sont opposés à cette ligne ne  » sont pas fait que des amis » bel euphémisme utilisé par Xipri. (Àu moins, en Iparralde, les menaces n’étaient que verbales).
    Une autocritique des choix désastreux de la gauche abertzale reste à faire. Je ne crois pas qu’elle nuirait à la cause des prisonniers, ni à la cause que vous défendez.

  11. Pourquoi tant de haine, Ellande ?
    Je me souviens des propos de Mixel Berhocoirigoin, en avril 2018, à propos de la polémique soulevée par l’installation (provisoire ?) de la « hache retournée » sur l’esplanade Roland Barthe, à Baiona. Tu dois aussi t’en souvenir. « Il s’agit d’une œuvre de transition. D’une situation d’hier où il y a eu trop de souffrance, vers une situation nouvelle sans haine que l’on veut créer. Cet arbre symbolise ça. » disait-il. Oui, la sculpture de Koldobika Jauregi était censée représenter une hache retournée qui, plantée dans la terre basque, aurait donné naissance à un « arbre de vérité », un arbre de la réconciliation dont l’origine était le retournement du symbole de la hache, c’est-à-dire le dépôt des armes et l’autodissolution d’ETA. Si je t’ai bien compris, tu reproches à Alain Duzert d’avoir dénoncé, en conseil municipal, cette installation qu’il interprétait, lui qui nie l’existence d’un conflit historique entre le peuple basque et les États espagnol et français, lui qui semble haïr les abertzale au moins autant que tu le hais, lui, Alain Duzert, secrétaire général du PCF local a compris le symbolisme de cette statue comme une provocation à l’encontre des victimes d’ETA, comme une apologie du « terrorisme » (je résume sa pensée). Tu le sais aussi bien que moi, Alain n’est pas uniquement un hurluberlu anti-basque notoire. Il était loin d’être le seul à exprimer cet avis à l’extérieur du conseil municipal de Baiona. Les réactions, au Sud mais aussi ici, en Iparralde, et en France, ont été si virulentes que Jean René Etchegaray a dû se résoudre à désinstaller l’œuvre de toute urgence en bredouillant une justification qui n’aura convaincu personne (sauf toi peut-être ?). Si je rebondis sur ce prétexte que tu évoques dans ta tribune, c’est pour m’expliquer avec toi à propos de l’instrumentalisation d’une autre haine, toute Enbata-abertzaléiste, en Pays basque nord, la haine historique à l’encontre du PS et, pire encore, du PCF. La haine du jacobinisme qui reproduit en miroir celle des anti-Basques de toutes obédiences. Ellande, pour te prémunir par avance face aux accusations d’anti-gauchiste primaire, à chacune de tes attaques contre le vote majoritaire de l’assemblée générale de BVS (dont tu es toujours membre à ce jour) au soir du 15 mars, tu prends l’exemple de ces abertzale-compatibles du PS ou du PCF qui, à Donibane Lohizune, ont accepté de se rallier au panache blanc de Paxkal Lafitte. Le PS ou le PCF seraient donc parvenus à rassembler des militants plus intelligents et plus ouverts à Donibane qu’à Baiona, si l’on-t-en croit. Exprimerais-tu le même jugement si le PS et le PCF faisaient 3 fois plus de voix que les abertzale et leur proposaient une fusion de second tour ? Es-tu vraiment convaincu que ces militants PS et PCF auraient renoncé au jacobinisme s’ils avaient su conserver une position hégémonique à gauche sur l’échiquier politique luzien ? Ben, pas moi. En tant que Luzien de naissance et de cœur, je peux t’assurer qu’il n’a pas dû être facile pour certaines et certains (que j’ai très bien connus) de mettre leur jacobinisme dans leur poche. A Donibane aussi, nous avions des « Duzert » et des « Etcheto » avec lesquels il nous fallait sans cesse ferrailler pour être reconnus et acceptés en tant qu’abertzale, je ne l’ai pas oublié. Par expérience, je sais que seules les personnes qui partagent, dans l’action collective, des vécus ou des engagements ponctuels ou sur le long terme, seuls ceux qui se regardent et s’écoutent avec intérêt peuvent un jour se comprendre, après des heures, des jours, des années parfois de confrontation, et se mettre d’accord pour construire ensemble un avenir commun, à durée indéterminée, of course. Bien entendu, ce chemin n’est pas uniquement pavé de bonnes intentions, tout au contraire, il est long, très long et tortueux, très dangereux, mortel… Mais nous n’avons pas réellement d’autre choix, ne nous mentons pas, c’est le chemin de notre communauté de destin dans laquelle nous Basques sommes aujourd’hui minoritaires. C’est le chemin que nos voisins ont choisi d’emprunter à Donibane et à Ziburu, mais aussi à Hendaia, tout du moins certains. Alors pourquoi pas nous à Baiona ? Baiona a besoin d’être gouverné à gauche, c’est ce que désirent majoritairement les habitants de notre belle cité-capitale. C’est ce que les abertzale de gauche voulons aussi. C’est ce que nous aurions dû dire à nos électrices et électeurs, et que nous n’avons manifestement pas dit assez clairement lors de cette campagne de 1er tour qui a débouché sur le malentendu actuel. Oui, Ellande, c’est là que réside le problème fondamental, notre manque de clarté sur notre engagement à gauche, non pas d’une manière théorique ou générale, mais à Baiona, pour Baiona et Euskal Herria, pour mettre en œuvre concrètement une vraie politique de gauche. L’ultra-jacobinisme des Etcheto et Duzert (entre autres) est un gros problème pour nous (peut-être moins pour les Bayonnaises et les Bayonnais en général) et nous devons réussir à le dénoncer efficacement pour qu’il devienne un réel problème politique pour celles et ceux qui pratiquent l’anti-basquisme. Pour que les PS et PCF locaux choisissent à leurs têtes des abertzale-compatibles, comme tu dis. Mais cela n’adviendra jamais si le peuple de Baiona continue à nous percevoir comme des diviseurs ou, pire, comme des suppôts d’Etchegaray et de la droite locale. Ce n’est surtout pas en continuant de diaboliser Etcheto et de sanctifier Etchegaray comme tu le fais que nous répondrons aux espoirs de la majorité des Bayonnaises et des Bayonnais, que nous réussirons à construire cette société basque sans haine que les Artisans de la paix appellent de leurs vœux. Laissons-nous une chance, Ellande, les cartes seront peut-être rebattues si nous pouvons rejouer le premier tour en septembre. Si nous réussissons le rassemblement avec Demain Bayonne – Bihar Baiona, la dynamique pourrait porter notre liste en tête à gauche et rendre possible l’élection de Jean Claude Iriart au siège de maire de Baiona. C’est ce que tu veux aussi, je crois. Faisons donc confiance à Jean Claude ! Quand il a choisi de s’engager en politique, en 2013, ce n’est sûrement pas pour faire de la figuration, et nous sommes nombreux à l’avoir tout de suite compris. Oui, nous pouvions espérer mieux que de nous compter, beaucoup mieux, nous avions enfin une tête de liste qui pouvait briguer le siège de maire et faire triompher nos idées en mettant la gauche au pouvoir. Jean Claude a patienté 6 ans, ne gaspillons pas sa si belle énergie ! Arrêtons ces « chamaillages » pathétiques (la haine ne doit pas l’emporter), enterrons donc définitivement cette hache de guerre et rassemblons-nous, pour faire gagner le projet d’une Baiona verte et solidaire !

    1. Nous avons déjà échangé à propos de tous ces thèmes sur le site d’Enbata et sur le facebook d’Ursoa Parot. En rajouter n’apportera pas grand chose. En reprenant dans ce journal le contenu des déclarations publiques d’Alain Duzert, je porte des éléments d’information à la connaissance des lecteurs. Il s’agit d’une contribution dans un débat qui intéresse le mouvement abertzale dans tout Iparralde. Ensuite, libre à chacun de lire ou de ne pas lire, de se faire une opinion, d’en penser ce qu’il veut, en fonction de ses convictions.
      Amicalement,
      EDP

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