
Malgré l’évidence des faits, tout processus de génocide en Palestine est nié par le gouvernement israélien. Poser même la question soulève l’indignation de ses amis et vous fait taxer d’antisémite. Me voilà donc en train de gagner le reproche d’antisémitisme aux yeux de beaucoup, bien que je ne remette pas en question l’existence de l’État d’Israël. Je mérite en même temps l’étiquette de sioniste. Je ne saurais me résigner à choisir entre deux génocides opposés. Je les refuse tous deux au profit de la coexistence israélo-palestinienne dans un équilibre à trouver par une paix négociée.
Il est vrai que l’État d’Israël naquit dans des conditions conflictuelles, aux dépens de la population préexistante, héritière probable des anciens ruraux hébreux laissés en place par les conquérants successifs, suivant le modèle pragmatique inauguré lors de la déportation des « élites » judéennes à Babylone.
Je ne crois pas à la naissance virginale des nations. « La France s’est faite à coups d’épée », disait de Gaulle. Elle n’est certes pas la seule, mais comment refaire l’Histoire ? Ah, si l’on pouvait restituer aux Celtes la Gaule latinisée, aux Amérindiens l’Amérique européanisée, aux héritiers basques et gascons des Wascons l’Aquitaine francisée…
Revenons donc à la réalité actuelle. Aujourd’hui, c’est l’existence même du peuple palestinien qui est gravement menacée par la politique meurtrière du gouvernement israélien de Nétanyahou. Ce qui se passe à Gaza est franchement insupportable. Ce lopin de terre, à peine la moitié de la Soule, qui entasse deux millions et demi d’habitants, bombardé à mort depuis un an et neuf mois, est en ruine, invivable ; sa population constamment déplacée, décimée, affamée, privée d’eau, de médicaments et de soins est au bord de l’effondrement, menacée de déportation. Heureusement, les États voisins refusent de la recevoir : son départ serait sans retour, comme pour les réfugiés de 1948 ; le peuple palestinien serait à moitié détruit et la question palestinienne à moitié liquidée
La Cisjordanie resterait seule, rongée par la montée de la colonisation. Là aussi, quoique de façon moins spectaculaire, tout est fait pour affaiblir la population palestinienne encerclée, harcelée, indianisée, et la pousser mine de rien vers la sortie, afin de réaliser le rêve de grand Israël des sionistes les plus fanatiques. Et voici que la guerre d’Iran rejette dans l’ombre le drame palestinien : il ne faut surtout pas le laisser oublier, car ce peuple est en danger de mort violente.
L’Europe se met enfin à bouger, mais de façon beaucoup trop timide. Avec les pays arabes, elle devrait mettre la pression sur le gouvernement d’Israël pour arracher la solution à deux États. Il y aurait bien une solution plus idéale : un seul État laïque, bilingue, hébreux et arabe. Un beau rêve, insensé pour le moment.