G7, la rencontre de l’oligarchie mondiale à Biarritz

e584ef9b-1647-4c16-9270-cfc64a1db3c5Le Groupe des sept (G7) incarne la domination historique de quelques superpuissances sur le reste de la planète. Ainsi, derrière les bonnes intentions brandies par Emmanuel Macron, du 24 au 26 août, chaque membre défendra son pré-carré militaro-diplomatique et l’ordre économique néo-libéral.

« Boterean direlarik, gizaki guziak herratsu eta despotikoak dira, jale handi eta aseezinak, gosetien oinazeak ahanzten dituztelarik » Isaac Puente Amestoy, 1933

 

De novembre 1884 à février 1885, la conférence de Berlin marqua l’organisation et la collaboration européenne pour le partage et la division de l’Afrique, qui aboutit principalement à édicter les accords officiels de la colonisation. Un siècle plus tard, les mœurs et les acteurs n’avaient pas beaucoup changé. En 1979, le G7, c’est à dire le groupe des sept pays alors les plus puissants de la planète (États-Unis, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada et Japon) invite la Banque Mondiale et le fonds monétaire international (FMI) à mettre en œuvre des programmes d’ajustements structurels pour les pays du tiers monde.

« Dès 1980 […] le G7 joue un rôle actif dans l’imposition d’un credo et dans le pilotage de la phase néolibérale de la mondialisation. La doctrine qui guide les politiques repose sur le triptyque stabilisation, libéralisation, privatisation » raconte l’économiste Gustave Massiah, auteur de Une stratégie altermondialiste[1]. L’explosion de la dette des pays africains sera la conséquence immédiate de ces politiques monétaristes, de l’évolution du taux de change et des taux d’intérêts.

Alors quand le président Emmanuel Macron annonce à Biarritz « un G7 contre les inégalités », sachant aussi qu’il s’est également montré réfractaire à l’idée de taxer les grandes fortunes et opposé à l’impôt progressif sur les revenus du capital, la communication élyséenne prend facilement des allures de farce. Et s’il est question d’innover à Biarritz en recevant des partenaires africains, rappelons qu’Emmanuel Macron dans une logique néocoloniale soutient à son tour et activement un bon nombre de dictatures dans le continent, comme celle par exemple d’Idriss Déby au Tchad où l’aviation française repoussait cet hiver une offensive rebelle. Dans l’ouvrage remarquable le Grand Manipulateur[2], le journaliste Marc Endeweld a aussi démontré que, pour gravir la plus haute marche du pouvoir sans carrière politique, ni même un parti derrière lui, Emmanuel Macron a utilisé les réseaux plus ou moins avouables de la République…et tout particulièrement les réseaux de la françafrique.

Les maîtres de l’espèce humaine

Dans une vidéo plus confidentielle que la communication élyséenne, invité en mai 2019 à la banque de France, Mario Monti, économiste et président du conseil italien de 2011 à 2013, se réjouit que le G7 de Biarritz « s’intéresse à la politique de la concurrence », considérant toujours dans la vidéo celle-ci comme « le sang de la vie économique […] » et que « la politique de la concurrence de l’Union Européenne, mais aussi du Réseau européen de la concurrence qui réunit les autorités nationales, fonctionnent bien ». Sachant que le président de la Commission européenne est un invité permanent du G7, tout est dit !! Contrairement aux annonces macroniennes, les décisions et les orientations du sommet de Biarritz s’inscrivent dans la continuité des choix économiques adoptés dès les années 70, à savoir le contrôle des matières premières (pétrole, uranium, coltan, denrées…) des terres arables et des pêcheries, les traités de libre-échange, la concurrence des marchés et les logiques de dérégulation financière. Et ce, avec les conséquences humaines et sociales que l’on connaît : chômage systémique, accroissement des inégalités, malnutrition dans les pays du sud et destruction croissante des écosystèmes naturels partout sur la planète.

DHHUptGV0AIAXxLCo-auteur également en 2003 de l’ouvrage Le G8 illégitime[3], Gustave Massiah présente ce sommet comme un regroupement de « dirigeants des pays dominants en une sorte de syndicat des actionnaires majoritaires de l’économie mondiale ». Le constat est tellement évident que le G7 a pu être surnommé le « gouvernement mondial de facto », le « sommet de l’austérité », le « directoire du monde » ou encore les « maîtres de l’espèce humaine » par Noam Chomsky[4]. En effet, à Biarritz, dans le sillage des grands traités de partage de l’Afrique et des accords de Yalta, la composition du G7 ne laisse que peu de doute sur les options politiques et économiques. A l’exception du Canada, les supers puissances qui se retrouveront du 24 au 26 août ont toutes une histoire suprématiste, impériale et coloniale : États-Unis, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni et Japon. Toutes sont membres de l’OTAN, sauf le Japon qui n’appartient pas à la zone euro-atlantique. Sachant qu’historiquement, cette poignée d’États tient la plus grande part de responsabilités dans la dérive actuelle, qu’elle soit économique, sociale ou environnementale. « Il n’y a donc pas d’ambiguïté sur la vision géopolitique du monde qui est celle des membres du G7 » précise à son tour le militant et essayiste Nils Andersson[5], « le fait que des pays émergents ne soient pas représentés […] amenuise leur capacité à traiter adéquatement certaines questions relatives à l’évolution du système économique et financier international » poursuit Andersson.

Une causerie au coin du feu

A l’origine, c’est le président français Valéry Giscard d’Estaing, en novembre 1975, qui initia le G6 en invitant les chefs d’État ou de gouvernement des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne, de l’Italie et du Japon (puis le Canada en 1976). Comme le raconte Bertrand Badie dans l’ouvrage la « diplomatie de la connivence »[6], à l’époque Giscard d’Estaing évoque l’image d’une « causerie au coin du feu ». S’amorce à la même période le tournant néo-conservateur, avec la mise en place de politiques économiques néolibérales. Au cours des années 90, l’effondrement de l’empire soviétique bouleverse profondément les équilibres mondiaux. Un des principaux objectifs du G7 est à l’époque d’assurer « la transition financière de la Russie vers une économie de marché » qui recevra le plus important plan d’aide depuis le plan Marshall. En 1997, l’entrée de Moscou inaugure momentanément le G8, avant l’expulsion en 2014 du régime de Vladimir Poutine pour sanctionner son « ingérence » en Ukraine. Avec ou sans la Russie, le G7 reste un organisme supranational qui impose, sans contrôle citoyen, hors de tout cadre multilatéral et en excluant les 186 autres États membres des Nations unies, des choix dont dépend pourtant l’avenir de l’humanité.

Comme l’a souligné le sociologue Loïc Wacquant dans Les prisons de la misère[7], via un traitement pénal de la misère sociale, la transformation néolibérale a été synonyme à la fois « du démantèlement de l’État social » et du « renforcement de l’État carcéral ». L’histoire du G7 incarne parfaitement l’impact de cette transformation néolibérale sur l’évolution de la stratégie policière.

C’est d’ailleurs ce que confirment à Biarritz les annonces de Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, en visite sous haute sécurité pour préparer le sommet du G7. En niant encore l’ampleur des violences policières[8], Christophe Castaner laisse deviner une gestion policière dans le sillage de la crise des Gilets Jaune, avec tout un arsenal judiciaire déployé pour l’occasion au tribunal de Bayonne. Enfin, dans ses travaux, la sociologue Lesley J.Wood[9] a largement démontré la militarisation progressive des forces policières et de leurs tactiques de maintien de l’ordre lors de ces grands sommets : surveillance, infiltration, brigades spéciales, armes sublétales, arrestations préventives, déploiement d’unités d’élites, tactiques d’encerclement et d’embuscade…Dans la bouche du préfet Eric Spitz, les termes « distance de profondeur » ou  « évaluation de la menace » en est aussi un exemple parlant.

Une opposition nécessaire

Concrétisé en 2008 lors du sommet de Washington, le Groupe des vingt (G20) tenait sa quatorzième réunion les 28 et 29 juin 2019 à Osaka au Japon. Ce sommet qui inclue notamment le Brésil, la Chine, l’Australie et l’Arabie Saoudite est parfois présenté comme un contre-pouvoir des pays émergents au G7. Dans les faits, avec la présence du directeur général du FMI, du président de la Banque mondiale, du président du Conseil de stabilité financière (ex Forum de stabilité financière) et du directeur de l’OMC, le G20 n’est qu’un des instruments déguisés du G7 afin d’assurer la « bonne gouvernance » de l’économie de marché. Dit autrement, le G20 est l’occasion pour le G7 de dresser la liste de ceux qui sont invités pour le dessert.

Le constat est tellement évident que l’opposition à la mondialisation néolibérale s’est cristallisée autour de ces Sommets de « dirigeants de la planète », G7 ou G20.  A partir de 1984, plusieurs ONG commencent à cibler le G7 de Londres, organisant « the other economic sumit », plus connu sous le nom de TOES. Dans son sillage, le mouvement altermondialiste émerge dix ans plus tard à Seattle en 1999 et à Porto Alegre en 2001 – avec la création notamment ATTAC et Coordination Sud –  médiatisant pour la première fois une mobilisation d’ampleur contre les affres de la mondialisation économique.  Puis, « la réunion du G8 à Gênes voit s’affirmer les caractéristiques du mouvement de contestation : une capacité de contre-expertise qui permet de remettre en cause l’évidence du credo néolibéral ; l’apparition, dans la jeunesse, d’une nouvelle génération militante ; la sympathie d’une opinion publique inquiète de l’impact négatif de la mondialisation libérale sur les plans social, environnemental et démocratique » écrit Gustave Massiah. En réaction, l’investissement réalisé par les forces de police en vue de la planification des manifestations devient considérable, à la fois humain et technologique. Malgré les appels à la rigueur, le G20 de Toronto en 2010 coûtera officiellement 942 millions d’euros…En 2017, dans une interview à «la Repubblica», le chef de la police Franco Gabrielli a aussi reconnu que des manifestants avaient été torturés par les forces de l’ordre, lors du sommet de 2001, au cours duquel un jeune homme était décédé et plusieurs milliers blessés recensés.

Cependant les difficultés à contenir les manifestants et à gérer l’impact médiatique du contre-sommet amènera le G7 à choisir pour les sommets des bourgades éloignées des grandes métropoles[10]. Le G7 de Biarritz rompt avec cette tactique d’isolation et de confinement, en se tenant dans une agglomération d’environ 160 000 habitants, proches des grands axes routiers et où le réseau associatif, paysan, militant et altermondialiste est historiquement dense. C’est donc un pari très risqué pour l’exécutif français. Fin 2018, la plateforme G7-EZ est rapidement parvenue à fédérer les mouvements citoyens, les syndicats et les associations altermondialistes opposés à la tenue d’un sommet de dirigeants à Biarritz. Au Pays basque, certains ressentent le choix d’y organiser le G7 comme un dernier coup de force très symbolique de l’État français, une manière de s’y affirmer définitivement, sans contrepartie politique et sous les yeux des grands dirigeants de la planète. En effet, huit ans après que l’ETA ait annoncé « la fin définitive de son action armée » et deux ans après le démantèlement de son arsenal par la société civile, Paris rechigne à normaliser la situation des prisonniers basques, et depuis mai, le gouvernement Macron s’attaque même, via le ministre de l’éducation Blanquer, à l’enseignement immersif en langue basque.

Dans le sillage de la répression des Gilets Jaunes et des mesures d’exception qu’a connu le Pays basque, les thèses les plus pessimistes craignent à Biarritz une nouvelle forme d’État policier, caractérisé par une absence totale d’obligations pour les autorités de rendre des comptes.

Cependant, comme le martèle Gustave Massiah, « cette bataille n’est pas perdue d’avance et l’évolution actuelle tend à confirmer le bien-fondé de cette perspective qui consiste à opposer le droit et la force, à la domination et l’injustice ». A sortir des espaces confinés et ultra-protégés, plus que la menace sécuritaire, Emmanuel Macron prend le risque de voir le mouvement altermondialiste s’approfondir et s’élargir. Élargissement géographique d’abord, mais surtout social avec les mouvements paysans, les syndicats, les No-Vox, les comités de quartiers, les forums de migrants, les ONG et les mouvements de désobéissances environnementales, les revendications indépendantistes, anticapitalistes et… les Gilets jaunes.

 

[1] Une stratégie altermondialiste. Gustave MASSIAH La Découverte. 2011.
[2]   Le grand manipulateur  de Marc Endeweld | 24 avril 2019. Stock.
[3]Attac, Le G8 illégitime, Mille et Une Nuits, Paris, 2003.
[4]      Qui mene le monde ? Noam Chomsky, Julien Besse (Traduction). LUX éditeur. Paru le 18 octobre 2018.
[5]Le G7, le G8, le G20 et après ?  Nils Andersson.  Dans Savoir/Agir 2011/4 (n° 18), pages 99 à 105
[6]      La diplomatie de la connivence
. Les dérives oligarchiques du système international
. Bertrand Badie
, La Découverte, 2011, 273 p.
[7]      Les prisons de la misère (Rais. d’Agir) Loïc Wacquant
[8]    Rarement en France un mouvement social n’aura été autant puni par les autorités. (Les chiffres officiels, forcément parcellaires, donnent encore le tournis : 3.830 blessés, 8.700 gardés à vue, 13.460 tirs de LBD 40 et 1.428 tirs de grenades lacrymogènes instantanées explosives…)
[9]Lesley J. Wood, Mater la meute : La militarisation de la gestion policière des manifestations, traduit de l’anglais par Éric Dupont. Mathieu Rigouse, Le marché global de la violence, Lux.
[10] Kanaskis, petit village du fin fond des Rocheuses canadiennes en 2002;  Sea Island en 2004 et Camp David en 2012 aux Etats-Unis ; Schloss Elmau, un hôtel de luxe situé au pied des montagnes du Wetterstein en Allemagne en 2015 ; Shima au Japon dans le parc national d’Ise-Shima en 2016; les petites bourgades Taormine en Sicile et La Malbaie au Canada respectivement en 2016 et 2017.

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