La vague abertzale

Couverture de l'Enbata n° 2359 du 1er Juillet 2020 "Municipales, les Abertzale en force" avec les maires abertzale Philippe Aramendi (Urruña), Mikel Hiribarren (Itsasu),  Bruno Carrere (Uztaritze), Eneko Aldana Douat (Ziburu).
Couverture de l’Enbata n° 2359 du 1er Juillet 2020 « Municipales, les Abertzale en force » avec les maires abertzale Philippe Aramendi (Urruña), Mikel Hiribarren (Itsasu), Bruno Carrere (Uztaritze), Eneko Aldana Douat (Ziburu).

L’Édito du mensuel Enbata

Sur fond de forte abstention, le deuxième tour des élections municipales du 28 juin en Iparralde a vu déferler une vague abertzale dans la plupart des 18 communes ouvertes au scrutin. Cette nouvelle avancée est le reflet d’une société totalement bouleversée depuis un demi-siècle.

Sous le double effet de l’exil des Basques vers Paris et les métropoles françaises pour les études supérieures et la recherche d’emploi, dans un sens et dans l’autre, l’arrivée massive de populations extérieures, nos trois provinces sont passées de 210.000 habitants à 310.000. Le mouvement abertzale, dès sa naissance, a été confronté à ce choc démographique susceptible d’atteindre jusqu’à notre propre identité.

Face à cela, les abertzale d’Iparralde ont décidé, non pas de “libérer” leur pays mais de le construire.

Avec d’autres, ils l’ont sorti du déclin pour en faire un territoire dynamique où les valeurs basques sont une plus-value.

Et c’est ainsi que dans des communes dont les populations ont doublé ou triplé en quelques décennies, le score abertzale, loin d’être un repli ethnique, emporte les mairies. Les gens ont envie de vivre dans ce pays, selon son mode traditionnel, d’envoyer leurs enfants à l’Ikastola ou au bilingue, de créer des entreprises innovantes et consacrer leurs week-ends au plaisir des tapas à Donosti.

Aussi, le “Front Républicain” que certains voulaient dresser à Ciboure pour barrer la route aux “séparatistes” d’EHBai relève désormais du ridicule.

Venant conforter les victoires du premier tour, bravo aux nouveaux maires abertzale du second tour, à Ciboure avec 57,13% face à trois autres listes, à Urrugne avec 45,91% des voix face à deux listes, à Ustaritz avec 51,21% face à deux listes, à Itxassou avec 42,23% face à deux listes, à Saint-Pée avec 51,30% face au maire sortant et ainsi que dans une dizaine d’autres communes où les abertzale intègrent des équipes ouvertes…

Un regret sur Mauléon où nous n’avons pas su passer un accord avec le maire sortant, ancien président de l’ikastola locale et de Herrikoa, permettant ainsi l’élection d’un communiste minoritaire et désireux de rejoindre l’agglomération d’Oloron plutôt que celle du Pays Basque.

A Bayonne, les abertzale s’étant retirés du second tour pour incompatibilité avec Henri Etcheto, la réélection de Jean-René Etchegaray n’est plus celle étriquée à 26 voix de 2014 mais nette cette fois-ci avec 53,51% des suffrages exprimés sur Henri Etcheto à 46,19%. Il est clair que les voix abertzale orphelines ont majoritairement fait pencher la balance. Reste que les trois villes du BAB, le tiers des habitants d’Iparralde, demeurent toujours, assez largement, terre de mission. Absence de candidat abertzale à Anglet, présence en alliance avec les verts et les insoumis à Biarritz, mais faiblement représenté, l’abertzalisme traîne, scrutin après scrutin cet handicap mortifère.

Régionales, Départementales, ou Législatives en vue, que faire ?

Dans l’immédiat, il nous faut gérer cette vague municipale qui devrait en partie modifier le panorama politique basque et déboucher sur une présence collective organisée à l’Agglo. En l’état actuel des choses, la Communauté Pays Basque, couvrant l’intégralité du territoire historique d’Iparralde, doit devenir l’assemblée où notre expression politique imprime la gestion du quotidien et les perspectives de destin.

Elle est pour nous le lieu du débat public comme le sont près de nous les Conseils Départemental et Régional. C’est là que nous devons entraîner l’ensemble de la représentation citoyenne pour sa transformation en communauté spécifique à statut particulier, élue au suffrage universel direct, sur le modèle de la métropole de Lyon regroupant les compétences du Département et de l’Intercommunalité.

Au-delà du périmètre basque, le dernier tour des municipales a vu en France, contrairement à Iparralde, l’abstention grossir sur celle déjà lourde du 15 mars. Amplifiant la percée potentielle de EELV du premier tour, une vague verte s’est emparée des métropoles de l’Hexagone, Lyon, Strasbourg, Marseille et Bordeaux où le Bas-Navarrais Pierre Hurmic, surmontant le coup bas du maintien du syndicaliste Poutou, bat le maire sortant et met fin à 70 ans d’hégémonie de droite, de Chaban-Delmas à Juppé.

Nous ne pouvons que nous réjouir de la victoire du seul parti français de gouvernement soutenant ouvertement la cause basque et dont la philosophie politique est le fédéralisme. Depuis longtemps, leurs leaders se sont physiquement mêlés à nos combats, de Dominique Voynet à Noël Mamère. Ils sont aujourd’hui encore nos alliés privilégiés.

Il est vrai, comme l’a relaté Enbata célébrant ses 60 ans, que la construction de l’abertzalisme en Iparralde est inhibée de la dimension écologiste au point que le militantisme actif et créatif ainsi que la formation environnementale, relève ici de Bizi! au coeur de la mouvance abertzale.

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8 réflexions sur « La vague abertzale »

  1. Enbata est un journal que je lis avec plaisir, y compris les articles de Xabi Larralde dont la vision du Pays Basque est pourtant opposée à la mienne … à une exception près, ceux du très réactionnaire Jakes Abeberry qui vient une fois de plus nous asséner sa vision d’ un Pays Basque rétrograde, en parlant à propos de Poutou à Bordeaux du  » coup bas du SYNDICALISTE Poutou ». Coup bas, pourquoi pas, mais pourquoi lui reprocher d’être syndicaliste? Une telle remarque est la preuve d’ un esprit borné, pétainiste, malheureusement encore trop présent dans le monde abertzale qui a pourtant fait tant de.choses positives depuis 40/50 ans pour faire évoluer le Pays Basque vers un monde plus juste. Les militants d’ ELB et de LAB, les deux excellents syndicats basques apprécieront le mépris qu’ une telle phrase dénote.
    Avec des gens comme vous M. Abeberry les droits des des travailleurs dans ce pays seraient encore à un niveau lamentable. Poutou et les autres syndicalistes d’ ici et d’ ailleurs ont fait cent fois plus pour les travailleurs basques que vous et ceux qui pensent comme vous.

  2. … »Un regret sur Mauléon où nous n’avons pas su passer un accord avec le maire sortant, ancien président de l’ikastola locale et de Herrikoa, permettant ainsi l’élection d’un communiste minoritaire et désireux de rejoindre l’agglomération d’Oloron plutôt que celle du Pays Basque. »…

    « élection d’un communiste minoritaire » : « le communiste » LABADOT (puisqu’il a un nom ): 37.61%. Les « autres »: 33.45 et 28.92 %. Et il aussi basque que les autres. Et il travaille déjà avec toutes les associations culturelles de Mauléon. Il défendra son programme au sein de la CAPB avec autant de conviction que les autres…
    Et surtout une participation de 82.27%. Un des meilleurs score de FRANCE. Les communistes mauléonais ont su faire prendre conscience aux habitants de l’importance de l’enjeux. Qui dis mieux dans les autres communes de la CAPB ?

    « désireux de rejoindre l’agglo. d’Oloron » :
    Il faut être ou borné ou d’un nationalisme à courte vue pour ne pas voir l’évidence. Mauléon, de par sa situation géographique ( 31km d’Oloron et 109 km de Bayonne !…) du bassin d’emploi, de la proximité des démarches administratives, de la proximité des établissements de santé et des établissements d’enseignement (secondaires et supérieurs) , des voies de communications plus courtes ( coût carbone…) est plus tourné vers le Béarn (Oloron et Pau) que vers une côte dite abusivement « basque » et qui exerce toute sa domination dans l’ organisation antidémocratique de la CAPB. Pour des gens qui ont le mot  » jacobins, jacobins !.. constamment à la bouche: bravo !

  3. LABROUSSE JEAN-PIERR : Vous parlez au nom des 37.61% de Mauléonnais qui ont voté Labadot, n’est-ce pas ?
    Parce que je ne pense pas que les 62,37% qui ont voté Etchebest ou Elkegaray soient d’accord avec vous…

    1. Antton, n’additionnez chèvres et choux pour justifier le propos de J. Abeberri ( « le communiste minoritaire »)
      Le communiste LABADOT est en tête au second tour. Avec une participation record , s’il y a une commune en FRANCE ou la légitimité d’un maire n’est pas à mettre en doute, c’est bien à Maule – Lextarre
      Point barre !

      1. Oui, Labadot est en tête au second tour avec 40.34 % des voix, alors que son adversaire principal est à 38,24 %.
        De là à dire qu’il a été élu dans un fauteuil, il faut avoir une sacré mauvaise foi !
        Il est quand même très loin de la majorité absolue.

        1. Antton.Vous confondez score des candidats et taux de participation…
          Qui vous a dit que Labadot avait été élu dans un fauteuil ?
          Il n’y a que les rois qu’on intronise !
          Il n’est pas obligatoire d’avoir la majorité absolue pour gouverner. C’est ça la Démocratie Républicaine.
          Alors qui de nous deux fait preuve d’une « sacré mauvaise foi » ?

  4. Vous vous réclamez « tout aussi basque que les autres » …
    Sauf que vous niez la territorialité du Pays basque. Certes Oloron est plus près de Mauléon que Bayonne…. Pampelune est aussi plus près de Mauléon que Paris, mais je doute que vous soyez devenu indépendantiste basque pour autant… (sur Google maps Mauléon-Bayonne ou Mauléon-Pau même temps de trajet).
    Vous vous opposez à toute cohérence territoriale du Pays Basque en opposant la Soule à la Côte dont vous niez même le caractère basque…
    Avec des basques de ce type, pas besoin d’ennemis…

  5. Jakes, tu me déçois fortement.
    Tu es en train d’aider à la destruction de ce pour quoi tu t’es battu depuis des décennies. Tu n’analyse même pas ce qui s’est passé à Baiona, où à 2 voies prêt le sort de BVS aurait basculé. Heureusement que Bihar Baiona va continuer à porter ce qui a été négocié ensemble entre socialistes, abertzale, écolos et autres.

    Nous avions œuvré ensemble il y a 30 ans à ce qu’une voix abertzale puisse être écoutée. L’équipe de Baiona défrichait seule ce terrain, alors que les barons de centro-droitistes verrouillaient barnekalde.
    Aujourd’hui, probablement aveuglé par la campagne haineuse diffusée entre-autres dans Enbata, tu promeus le retour en arrière. Pourquoi ne fais-tu pas confiance à ceux qui travaille aujourd’hui à Baiona ?

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