Paris et Madrid tombent dans le panneau

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Plus de 3 000 personnes le 17 décembre à Bayonne

Cinq abertzale connus reprennent le flambeau de la Commission internationale de vérification paralysée depuis la conférence d’Aiete. Leur démarche symbolique pour rendre inutilisables quelques armes d’ETA, puis leur arrestation et l’immense élan de soutien qui s’ensuit, remettent sur la table la question d’un processus de paix bloqué par Madrid et Paris. Près de 600 élus d’Iparralde relaient la démarche des cinq “faiseurs de paix”. Les deux capitales sont désormais face à leurs responsabilités.

L’art du politique est de pousser l’adversaire à la faute et de cristalliser les attentes de l’opinion publique. C’est ce que viennent de réussir brillamment Txetx et Michel Berhocoirigoin —tous deux collaborateurs d’Enbata—, Michel Bergouignan, Béa Molle-Haran et Stéphane Etxegaray (1). Dans la soirée du 16 décembre, ils se sont retrouvés à Louhossoa, au domicile de Béa Molle-Haran, où ETA avait déposé un petit stock d’armes et d’explosifs : 29 armes de poing et 9 fusils d’assaut, 12 pistolets mitrailleurs, chargeurs, munitions, détonateurs et quelques explosifs(2). Leur but était de procéder symboliquement et avec l’accord d’Euskadi Ta Askatasuna, comme la Commission internationale de vérification créée en octobre 2011 lors de la conférence internationale d’Aiete. Ils avaient l’intention de rendre ces armes inutilisables à l’aide d’une meuleuse et d’une perceuse à colonne et de filmer l’opération. Puis de médiatiser leur démarche, pour sensibiliser l’opinion publique sur un aspect du processus de paix basque qui n’avance pas en raison de la mauvaise volonté de Madrid et de Paris (3). Ils n’ont pas été déçus. Le projet des cinq militants abertzale était éventé. La DGSI, le RAID, la BRI et la Guardia civil, tels un taureau sur une muleta habilement agitée, se sont précipités sur les lieux pour cueillir tout le monde en flagrant délit. Lutte contre le terrorisme et état d’urgence obligent. Ils ont fait ce qu’ils font depuis des décennies, se payer du Basque. Le grand ramdam, un bataillon de Robocops cagoulés passait à l’action. Avec en prime, expédition par avion vers Paris.

L’embrasement

Mal leur en a pris. En réalité, les policiers franco-espagnols sont tombés dans le panneau. Leur imaginaire répressif s’est fracassé sur le réel. Dans les heures qui ont suivi et pendant quatre jours, la planète politico médiatique via internet s’est embrasée. Elus locaux et société civile, du PS aux Républicains en passant par l’UDI, le Modem, le PCF et les Verts, du chef du gouvernement basque au Conseil régional d’Aquitaine, des syndicats aux groupes les plus divers, 210 élus, 116 journalistes, plus de 3000 personnes le 17 décembre dans les rues de Bayonne, tous apportent leur soutien aux cinq Basques interpellés. 25.000 signatures sont recueillies en quelques dizaines d’heures. Les trois députés du Pays Basque Nord écrivent au premier ministre, du jamais vu dans l’histoire de l’abertzalisme. Et il s’agit de soutenir ETA… dans son projet de désarmement. Hier, ETA faisait l’unanimité contre lui, aujourd’hui ce sont les Etats qui font l’unanimité contre eux. Le maire de Bayonne Jean-René Etchegaray (UDI) connaît bien quelques-uns des accusés. Son interview parue dans le quotidien Sud-Ouest du 19 décembre, sera à marquer d’une pierre blanche. Alors que sur d’autres dossiers, il a quelques reproches à faire aux abertzale, sa hauteur de vue et son courage dans cette affaire sont époustouflants. Quelques jours plus tard, le 24 décembre, une délégation de près de 600 élus d’Iparralde, dont 80 maires de tous bords, rencontre la sous-préfète de Bayonne pour soutenir les cinq “artisans de la paix, bakearen artisauak”. Ils adressent au gouvernement une lettre lui demandant de “s’impliquer dans la processus de désarmement et la résolution globale du conflit”. Malgré le cocorico du ministre de l’Intérieur dans son communiqué du 17 décembre puis les déclarations du ministre à Berlin, le juge antiterroriste parisien Christophe Tessier, devant lequel comparaissent nos cinq amis, procède très vite à un rétropédalage en urgence absolue. Les chefs d’inculpation prononcés au départ, “association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, infraction à la législation sur les armes en bande organisée et en relation avec une entreprise terroriste”, aboutiront à un pet de lapin. Cette opération “antiterroriste” est un flop. Ces messieurs réalisent qu’ils se sont fait piéger et il faut très vite éteindre le feu. Le cynisme et la bêtise des Etats sont révélés au grand jour. Tous les prévenus sont libérés sur le champ et placés sous contrôle judiciaire. Seul demeure dans leurs dossiers le chef d’inculpation pour infraction à la législation sur les armes. Une mini-mesure pour ne pas perdre totalement la face. Tels le corbeau de la fable, à Paris, certains ont dû jurer un peu tard qu’on ne les y prendrait plus.

Politique du pire

Certes, le nombre des prisonniers politiques basques a baissé, mais la politique de dispersion persiste plus que jamais. Ceux qui sont libérés arrivent simplement en fin de peine. Le gouvernement espagnol exige pour l’élargissement des autres une procédure particulièrement longue et humiliante (4). C’est seulement contrainte et forcée par une décision de la Cour européenne des droits de l’homme le 21 octobre 2013 que l’Espagne a libéré d’un seul coup plus d’une soixantaine de prisonniers politiques basques. Même pour les preso gravement malades, les deux Etats refusent la plupart des demandes de libération. Pire, ils procèdent à de nouvelles arrestations en France comme en Pays Basque, encore récemment à Marseille le 14 décembre, à Ascain le 5 novembre. Une cache d’armes est découverte le 12 octobre dans la forêt de Compiègne (Oise). Bref, ils pratiquent la politique du pire pour obtenir une reddition plus forte encore : l’autodissolution d’ETA et les adresses des caches où sont entreposées les armes. Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur en visite officielle à Madrid, l’avait indiqué en mai 2012 : “La dissolution et le désarmement total de l’ETA sont le préalable à toute discussion”. Pour les Basques, la guerre est finie, mais pour les franco-espagnols, elle continue. Le vainqueur veut faire rendre gorge à son ennemi et veut surtout qu’il “se souvienne pendant longtemps”, de la répression et de la défaite, comme le rappelait le leader Kanak Jean-Marie Tjibaou. Quant au stock d’armes, l’organisation armée basque aurait pu s’en débarrasser purement et simplement. En les revendant sur le marché international où, paraît- il, existe une forte demande. Finalement, ETA s’est inspiré d’un des volets du processus de paix irlandais marqué par une négociation globale entre les belligérants. Une Commission internationale reconnue par les Etats anglais, irlandais et nord-américain a procédé au démantèlement de l’arsenal de l’IRA. Le général canadien de Chastelain dûment mandaté s’est chargé des opérations qui ont été achevées en septembre 2005.

Piste d’atterrissage

Par leur action symbolique et courageuse, cinq abertzale ont changé la donne. Avec tous leurs soutiens, ils ont posé sur le devant de la scène la question du processus de paix que deux Etats concernés s’obstinent à nier et à saboter depuis cinq ans. Le 20 octobre 2011, ETA a définitivement cessé le feu. Mais la question de la remise des armes et le sort de près de 350 prisonniers politiques basques, ne sont toujours pas réglés. Dans toute fin de conflit, le devenir des prisonniers politiques ou des prisonniers de guerre est abordée et négociée par les deux ex-belligérants, après la négociation politique proprement dite portant sur le fond. Dans le conflit basque, aucune négociation. L’arrêt définitif de l’activité armée procède d’une décision unilatérale d’ETA. Pourquoi ? La réponse sera pénible à entendre par beaucoup d’entre nous. Parce qu’il s’agit d’un conflit de basse intensité et d’une défaite, donc d’une reddition. Nous avons deux Etats vainqueurs et un vaincu. Ce dernier a fait le choix de créer une piste d’atterrissage, une porte de sortie honorable, ce fut la conférence internationale d’Aiete le 17 octobre 2011 et sa feuille de route cautionnée par de grandes personnalités mondialement connues. Mais l’Espagne et la France ignorent tout cela et traitent la démarche de palinodie ou de pièce de théâtre inutile. En somme, le coup du mépris. Dans toute fin de guerre, une telle attitude est le propre du vainqueur : face à Hitler, Pétain ne négocie quasiment rien à Rethonde le 22 juin 1940. Devant Giap à Dien Bien Phu le 7 mai 1954, le général Christian de la Croix de Castries ne négocie rien, ni sur les prisonniers, ni sur le devenir des armes.

Chatouilleux sur les armes

Dans la cadre de la démarche d’Aiete, une Commission internationale de vérification a bien été créée et a fonctionné. Pour constater le cessez-le feu tout d’abord, pour commencer à démanteler l’arsenal ensuite. Une seule opération fut mise en oeuvre à Toulouse en février 2014. Résultat, les deux observateurs de la Commission, le Sud-africain Ronnie Kasrils et le Sri-lankais Ram Manikkalingam se sont retrouvés convoqués devant un juge de l’audiencia nacional. Leur mission n’était reconnue ni par la France ni par l’Espagne. La démarche n’a pas été renouvelée, leur action est en sommeil. Le gouvernement autonome basque a fait aussi une offre de service en décembre 2014, mais elle n’a pas eu de suite. Elle pose sur le plan juridique un problème de compétences. Raymond Kendall, ex-secrétaire général d’Interpol, est membre du Groupe internationale de contact, créé au moment de la conférence d’Aiete. Il déclare le 19 décembre que le gouvernement français “a eu la possibilité de régler la question du désarmement une fois pour toutes, mais a toujours rejeté les propositions qui lui ont été faites”. Les Etats sont très chatouilleux sur les questions d’armes : elles sont directement liées au “monopole de la violence légitime” qui définit le pouvoir d’Etat, à la souveraineté et aux droits régaliens qui en découlent. Quant à l’hypothèse d’une justice transitionnelle, elle fait partie des rêves de ceux qui croient en la morale ou en la compassion du “plus froid des monstres froids”. L’Etat et la nation dominante qui le dirige, n’ont que des intérêts, plutôt à courte vue. Les instances du type Commission de la vérité et de la réconciliation (Afrique du Sud) ou Vérité et dignité (Tunisie) demeurent dans les limbes. En Espagne, c’est la commission Humiliation et amnésie qui marche bien depuis 40 ans, malgré les efforts de quelques-uns pour faire sauter la chape de plomb.

A la Turque

Négocier quoi que ce soit avec les Basques serait en faire un interlocuteur et donc reconnaître l’adversaire, le légitimer. La France et l’Espagne continuent de traiter les militants abertzale comme des délinquants de droit commun. Ils ont intérêt à ce que le double blocage sur les armes et les preso persiste le plus longtemps possible. Il n’y a plus d’attentat, donc l’essentiel de leur problème basque est réglé. Un gel du conflit en ces termes leur permet de poursuivre dans la répression, de stériliser des centaines de Basques en prison, exilés ou clandestins, de brider le souverainisme politique qui, ainsi, ne tourne pas totalement la page de la lutte armée et reste au milieu du gué, s’acharnant à régler encore et toujours les questions du passé. Avec toutes les tensions que cela suppose. Une fraction de la gauche abertzale réclame l’amnistie pure et simple, elle s’organise en nouveau parti politique. Le germe de la division au sein de l’adversaire, donc la garantie de l’affaiblissement. La “loi scélérate” d’Aznar qui permet —à la Turque— l’interdiction d’un parti politique basque, demeure en vigueur. Version espagnole de l’état d’urgence en somme, mais définitivement. Dès qu’apparaît un graffiti ou un tweet pro-ETA, direction la case de l’audiencia nacional.

PanneauSe jeter dans la gueule du loup

Le statu quo actuel est un vrai boulevard. Cerise sur le gâteau, il laisse du temps à nos adversaires pour travailler l’opinion publique basque, la convaincre du caractère illégitime de la lutte armée d’hier, réécrire l’histoire, renforcer au nom du vivre ensemble ou de la cohabitation la présence espagnole et française en Euskal Herria. C’est toujours ça de gagné. Tout bénéf’ pour Madrid et Paris. Il est logique que face à cela, cinq abertzale exemplaires veuillent faire bouger les choses. Seuls dans nos rangs existent des femmes et des hommes de cette trempe, prêts à prendre de tels risques en se jetant dans la gueule du loup. Les militants qui discrètement ont organisé l’impact médiatique et politique de l’opération méritent aussi un grand coup de chapeau. La rapidité et l’ampleur des réactions de soutien à Txetx, Michel Berhocoirigoin, Michel Bergouignan, Beatrice Molle-Haran et Stéphane Etxegaray sont sans précédent dans notre histoire politique récente. C’est aussi le résultat d’un travail considérable de préparation, de dialogue et de liens tissés avec des élus ou des responsables de tous bords, réalisé par Bake bidea (5). ETA a accepté de confier à cinq “artisans de la paix”, membres de la société civile, le soin de mettre en oeuvre son désarmement. Forts du soutien de l’opinion publique au nord et au sud de la Bidassoa, Txetx et ses amis proposent de poursuivre en jouant les intermédiaires entre le gouvernement et l’organisation armée basque pour enfin clore ce dossier.

Correspondance

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(1) Le président d’honneur de la Ligue des droits de l’homme (LDH), Michel Tubiana, devait être présent. Il n’a pas participé à l’opération, mais il l’a soutenu publiquement.

(2) Cet ensemble représenterait 15 % du total des armes que détient ETA dans ses caches.

(3) Dans un courrier du 19 octobre 2016 rendu public par ses destinataires, ETA se déclare “disposé à remettre ses armes entre les mains de la société civile”, représentée par Michel Tubana (LDH), Txetx et Michel Berhocoirigoin, “afin qu’elle procède à leur destruction, en collaboration avec les acteurs internationaux” et en recherchant “l’implication et le soutien des institutions basques”.

(4) Elle se situe au fond dans la logique des camps de rééducation et du bourrage de crâne dénoncée par la France lorsque ses soldats restèrent dans les camps vietnamiens. Ils étaient otages et le vainqueur tentait de les persuader qu’ils avaient eu tort de se battre.

(5) Le lecteur consultera avec intérêt le site : www.bakebidea.com

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