
L’enjeu du bien-être animal s’impose peu à peu, interrogeant sur notre mode d’alimentation mais aussi sur les modèles agricoles et les liens entre producteurs et consommateurs.
Un animal a-t-il une âme ? Peut-on le mettre au même niveau qu’un être humain ? Ce débat de société est à ce jour porté par les végans. Il est difficile d’évaluer le nombre de personnes autour de nous qui ne mangent plus de viande par choix éthique. Il semble que ces personnes soient assez minoritaires malgré le fait qu’ils prennent énormément de place dans les médias ou sur les réseaux sociaux. On voit par ailleurs fleurir un peu partout de nouveaux magasins ou restaurants vegans. Ceci dit, cela mérite une réflexion de fond car l’avenir peut faire basculer les futures générations vers ce mode de consommation.
L’agriculteur que je suis se pose énormément de questions là-dessus et une remise en question permanente dans notre métier est toujours nécessaire pour faire évoluer nos méthodes ou bien pour conforter nos choix de production.
Coévolution
Si on remonte dans le temps, nos ancêtres australopithèques d’il y a trois millions et demi d’années étaient principalement végétariens, même s’ils consommaient un minimum de viande. Pour autant, l’évolution de l’homme a fait que nous nous sommes mis à chasser des animaux, puis à les élever pour les manger. Beaucoup de scientifiques affirment que les femmes et les hommes d’aujourd’hui ont évolué génétiquement de manière à avoir besoin de viande pour avoir une alimentation équilibrée. Ils conseillent néanmoins de mesurer les quantités de manière à éviter l’apparition de certains cancers.
Concilier élevage et bien-être animal
Les personnes ayant fait le choix de ne pas consommer de viande considèrent tous les animaux au même rang que l’humain. Ils comparent le fait de les amener vers un abattoir à un assassinat, tout simplement. L’association L214, qu’on ne présente plus, milite en cachant des caméras dans des fermes bien choisies et où les animaux sont maltraités. Ce sont principalement des fermes-usines qui sont ciblées car il est plus facile d’y trouver des animaux en souffrance et qui serviront à produire des images choquantes pour l’opinion publique. Pour autant, doit-on en faire une généralité ? Notre Pays Basque est la preuve que non, grâce à l’agriculture paysanne qui y est aujourd’hui majoritaire. Celle-ci est défendue par des hommes et des femmes qui ont su faire des choix stratégiques vers un modèle agricole plein de sens. Nos petites fermes travaillent bien souvent selon les exigences officielles de qualité, sous respect de cahiers des charges contraignants et garantissant par la même occasion que les animaux y sont bien traités. Ces fermes-là peuvent tranquillement accueillir les caméras à visage découvert : on y trouvera de la bienveillance envers les animaux.
La perte du lien avec le monde agricole
Comment pouvons-nous expliquer que de plus en plus de personnes adoptent ce mode de vie végan ? Ce phénomène est certainement lié à la disparition de milliers de petites fermes au fur et à mesure que les décennies ont défilé ! Ainsi, de fil en aiguille, le lien entre les paysans et les citoyens consommateurs s’amenuise. Il y a 30 ans, tout le monde avait forcément un lien avec les exploitations agricoles et même les citadins passaient leurs vacances à la ferme chez les grands-parents, oncles ou tantes éleveurs. Cela leur permettait d’avoir une vision connectée à la terre, en observant les animaux de leur vivant jusqu’à leur mort, tout en acceptant de manger leur viande.
L’évolution d’un type d’agriculture
vers l’industrialisation
a renforcé la méfiance de certains consommateurs
vis-à-vis de l’élevage.
En parallèle, l’évolution d’un type d’agriculture vers l’industrialisation a renforcé la méfiance de certains consommateurs vis-à-vis de l’élevage. Cela fait longtemps qu’il est urgent de réinstaller des petits paysans en nombre pour recréer ce lien perdu avec une frange de la population. Respectons nos animaux et remercions-les pour la bonne nourriture qu’ils nous offrent en faveur de notre bonne santé.