Aux premiers jours de Seaska

Ikastola

Argitxu NOBLIA

Certains se demandent comment et pourquoi Seaska est né… En fait, Seaska est là depuis un demi siècle… après avoir été le berceau de ce qui est devenu une institution reconnue dans le paysage scolaire du Pays basque en France…

Seaska est un des piliers qui ont participé à l’éclosion et le développement des ikastola-s en France. Simple association de type juillet 1901, Seaska a été et est encore le socle administratif du mouvement éducatif et scolaire qui a permis l’enseignement en langue basque de façon officielle et légale. Et si je peux retracer quelques éléments de son histoire, c’est que j’ai présidé à sa fondation et assuré la responsabilité de sa présidence durant les six premières années.

Langue basque

Dans l’après guerre des années 50, l’éventualité d’une école en langue basque semblait totalement irréaliste et ne venait pas dans le champ des possibles imaginé dans la déclaration des Droits de l’Homme, ni nommément, non plus dans la Charte d’Enbata d’Itxassou. Alors que la pratique de la langue basque était cantonnée au domaine rural, familial et maternel, le système scolaire français s’imposait obligatoirement.

Cependant, certains parents ressentaient le désir d’être inscrits dans leur histoire, leur géographie, leur culture, leurs connaissances et leur langue. A l’instar des mouvements de décolonisation, puis de mai 68, des familles ont essayé de réfléchir à de nouvelles solutions éducatives. C’était le cas de la famille Noblia qui avait eu le souci de diverses mesures pour faire accéder ses huit enfants à un niveau minimal de pratique linguistique basque par l’apprentissage des chansons traditionnelles (avec la cuisinière Catherine Cherbero et Yvonne Charriton), des traductions (l’Imitation de J.Christ de Léon Léon ), des cours individuels (lors des récréations à l’ école avec des enseignantes de Stella Maris et Mr Arburu à la mairie de Biarritz), des rencontres( avec l’abbé Lafitte), des séjours dans trois familles bascophones à Hélette, Oñate et Lekeitio, des lettres hebdomadaires écrites en basque à mon père qui résidait en Côte d’Ivoire sous le suivi régulier maternel qui a mis plus tard en place, la première librairie en basque dénommée Jakin. L’intérêt pour la langue basque était un objectif important dans la famille.

Utilité des études

C’est dans ce contexte que j’ai été élevée dans une école catholique de filles, tenue par les Servantes de Marie, avant de suivre les cours de la faculté de médecine de Bordeaux où le doctorat (4e génération) de médecine m’ a permis aussi de pratiquer la spécialité d’anesthésiologie et m’a convaincue de l’utilité des études. Mon père, natif de Cambo, avait bénéficié en 1939, de l’aide d’un pêcheur du port basque de Getaria (patrie d’El Cano) pour rejoindre la Côte d’Ivoire où il était domicilié depuis 1932, et où il devait être mobilisé par l’armée française, alors que mon parrain était engagé en tant qu’ officier pilote dans l’armée de l’air… et que mon grand père maternel, médecin à l’Hôpital de Bayonne, après avoir été médecin commandant durant la guerre de 14, affecté au Chemin des Dames et à Verdun, avait participé à la fondation du Musée basque et à celle de la Société Médicale du Pays Basque…

Cette histoire a bercé ma jeunesse et je n’avais pas eu peur d’épouser un jeune homme né à Amezketa, près de Tolosa, qui avait décidé de venir en France et obtenir le statut de réfugié. Quatre enfants sont nés de cette union et ont constitué le premier groupe, pris en charge par une enseignante bascophone et ayant eu une pratique dans une école de Donostia. Ce fut l’arrivée de Libe Goñi dans ma famille durant plusieurs mois, en fait, le temps aussi, de mettre à jour sa situation administrative pour être déclarée à l’URSSAF et à la médecine du travail, avant d’être prise en charge par l’association Seaska. Mes enfants et leur enseignante, nous habitions à la villa Espinal au Polo Beyris, à Bayonne, au deuxième étage. Devant les bons résultats obtenus, d’autres parents ont demandé à ce que leurs enfants bénéficient aussi de cette organisation, et ont souhaité se joindre à cette expérience. Plusieurs parents de Bayonne, mais aussi de Biarritz, d’Arcangues… se sont manifestés et l’appartement en location, mansardé de la villa Espinal ne pouvait pas s’étendre pour accueillir des nouveaux enfants.

Association

Pour des raisons pratiques de responsabilités civiles, financières et d’assurances, la constitution d’une association de type juillet 1901, a été décidée. C’est ce qui s’est passé avec la fondation de SEASKA en avril 1969 qui proposait l’utilisation de la langue basque pour et par la petite enfance. Seaska rappelle le mot “berceau” en français qui laisse espérer un développement jusqu’à l’âge adulte. J’avais repéré ce mot lors d’un concert de chant donné par le groupe Oldarra durant lequel la berceuse Haurtxo ttikia seaskan dago était interprétée par Suzanne Abeberry. Le premier bureau de l’association Seaska sous ma présidence, aidée par Manex Pagola et Ramuntxo Camblong car certains parents comme Jokin Etxebarria ou Mikel Muñoa vivant et travaillant tout à fait officiellement étaient de nationalité espagnole ce qui était incompatible avec la prise de responsabilités dans l’association 1901 a permis de jeter les bases du fonctionnement de ce qui était davantage une crèche avant de s’élargir à la mise en place de la première classe d’enseignement primaire en 1975. Après avoir passé quelques semaines, à Bayonne, rue des Cordeliers dans le local prêté par Enbata présidé par le Dr. Michel Burucoa, cette première “ikastola” (le mot est né lui aussi à cette période) a été accueillie par l’association de la salle de la paroisse du Braou, à Biarritz, avant de s’installer officiellement dans un local mis à disposition par le maire d’Arcangues qui avait été sollicité par un habitant, Loulou Garat, membre d’Oldarra …. Et le mouvement a fait tâche d’huile avec un groupe à Bayonne mais aussi à Saint-Jean-de-Luz…

Nouvelles recrues

De nouvelles enseignantes ont été recrutées selon les critères de l’enseignement primaire de l’époque pour que les conditions d’efficacité éducatives et administratives soient remplies. Un responsable mi-temps a permis les démarches diverses et cela s’est concrétisé par l’embauche en 1972, de Manex Goyhenetche qui a consacré le reste de sa vie professionnelle à l’enseignement en langue basque. De nombreux autres enseignants ont été salariés de l’association Seaska pour développer l’enseignement dans plus de trente ikastola-s primaires, des Collèges secondaires et même un Lycée.

Et ce fut le début de l’histoire… de Seaska et des ikastola, Udaleku… et par la suite, celle des diwan, calandretes et même par ricochet, de l’enseignement bilingue dans les écoles publiques Ikas bi et catholiques Euskal haziak !

A titre personnel, cela a été une histoire difficile mais y avoir participé (certains de mes petits-enfants y sont encore..) durant cinquante ans est encore un motif de fierté. Mais je reconnais que cela a été difficile, très difficile, et pas seulement pour moi car les effets collatéraux qu’ont supportés de nombreux élèves et leurs parents n’ont pas fini de les toucher, de nous toucher. Ce tsunami associatif et éducatif a des répliques qui n’ont pas encore cessé.

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