Pollutaxe poids lourds

GipuzkoaDepuis le 9 janvier dernier, un portique écotaxe est en fonctionnement sur la route nationale N1 traversant le Gipuzkoa, au passage d’Irun. Il y en a deux autres jusqu’à Burgos, et le dispositif devrait être à nouveau complété par la suite. Produit de la taxe : 9 millions d’euros annuels, destinés à financer l’entretien de ladite Nationale. Retour sur l’abandon de ce dispositif par le gouvernement Français en 2014.

On s’en souvient, le même débat avait eu lieu en France en 2014 autour des portiques écotaxes établis en Bretagne après le Grenelle II de l’environnement. Outre la Bretagne, était également concernée l’Aquitaine mais sous la pression des “Bonnets rouges” bretons, la totalité du dispositif avait été abandonnée.

Durant les élections législatives de l’an dernier, EH Bai avait centré le volet écologique de sa campagne dans la sixième circonscription – celle principalement traversée par l’A63 – sur la remise en place de cette écotaxe, en y intégrant les réseaux routiers concédés (donc l’autoroute) initialement non concernés par le dispositif. En vain.

Aujourd’hui, avec l’écho de la mise en place de ces portiques à quelques kilomètres d’ici, et surtout alors que le gouvernement Philippe annonce l’abandon progressif des lignes ferroviaires jugées secondaires —je vais m’expliquer en suivant sur le lien que je fais entre les deux—, il me paraît important d’y revenir à nouveau.

Car cette affaire, soyons-en bien conscients, n’a rien d’une histoire ne concernant que des poids lourds et des routes. En tout cas, pas si l’on veut bien considérer que les questions d’aménagement de territoire ne se posent efficacement que si elles sont envisagées en interaction et non cloisonnées.

Question pour Iparralde

Ainsi, regardons donc la situation des transports au plan local, d’un point de départ qui paraîtra probablement inattendu mais qui me semble pourtant éminemment lié : le logement.

On le sait, les prix du logement sur la côte sont si chers que la plupart des gens recherchent maintenant le leur de plus en plus loin vers le Pays Basque intérieur (EH Bai a évoqué cette question en Labourd intérieur récemment). Or, la plupart des emplois et services restent bel et bien sur la côte, rendant donc l’usage de la voiture nécessaire, pour tout et ce, tous les jours, avec des conséquences multiples : pollution, bouchons quotidiens, coût pour l’usager, stationnement, stress, et surtout un vrai enjeu de santé publique et d’aménagement du territoire.

En parallèle à cette situation, on ne cesse d’avoir l’urgence climatique et sanitaire à la bouche, en particulier en période électorale. Mais dans les actes et notamment les politiques publiques, nous paraissons subir comme une fatalité la logique du “tout-voiture”, faute de réseaux de transports en commun efficients : le réseau actuel –qu’il soit routier ou ferré– est trop faible en rotations, en couverture géographique notamment vers le Labourd intérieur, les bus ne circulent pas assez en site propre, n’ont pas de tarification assez intéressante pour supplanter la voiture, et j’en passe.

C’est normal, car financer un tel réseau est extrêmement cher. Le pire, c’est que le coût de ces transports en commun est assuré par l’Etat et les collectivités territoriales, donc par le contribuable, alors que ce dernier ne peut que rarement en profiter au quotidien. Un développement de ces réseaux supposerait donc soit d’augmenter les impôts, soit d’augmenter la dette publique, rien de bien folichon. Mais pour autant on ne se creuse pas la tête pour trouver un autre gisement financier qui permettrait de contribuer à la fois massivement et légitimement à ce questionnement d’intérêt public.

Les camions qui, en montée à pleine charge à Biriatou,
polluent chacun autant que 27 voitures,
paient si peu de taxes
que les grands producteurs et distributeurs
les préfèrent toujours
à tout autre mode de transport.

Où les poids lourds paient les bus

Or, au moins ici sur la Côte basque, un constat saute à la fois aux yeux, aux oreilles et au nez : 3 millions de poids lourds traversent chaque année le Pays Basque du nord au sud et du sud au nord, soit plus de 8.000/jour. Ces camions qui, en montée à pleine charge à Biriatou, polluent chacun autant que 27 voitures, paient si peu de taxes que les grands producteurs et distributeurs les préfèrent toujours à tout autre mode de transport.

Le pire est qu’à défaut de proposer un développement du report modal, du ferroutage ou du merroutage, on leur élargit au contraire l’autoroute, aveu d’un bel avenir pour cette activité pourtant première émettrice de gaz à effets de serre.

Le parallèle est bien triste : en grossissant à peine le trait, il coûte bien moins cher de polluer un territoire que d’y financer des transports collectifs propres ! D’où l’idée de financer les modes de circulation vertueux en sollicitant les modes de transport polluants.

Cette proposition relève de la même logique que celle de la surtaxation des résidences secondaires : toutes deux consistent à faire d’un problème sa propre solution. Cela peut être reproduit dans de nombreux autres domaines et c’est frappé du sceau de la justice et de la morale : au nom de l’impact social, économique et environnemental que produit un phénomène, on le sollicite pour aider au financement des politiques publiques qu’il contribue à entraver.

À mon humble avis, EH Bai aurait tout intérêt à porter le fer sur cette question, surtout alors même que se met progressivement en route la Communauté Pays Basque.

Aujourd’hui, poser le débat de nouvelles compétences est prématuré alors même que celles déjà prises ne sont pas encore totalement ficelées. Mais ne perdons pas de vue qu’une maîtrise entièrement locale des politiques de transport collectif et de ses modes de financement est un gage évident non seulement de réussite, mais aussi d’affirmation politique de notre nouvelle collectivité locale unique, en particulier au regard de ses ambitions de coopération avec la Communauté autonome d’Euskadi déjà objectivement en avance dans ce domaine.

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