Voici une série de photographies de stèles et de croix provenant du patrimoine funéraire d’Iparralde. Ce choix forcément subjectif montre la qualité de ces monuments qui restent pour beaucoup d’entre eux à l’air libre, dépourvus de toute protection tant juridique que matérielle, avec les risques de disparition et de dégradation évidents. D’où l’appel lancé aujourd’hui par l’association Lauburu en faveur d’une politique publique visant à protéger et valoriser cet aspect majeur de notre culture.

Cette stèle de 1649 fait partie d’un ensemble de monuments exceptionnels retrouvés dans la même vallée bas-navarraise ou des villages proches. Suite à une recherche comparative réalisée par Jon Etcheverry-Ainchart, le nom du sculpteur a été partiellement découvert sur une des oeuvres: Tristan Bar… Voir l’article Brèves observations sur un maître ayant travaillé en Basse-Navarre au milieu du XVIIe siècle, paru dans Hil harriak, Actes du colloque international sur la stèle discoïdale, Musée Basque de Bayonne, 8-10 juillet 1982. Amis du Musée Basque, 1984. Pages 191 à 195. Accessible par le lien suivant: http://landibarre.blogspot.com/2017/12/ondarea-hilarriak-atalburuak-thevenon.html

Croix de Janne Richard née Lagarde au cimetière ancien de Donibane Garazi. Ce site exceptionnel de 350 tombes, pour la plupart du XIXe siècle, est en cours de réhabilitation et de valorisation. Il constitue une curiosité en raison de son homogénéité architecturale et de la qualité de ses nombreuses croix de type bas-navarrais.

Deux stèles de la vallée d’Hergarai, issues d’un atelier du XVIIe siècle qui a réalisé dans cette région des œuvres, au moment de « l‘âge d’or » de la discoïdale basque.

Jaillissante du sol, une stèle discoïdale sur fond de montagnes bas-navarraises. Le nom de la discoïdale prend plusieurs noms en euskara : gizonharria (homme de pierre), borobila (cercle), gizona (l’homme), harri (pierre), kurutz buru beltza (croix à tête noire), hilhobi (tombe), hil harri (pierre de mort), etc.

Dans le cimetière ancien de Donibane Garazi, la croix d’un journalier. Ce style dit bas-navarrais présente des oeuvres de qualité durant la première moitié du XIXe siècle. Mais tout ira en se dégradant par la suite, aussi bien quant à la créativité que pour la nature même de la pierre. A la fin de ce siècle et au début du suivant, un style d’importation s’imposera.
Haute stèle en pierre de Bidache, caractéristique du style des monuments funéraires du Bas-Adour. Présentée au Centre d’interprétation de la stèle à Larzabale, elle fait partie d’une collection rassemblée dans les années 50 et 60 par le Père Marcel Etchehandy.
Stèles recueillies au Centre d’interprétation de Larceveau. Ce centre offre une information audiovisuelle sur les rites funéraires, le contexte qui a vu l’émergence de l’art de la stèle et qui lui donne son sens. L’ensemble est issu des travaux de sauvegarde, d’enquêtes ethnographiques et de valorisation, mis en œuvre depuis 50 ans par l’association Lauburu, sous la houlette de Michel Duvert et Jon Etcheverry-Ainchart. La muséographie du Centre a été conçue par Claude Labat. Pour la visite, il convient de demander une clef magnétique au restaurant Espelletenia ou à la pharmacie du village.

Cette stèle de la famille Samacoits fait partie d’un bel ensemble créé par un sculpteur installé dans une région située entre les villages d’Arrueta et Labetze-Biskai (Basse-Navarre). Voir l’étude de Michel Duvert parue dans la revue Cuadernos de etnología y etnografía de Navarra, 1981, nº 37 : Etude d’un groupe de stèles discoïdales du XVIIe siècle en Amikuze https://hilarriakeuskalherrian2.blogspot.com/2018/11/5.html
Stèle représentative des oeuvres réalisées en Amikuze. Beaucoup sont en grand danger parce que sculptées dans une pierre marneuse qui résiste mal au temps, lorsqu’elles restent soumises aux intempéries.

Stèle d’un cimetière bas-navarrais. Datée de 1632 sur son autre face, elle porte l’inscription suivante : MASSE IUAN DE ISSISARI, ainsi que les outils d’un métier difficile à définir précisément.

Croix du XVIIe siècle dans un cimetière de la vallée d’Hergarai. IOANNES DE BIDAGAIN BIDAGAINECO IAVNA 16… Le motif inférieur est celui d’un chapelet. Cette croix fait partie d’un ensemble de monuments au style proche que l’on retrouve dans plusieurs cimetières de cette région

Cette stèle atypique présente un IHS (transcription imparfaite du nom de Jésus en grec ancien) de style gothique tardif.

Stèle monumentale datée de 1629 (nord de la Basse-Navarre), dite du pilotari qui est représenté à gauche, dans la partie supérieure. Le texte indique ceci : ICI. GIT. Ee. CORPS De MAISTRe. GUIEeM. DIRIARTe (Q)VI MOURUT.Ee.27 DE IUEEeT.1629

Dans la vallée d’Hergarai, stèle d’un charron, présentant ses outils «prolongement de sa main». On reconnaît les instruments suivants: marteau, doloire, équerre, herminette, tarière, hache, gouge, maillet et clef pour vis du moyeu.

Stèle de haute taille représentative du style du Bas-Adour. Très chargée, à l’image d’un retable baroque, « bavarde » diront certains, elle se présente telle un signe extérieur de richesse. Ce type de monument se situe à l’opposé de l’austérité, de la réserve ou de la discrétion qui caractérisent nombre de stèles bas-navarraise.

Bel exemple de réemploi d’une stèle ancienne par Pierre Curutchet à Hiriberri. En arrière plan, Bidegainberria, la maison du défunt ; ce nom figure sur la dalle. Le lien indissoluble qui en Pays Basque unit tombe et maison se matérialise par le hilbide ou chemin des morts.

Ensemble de stèles sculptées par la lumière au Centre d’interprétation de Larzabale.

Stèle originaire d’Iholdy. A la demande du Père Marcel Etchehandy, ce monument a été peint par Isabelle Thévenon, auteure d’une thèse sur l’art lapidaire dans la vallée de Lantabat. Cette démarche inédite se situe dans le sillage d’un article de Michel Duvert, Les monuments funéraires peints en Euskadi Nord, étude ethnographique, paru dans Signalisation de sépultures et stèles discoïdales V-XIXe siècle, Actes des journées de Carcassonne, 1990, CAMI. A lire via le lien suivant: https://hilarriakeuskalherrian1.blogspot.com/2017/12/artikulu-2.html

Cette croix bas-navarraise datée de 1691 est rare dans l’art funéraire basque. Elle présente en son sommet deux visages sculptés en ronde bosse et son inscription est en euskara : GILEN DE IRIBARNE. ENAUT DE IRIBARNEREN SEMIAC OBRA TV DV, soit en français, Guillaume de Iribarne. Arnaud de Iribarne, son fils, a fait cela. Les deux têtes représentent probablement les portraits de Gilen et Eñaut.

Bel exemple de réemploi d’une stèle qui fit florès en pays de Cize, encore aujourd’hui ce « modèle » figure dans plusieurs cimetières. Elle est remarquable par la simplicité de sa croix qui depuis quatre siècles irradie en son cercle. Osons un raccourci, le rythme de ce qui pourrait aussi correspondre aux sillons d’un labour, fait songer à ceux que le sculpteur Raoul Ubac (1910-1985) creuse dans l’ardoise ou le sable. Comme quoi, la « modernité » n’a pas d’âge.