Agriculture paysanne et énergies renouvelables

"Un important développement de ces unités de méthanisation pourrait mettre à mal toute la dynamique construite autour de la démarche d’appellation Ossau-Iraty"
« Un important développement de ces unités de méthanisation pourrait mettre à mal toute la dynamique construite autour de la démarche d’appellation Ossau-Iraty »

Contribuer à la production d’énergies renouvelables, tout en respectant les valeurs de l’agriculture paysanne est en enjeu réel de l’agriculture au risque de créer des systèmes contre productifs.

Pour faire face au réchauffement climatique et aux engagements de réduction d’émissions de gaz à effet de serre, l’Etat prévoit de faciliter les installations capables de produire des énergies renouvelables, en particulier les unités de méthanisation, les sites de production photovoltaïques et ceux d’installations d’éoliennes. Par ailleurs, le nouveau contexte géopolitique de la guerre en Ukraine, qui a généré une très forte inflation sur les tarifs de l’énergie, a fait prendre conscience de notre dépendance face au gaz d’origine fossile.

Si l’idée et les intentions sont nobles et attendues depuis longtemps par une majorité de citoyens, il faut regarder de plus près quels systèmes de production sont promus et leurs compatibilités avec les productions alimentaires. Pour ce qui est de l’implantation des éoliennes, celles-ci n’ont pas d’incidences directes sur les productions alimentaires, en revanche il n’en est pas de même pour les unités de méthanisation ni pour les parcs photovoltaïques.

En ce qui concerne la méthanisation, bien que le procédé soit identique, basé sur la dégradation de la matière organique par des micro-organismes en anaérobie, il existe plusieurs modèles de méthaniseurs essentiellement liés à leur taille et à la valorisation du gaz produit. Il y a donc la micro-méthanisation à la ferme, la méthanisation collective avec des tailles plus ou moins grandes et la méthanisation de type industriel comme celui de Total Energie, installé dans la zone industrielle de la commune de Mourenx.

Dans le cas de micro-méthanisation à la ferme, qui fonctionne à partir de la matière organique produite par les animaux, il y a un double objectif ; celui de valoriser les effluents de l’élevage par l’épandage du digestat sur les terres et celui de produire de la chaleur et de l’électricité, ce qui permet de développer l’autonomie énergétique de la ferme.

Dans le cas de grosses unités collectives, l’objectivité de rentabilité énergétique prime sur les avantages environnementaux du système et peut même être contreproductif par la dispersion de bactéries non désirables et par la nécessité d’introduire des cultures dédiées afin d’assurer un meilleur rendement énergétique.

Quant aux unités industrielles, il serait bien opportun de vérifier qu’elles n’intègrent pas plus des 15 % de matière organique issue des cultures dédiées et de faire des analyses de leur digestat avant épandage pour s’assurer de leur non-toxicité.

Tension sur le marché

Le premier système reste compatible avec les valeurs et les pratiques de l’agriculture paysanne alors que le second vient mettre en concurrence les surfaces normalement destinées à l’alimentation animale ou à l’alimentation humaine avec celles destinées à la production d’énergie. Dans un contexte de déficit de production fourragère pour les besoins des animaux lors d’épisode de sécheresse, cela génère une tension sur le marché des fourrages avec une augmentation des coûts et une fragilisation des élevages.

Dans un contexte de déficit de production fourragère
pour les besoins des animaux lors d’épisode de sécheresse,
la méthanisation collective génère une tension sur le marché des fourrages
avec une augmentation des coûts et une fragilisation des élevages.

Sur notre territoire, un important développement de ces unités pourrait mettre à mal toute la dynamique construite autour de la démarche d’appellation Ossau-Iraty. Au lieu de développer la complémentarité des productions fourragères entre les paysans du piémont et de la plaine pour les besoins de ceux de la montagne, les besoins énergivores des méthaniseurs pourraient être plus attractifs et fragiliser tout un secteur de l’économie montagnarde construite patiemment ces 40 dernières années.

Pour ce qui concerne les parcs photovoltaïques, l’urgence est de développer cette technique sur tous les toits des établissements publics et sur les bâtiments agricoles servant de hangar et d’abris pour le matériel avant d’envisager des installations au sol.

Ces équipements spécifiques sont présentés comme une solution pour faire face aux aléas climatiques tels que la canicule, la grêle ou le gel. Ils relèvent au contraire d’une mauvaise adaptation au changement climatique et orientent le choix des productions vers ce qui est compatible avec les panneaux plutôt que ce qui est souhaitable agronomiquement. Il serait plus judicieux de soutenir l’agroforesterie qui apporte de réels bénéfices aux animaux, aux cultures et aux écosystèmes.

Quand un propriétaire loue son terrain à un énergéticien via un bail emphytéotique, le fermier accède au foncier par une convention de mise à disposition qui peut être résiliée à tout instant. Le régime des baux ruraux ne s’applique pas dans le cas d’agrivoltaisme. Condamné à la précarité, il se retrouve dans une situation de subordination où la production alimentaire devient un sous-produit de la production énergétique. Enfin, l’agrivoltaisme a des impacts négatifs sur la production, les sols et l’accès au foncier. En effet, il entraîne une artificialisation par les ancrages béton, les clôtures et lignes électriques enterrées ainsi que les voies d’accès. De fait, il affecte la capacité de production et la biodiversité. L’agrivoltaisme est surtout une rente foncière pour le propriétaire qui va faire augmenter la spéculation sur le prix des terres et menacer la transmission… Nous sommes donc bien loin des valeurs de l’agriculture paysanne !

Malgré leur apparence très séduisante, ces techniques des énergies renouvelables sont à utiliser avec toutes les précautions nécessaires afin de ne pas altérer la vocation première des paysans qui est de fournir des biens alimentaires. Il faut avant tout assurer la sécurité alimentaire et contribuer dans la mesure du possible à la production d’énergies renouvelables, tout en respectant les valeurs de l’agriculture paysanne.

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Une réflexion sur « Agriculture paysanne et énergies renouvelables »

  1. Je conseille la lecture du site du CNVMch qd aux méfaits de la méthanisation, que est aux antipodes du vertueux:
    cnvmch.fr
    Le Collectif Scientifique National Méthanisation raisonnable

Les commentaires sont fermés.