Des règles publiques contre la spéculation des terres agricoles

EHLB

Face à la spéculation foncière et à la réduction des terres agricoles, l’agriculture paysanne est une réponse adaptée et nécessaire. Le droit à un logement décent va de pair avec l’accès à une alimentation saine et équilibrée. Il appartient cependant aux élus de mettre en place des dispositifs de protection afin de réguler le marché.

Dans nos sociétés occidentales, il semble que le phénomène spéculatif devienne une règle qui régit les différents domaines de la vie économique. Longtemps limité au secteur financier par la cotation en bourse des grandes entreprises du CAC 40, mais cependant accessible par le biais des achats d’actions à une grande partie de la classe moyenne, la spéculation s’est étendue au domaine de l’immobilier. C’est bien connu, investir dans la pierre est une valeur sûre qui peut rapporter gros en peu de temps. Par le biais de l’achat, rénovation et revente d’appartements ou de maisons individuelles, ou liquidation de biens hérités, le secteur de l’immobilier est devenu un terrain de jeu spéculatif. De fil en aiguille, il concerne aussi la valeur du foncier et la concurrence de la vocation des terres à usage agricole avec celles destinées à la construction.

L’épisode du Covid 19, avec sa phase de confinement, a stimulé le marché de l’immobilier et dopé la spéculation. Le cas d’Arbonne en est l’un des plus significatifs sur notre territoire. On se retrouve aujourd’hui à la conjonction de deux problématiques, l’accès au logement et l’accès à l’alimentation, qui sont de vrais enjeux de société, où le laisser faire du marché et des intérêts individuels ne sont plus compatibles avec l’intérêt général du devoir vivre ensemble. L’exemple de la classification des terres de Marienia à Cambo en tant que terrain constructible en est la parfaite illustration.

La régulation par les politiques publiques est indispensable pour arbitrer les priorités d’attribution et les révision de prix : c’est tout le sens des actions d’occupation menées par l’association Lurzaindia et le syndicat paysan ELB. Le droit à un logement décent et l’accès à une alimentation saine et équilibrée doivent être au coeur de la préoccupation de nos élus, pour la mise en place de dispositifs réglementaires, afin de réguler un marché dont les conséquences sont désastreuses pour une majorité de citoyens. En ce qui concerne l’alimentation, il est temps de relocaliser la production alimentaire au plus près des habitants et de développer la souveraineté alimentaire par territoire.

Rééquilibrage

Au Pays Basque, il est indispensable de rééquilibrer la production alimentaire face au déficit de fruits et légumes, en développant le maraîchage, plutôt en bio, par le biais des circuits courts et de la restauration collective. Ce qui n’est pas incompatible avec une activité d’élevage dominante, compte tenu des conditions climatiques et de la nécessaire utilisation des surfaces en estive. Attention cependant au danger de la concentration des élevages et aux sirènes de la spécialisation, tant pour la qualité des produits qui en découlent, que pour les conséquences environnementales, ainsi que pour l’image renvoyée par les pratiques de productions intensives.

Après un développement très performant des filières en terme de volume, il faut se préoccuper de la complémentarité des productions sur le territoire en particulier entre les secteurs de la plaine et ceux du piémont et de la montagne. Il est aujourd’hui nécessaire de créer des conditions d’accès au métier de paysan, des jeunes et moins jeunes non issus du milieu agricole dans toutes les productions, car le renouvellement des fermes du Pays Basque n’est plus assuré par la simple transmission familiale. C’est tout l’intérêt de la formule des espaces tests, tant en maraichage qu’en élevage, initié par l’association Trebatu. De nos jours, il faut concevoir les installations en fonction des besoins de consommation, du potentiel agronomique et de la valorisation des ressources disponibles, plutôt que de raisonner dans la logique de l’optimisation des primes accordées par la PAC.

Fondamentaux

Revenir aux fondamentaux du métier de paysan et à son bon sens pour produire selon les bases de l’agronomie, de la vie du sol, sur des principes agro-écologiques résilients vis-à-vis du réchauffement climatique, est un impératif. Il en est de même avec l’élevage pour être moins dépendant des intrants et valoriser au mieux les ressources fourragères locales. C’est tout le travail que mène EHLG au quotidien, dans l’accompagnement des dossiers à l’installation, dans les conseils aux cultures et à la conduite des élevages. Par ailleurs une réflexion est menée à travers le chemin des transitions, sur la relocalisation des productions alimentaires et la fixation des prix. EHLG assure également l’accompagnement de démarches collectives dans différentes filières telles que la sasi ardi, la chèvre Pyrénéenne, la commercialisation avec la coopérative Etxegazna, la vache Pirinaika, l’abeille noire du Pays basque, la châtaigne du Pays Basque, les filières Herriko du blé et de la viande bovine. Il est important d’accompagner les paysans dans leur démarche, de renforcer les liens entre eux et de parvenir à une bonne valorisation de leur production.

La contractualisation entre paysans, mais aussi avec les fournisseurs d’aliments ou les acheteurs de matière première, est aussi un moyen d’assurer un peu plus de visibilité dans le temps et de moins subir les aléas du marché mondial qui veut imposer sa loi. Quand il y a une bonne volonté des acteurs locaux, les marges de manœuvre pour éviter la spéculation sont possibles ; il nous appartient de créer les conditions de sa concrétisation, quitte à parfois secouer le cocotier pour y parvenir, quand cela est nécessaire. Le projet de l’agriculture paysanne est un projet qui est à la hauteur des enjeux de notre société. En sortant du corporatisme étroit agricole, avec les autres acteurs de la société, nous devons faire prendre conscience de l’urgence de la situation à nos décideurs politiques pour que des règles publiques de régulation soient mises en place afin de lutter au mieux contre le fléau de la spéculation.

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