Développement du Pays Basque?

AggloPBDans mon dernier article j’ai dit tout le mal que je pensais de ce développement aveugle que nous subissons. Le Pays Basque ne serait-il pas à l’abri de cette maladie?  On aurait pensé que suite au sommet de Paris les illuminations de Noël allaient se faire plus discrètes, mais nenni, ne voulant pas être de reste, Anglet s’y est mis aussi. Biarritz bat tous les records avec un budget de 462.000,00 €, sans compter la patinoire artificielle source nouvelle de pollution. A quelques kilomètres de celle de la Barre.

L’air pur

Tout le monde connait les minibus électriques de Bayonne qui ne rejettent pas un seul gramme de CO2. Les voies spéciales réservées au maxi-bus Irizar (18m), eux aussi électriques, sont en construction. Encore du CO2 en moins. Le parking au pied du Château Neuf deviendra zone verte. Même les plus asthmatiques pourront bientôt se promener sans problème dans des rues à l’air chimiquement pur.

Mais voilà qu’à quelques mètres du Château Vieux on a abattu la « Caisse d’Epargne » construite il y a quelques années sur la place de l’ancien Hôtel de Garnison. On l’a remplacée par une soixantaine de logements hauts de gamme, une vingtaine d’autres au dessus de Monoprix, autant au dessus de la poste. La jet society n’ayant pas l’habitude de marcher à pieds cela fera quelques 200 voitures en plus avec des places de parking en moins donc, mais de la pollution en plus.

Quant aux bus électriques, d’où vient leur énergie? Ne serait-ce pas de centrales fonctionnant au charbon, au gaz ou au nucléaire, les trois étant aussi pollueurs les uns que les autres… mais ailleurs. Pour rester ville propre, on avait déjà fait cadeau des ordures à Hazparne, puis à Xiberua, alors que l’on aurait pu continuer à les entasser à Bacheforêt : cela aurait fait une belle colline, attraction touristiques nouvelle aux bords de la cité. Premier pas vers une Rome nouvelle à l’image de l’ancienne, célèbre pour  ses sept collines.

Entrez à Bayonne le matin et sortez-en l’après midi. Vous êtes noyés dans des bouchons interminables d’automobiles, débordant jusques sur l’autoroute, rejetant du CO2 à qui mieux mieux. Pas question de diminuer. C’est bien au centre ville que l’on a fixé le siège de la nouvelle communauté de communes avec la circulation correspondante. C’est bien sur les bords de l’Adour que l’on construit deux nouveaux laminoirs (500.000t.) et l’apport de CO2 correspondant. C’est sur la Côte Basque saturée que Herrikoa soutient la grande majorité de ses créations d’emploi (3 entreprises en Soule/Basse-Navarre sur les 14 de l’an dernier).

L’aérodrome de Parme se félicite du développement de son trafic (+6,1% au premier trimestre)… et de la production de CO2 correspondante. Une nouvelle ligne ouvrira l’été prochain vers Nice. S’il n’y a pas encore la clientèle pour la rentabiliser, on la créera. Il y  a de l’espoir : l’Hôtel du Palais a battu tous les records l’an dernier (40% de RBE en plus en un an malgré un été pourri).

Le respect de la nature

C’est sur des barthes conçues par la nature pour absorber « les inondations du siècle » que s’est implanté l’ensemble Ikea, après la zone de frêt de Mouguerre. Le jour venu l’eau pourra toujours  s’étaler entre la mairie et la rue Orbe ainsi dans les rues de St André et de St Esprit. Les scientifiques n’ont pas encore calculé sur quelle hauteur.

Les nouveaux emplois étant créés sur la Côte, il faut bien y construire des logements pour les habitants de la vallée des Aldudes forcés de quitter leur village, faute d’emplois : sur 570 maisons, on vient d’en dénombrer  220 aux volets fermés, 39%! Pourquoi ne pas y créer une piste de ski avec neige artificielle pour y attirer les touristes? Il y a bien de la glace artificielle pour les patinoires de la Côte.

Ces fermes des Aldudes feraient de belles résidences secondaires pour la Jet Society de Neuilly (ou tertiaires, quand ce n’est pas plus, comme nous l’avons appris récemment pour certains ministres et ci-devant ministres…écolos). En France, pays de l’égalité, tous ont les mêmes droits : l’habitant d’Esterengibel de faire 15 km jusqu’à St Jean Pied de Port pour acheter Le Figaro au même prix qu’à Paris, le berger de Banca d’acheter une résidence aux Champs Elysées au même titre que Riboud celle de Prost à Arcangues,  la maman du quartier des Forges à Larrañe d’en faire près de 50 pour aller enfanter d’urgence à St Palais, dans les mêmes normes de sécurité qu’une maman Parisienne… si elle y arrive assez tôt,

Par contre, le petit collégien de Paris ne jouit pas du même privilège que celui de St Engrace : pour aller à Tardetz, celui-ci  se paie chaque jour un voyage touristique le long de la vallée d’Uhaitza, aux frais de la princesse! Il faudra que cela cesse.

Le prétexte du chômage

Le Conseil de Développement est là pour développer :  il faut des emplois pour lutter contre le chômage. Sauf qu’en 1982 il y avait 87.643 emplois pour 10.085 chômeurs et en octobre dernier 145.806 emplois  pour 15.806 chômeurs soit 5. 721 chômeurs de plus, bien que l’on ait créé 60.163 emplois nouveaux. Preuve par neuf que les emplois créés sont sans effet pour la baisse le chômage. Autrement dit, ici aussi, on développe pour développer, pour ne pas rester à la traîne, comparé à Bordeaux paralysé par ses embouteillages.

C’était en 1964. J’avais en charge l’animation du petit séminaire de Bingerville. Nous étions en train de le visionner un documentaire sur Abidjan. Embouteillage au pont Houphouet Boigny : applaudissements et hurlements unanimes. Abidjan était au niveau de Paris! On y avait aussi des embouteillages! Un demi siècle après, nous sommes au même niveau que ces adolescents!

Le développement est conçu pour donner plus de poids à « ceux d’en haut » (comme ils disaient là-bas), avec une carte de visite mieux garnie et un compte en banque mieux fourni; l’emploi n’est qu’un effet secondaire (heureux) de tout cela, mais capital tout de même pour augmenter la pollution et accélérer l’épuisement des richesses de la terre

Récemment Sud Ouest publiait un numéro spécial sur la situation économique du Pays Basque: des pages entières pour plus de 100 entreprises de chez nous, avec tous les détails sur le dernier CA,  son évolution, le dernier CA export, le dernier résultat net. Mais rien sur l’effectif des salariés et de son évolution : ils ne sont qu’un simple épiphénomène.

Oui, la population augmente au Pays Basque. Malgré un solde naturel négatif, grâce à l’immigration. On a oublié le slogan d’il y a quarante ans: vivre et travailler au Pays. Nous étions contre le déracinement des Basques vers l’Amérique ou Paris. Ceux que l’on fait émigrer aujourd’hui pour les faire venir ici, n’ont-ils pas le droit de vivre chez eux?

Qu’est-ce que ce développement apporte aux indigènes à part de la pollution, des problèmes de circulations de plus en plus aiguës, des difficultés  de parking, des logements de plus en plus inaccessibles etc…? Que les élus de l’intérieur soient inquiets d’une baisse de la population provoquant fermeture d’écoles, de poste, de cafés etc… oui. Quel est le maire de la Côte qui fixe une limite au surdéveloppement de sa commune ?

Vous remarquerez que l’on  ne parle pas des emplois disparus dans l’agriculture : 150 par an. Ni des terres enlevées aux paysans pour construire résidences normales et secondaires, hangars et usines, routes et autoroutes : 1278 hectares SAU par an sur le seul Pays Basque. Chaque année, c’est la disparition d’un village agricole comme Larceveau (1234ha SAU), ou Armendaritz  (1309ha SAU). Le jour de sa première élection à la présidence de la CCI M. Garreta  n’avait-il pas déclaré à la radio : « Quand je descends sur Parme et que je vois tous ces espaces verts, je rêve de les couvrir de hangars et d’immeubles » Le rêve devient réalité. Il a été élu pour cela. Bientôt  ce sera encore plus d’hectares pour installer les panneaux solaires demandés par les autos électriques propres. EDF prévoit déjà 25 à 30.000 ha. Sur les terrains agricoles, cela va de soi, On ne va quand même pas les mettre à Agilera ou Jean Dauger! Je ne doute pas que tout ce beau monde  a des actions à Lurzaindia.

Et mangeons et buvons  car demain nous mourrons. Quant à nos chères petites têtes blondes que nous prenons tant plaisir à caresser, il y aura parmi eux de brillants scientifiques qui trouveront la solution. Les scientifiques ont toujours trouvé des solutions. Ils découvriront les arômes pour rendre les viandes aux hormones américaines aussi succulentes que les « Idoki« . Et le procédé pour transformer en farines animales, toutes nos ordures. Même les cadavres. Ils tireront les leçons de l’essai malheureux de la vache folle.

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