Indépendance ou pas : la Catalogne a mauvaise presse

b9a60e988c2279ece80e3991771966c3Pour beaucoup d’observateurs, le processus d’indépendance catalan révèle un décalage flagrant entre le traitement journalistique et les faits tels qu’ils se déroulent réellement. Inexactitudes, commentaires paniqués et contrevérités d’autant plus regrettables qu’en se positionnant contre l’indépendance catalane, les rédactions françaises défendent aveuglement la royauté et l’autoritarisme de la droite espagnole. 

On le sait, le fait régionaliste en France souffre du jacobinisme : seul l’ancien Premier ministre socialiste Michel Rocard fit exception, en estimant que notre pays était « devenu une toile d’araignée avec Paris en son centre, qui pompe et contrôle tout le système » . Mais alors que le processus d’indépendance en Catalogne dépasse largement la seule question du nationalisme, encore une fois les médias français ont tendance à défendre le pouvoir central, et ce, quelle que soit la nature des forces politiques en présence…(Sauf bien sûr au Québec, où la perspective de nouvelles frontières prend subitement une dimension romantique, poétique et libératrice). Au sujet de la Catalogne, la pratique dominante, à l’exception notable de Mediapart, de Politis et de quelques articles du Nouvel observateur, consiste d’abord à exclure les indépendantistes du débat théorique et à raconter, comme un journalisme de préfecture, la version du gouvernement ultra-conservateur de Mariano Rajoy.

Une illustration parmi tant d’autres : sur LCP pour un débat intitulé « L’indépendance de la Catalogne : du rêve à la réalité ? » aucun indépendantiste n’a été convié, ni même un analyste catalan. Le journaliste Arnaud Ardoin a préféré recevoir José Rojas-Alonso, secrétaire général du PSOE à Paris, pourtant déjà très présent sur les médias francophone (RFI, France Info,…) et alors que le Parti socialiste ne représente plus que 12,5% des voix exprimées en Catalogne.

Des partis-pris sans contrepartie

Si les catalans sont souvent écartés des débats consacrés à l’indépendance, d’autres sont omniprésents comme Barbara Loyer, géographe à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université Paris 8. Aucun grand média généraliste ne semble lui échapper, et ce quasi quotidiennement : RFI, France Culture, Libération, Le Monde, Le Figaro, Le Point, Europe 1, France Info… Pourtant, soutenant systématiquement le gouvernement du Parti Populaire espagnol, Barbara Loyer est aussi une détractrice évidente du mouvement indépendantiste catalan. Exemple très parlant, le 1er octobre, jour du référendum d’indépendance, sur les ondes de France culture, Loyer n’hésite pas à attribuer la responsabilité des violences policières de la Guardia civil au… gouvernement catalan, coupable selon elle « d’avoir absolument voulu faire ce référendum […] de faire une opération médiatique ». Dans un contexte où 80 % des habitants de la Catalogne – opposés ou non à l’indépendance – sont favorables à la tenue d’un référendum, cette position révèle une logique anti-démocratique scandaleuse.

Moins caricatural mais quand même regrettable : le manque de solidarité, voire même de protestation devant la répression policière et les procédures judiciaires accélérées à l’égard de personnes qui exercent leur droit (soi-disant inaliénable) à décider collectivement (et pacifiquement) de leur avenir par les urnes. Faut-il rappeler qu’il est aussi question, dans un état membre de l’Union européenne, d’arrestation de hauts-fonctionnaires, d’élus, de saisies des bulletins de vote, de la fermeture de sites web ?

Au contraire, plusieurs médias grand public ont qualifié de «manifestants» les 2,2 millions de catalans venus voter. On parle même d’« affrontements » et de « heurts », pour rapporter une situation inédite où des citoyens pacifiques et non-armés ont été brutalisés par la police.   (France Info, Le Monde , Europe 1, La dépêche du midi…)

De plus, comme le regrette le chercheur Jean-Pierre Cavaillé (EHESS, Toulouse), jamais on n’explique que la décision de convoquer un scrutin d’autodétermination ne fut unilatérale qu’après des années d’échec à faire reconnaître par Madrid la demande légitime d’une consultation comme ont pu en bénéficier les Écossais ou les Québécois. Au contraire, la tendance est à personnaliser à outrance l’enjeu de l’indépendance au travers du duel Rajoy-Puigdemont, sans comprendre que pour la première fois depuis la transition de 1975 [à la mort de Francisco Franco], la lutte pour la souveraineté de la Catalogne est pensée comme une lutte civique articulée depuis la base. Enfin, les termes de « manipulation » et de « populisme » sont utilisés à outrance par les éditorialistes, à l’instar de Jean-Michel Helvig, rédacteur en chef de la République des Pyrénées : « le souverainisme catalan est devenu un populisme » lance-t-il. « Le désir de sécessionnisme de la région catalane respire le populisme » écrit également dans Le Point, Nicolas Baverez. Un tel usage extensif et indifférencié du terme « populiste » devrait pourtant nous alerter tant il « traduit la répugnance à accepter le fait que les citoyens ordinaires aient la capacité de comprendre la véritable teneur des questions politiques », comme le mettent en garde les chercheurs Albert Ogien et Sandra Laugier.

justicia-boligan-e1492486044965Une rhétorique de pseudo-évidences.

L’Espagne des correspondants est un écosystème troublant, où certains journalistes pigent indifféremment dans des médias qui, en théorie, n’ont pourtant pas la même ligne éditoriale : on retrouve François Musseau dans les colonnes de Libération et de l’hebdomadaire le Point. Correspondant pour Radio France, Mathieu de Taillac a contribué aussi au Figaro et à la revue d’extrême–droite Valeurs actuelles. Diane Cambon qui a écrit dans les colonnes du Figaro et du Point travaille aujourd’hui pour Marianne. Rien étonnant donc, si au-delà du suivisme et du conformisme, l’information concernant la Catalogne se ressemble de facto. Dans le magazine Marianne, qui se définit pourtant à gauche, Diane Cambon brouille aussi les repères politiques, en publiant pour couvrir l’actualité de la Catalogne un entretien avec l’historien Roberto Villa Garcia, professeur d’histoire à l’université Rey Juan Carlos de Madrid. En effet, Villa Garcia est surtout connu en Espagne comme un polémiste d’extrême-droite, notamment depuis qu’il affirme que la fraude a permis la victoire du Front populaire en 1936 (et donc, en filigrane que le coup d’Etat de Franco était nécessaire).

La négociation d’une force politique large

« Tout le monde a l’impression de connaitre l’Espagne pour s’y être rendu au moins une fois en vacances, pour avoir vu un film espagnol… » ironise l’historienne Pilar Martin-Vasseur. En Catalogne, les envoyés spéciaux illustrent tout particulièrement la méconnaissance de cet Etat monarchique marqué profondément par 40 années de dictature… On ignore aussi que la culture catalane, déjà fortement ancrée dans la modernité avant le chamboulement de la guerre civile, est d’une grande vitalité, autant dans les domaines de la création contemporaine, populaire, mais aussi avant-gardiste ou de niche. Ainsi, trop souvent, alors qu’ils bafouillent l’espagnol, les envoyés spéciaux se contentent d’illustrer des poncifs hérités de notre tradition jacobine et des idées reçues qui circulent au sujet du régionalisme. Exemple, sur France 2, Anne-Charlotte Hinet expliquant que « malgré les apparences, l’indépendance de la Catalogne reste une cause minoritaire »

Rien de sûr pourtant ! D’une part, la coalition indépendantiste menée par Carles Puigdemont détient la majorité au parlement catalan grâce à son alliance avec une autre force indépendantiste d’extrême gauche la Candidature d’unité populaire (CUP). Dans un article équilibré, Yann Mens d’Alternatives économiques calcule d’autre part « qu’une courte majorité de 50,8 % du corps électoral serait favorable à l’indépendance ». Hélas, La Croix titre quand même « Le débat sur l’indépendance de la Catalogne n’est pas démocratique ! » Pour cela, le quotidien catholique relaie le travail de la « Societat civil Catalana », une association de 18 000 membres opposée à l’indépendance, tout en omettant soigneusement de se référer à l’Assemblée nationale catalane (ANC), le collectif citoyen à l’origine des grandes manifestations indépendantistes depuis 2010 et qui rassemble pour sa part 30 000 membres. Jamais il n’est question de l’enjeu de l’extrême-droite et des phalanges espagnoles dans les reportages. Mais surtout, dans le papier de La Croix, le concept d’une « majorité silencieuse » opposée l’indépendance Catalane domine la démonstration. Tout comme dans l’analyse des journalistes d’ Europe 1, du Monde, de Courrier international, de L’Express, de France 2 … « La majorité silencieuse espère reprendre en main son destin » déclare ainsi Laurent Delahousse à l’antenne le 7 octobre 2017. Enfin, attribué à Richard Nixon, le concept « majorité silencieuse » est pourtant un classique du répertoire autoritaire. Et dans le domaine du journalisme, il ne peut avoir – par définition – de valeur informative sur la nature réelle d’un corps électoral ou de sa perception de l’avenir politique.  Pourquoi n’utilise-t-on pas alors le terme de « majorité silencieuse » dans un contexte où Mariano Rajoy détient juste une majorité relative au parlement espagnol, à savoir 33% des voix, où dans celui où Emmanuel Macron n’ait obtenu que 23% des voix au 1er tour de la présidentielle ?

Des explications tronquées

On le voit, l’information qui traverse les frontières a parfois tendance à se modifier dangereusement. Autre déformation répétée de la « vérité » : la richesse des catalans expliquerait à elle seule leur désir d’indépendance. Une fois de plus les faits : en Espagne le PIB par habitant de la communauté autonome de Madrid est plus élevé qu’en Catalogne, 32 723 euros contre 28 590 euros. Comment expliquer alors que les madrilènes ne veulent pas aussi leur indépendance ? C’est donc à la lumière d’éléments de contextualisation, et non sur la base de raccourcis simplistes que l’on doit penser et présenter la Catalogne :  le poids de la langue catalane, la prégnance du syndicalisme et de l’anarchisme avant la guerre civile, la proclamation par quatre fois de la république catalane, l’opposition historique au régime franquiste et le rôle du nationalisme catalan dans la transition de 1976… (publié en 2012, l’ouvrage « Les Nationalismes dans l’Espagne contemporaine » est en ce sens remarquable).

Par ailleurs, loin des clichés consistant à considérer les catalans comme des égoïstes de droite, il faut savoir que la gauche radicale de Podemos constituait la première force aux dernières législatives en Catalogne de 2016. A contrario, le Parti Populaire était en tête dans la plupart des autres autonomies espagnoles à l’exception du Pays basque et de deux diputations d’Andalousie.

Le Canard enchaîné rappelle enfin que le gouvernement catalan avait entamé une série d’initiatives en terme de justice sociale que le tribunal constitutionnel espagnol a toujours invalidé : une loi pour protéger les citoyens qui ont été abusés par des hypothèques frauduleuses, une taxe pour chaque appartement vide, les politiques d’égalité entre les hommes et les femmes…Qu’importe, ces quelques faits élémentaires sont escamotés par Etienne Gernelle, directeur du journal Le Point quand il affirme, grandiloquent, sur France inter : « La riche Catalogne, ne veut pas payer pour le reste de l’Espagne […] C’est tout le problème des rabougristes: les palissades dont ils rêvent les empêchent de voir très loin ». Venant d’un journal réfractaire à l’idée de taxer des grandes fortunes et des revenus du capital la démonstration est savoureuse !

Autres procédés journalistiques douteux : affirmer que le nationalisme catalan ouvrirait  la boite de Pandore où s’engouffreraient tous les autres minorités en Europe, ou encore de comparer l’incomparable, à savoir la Corse et la Catalogne. N’oublions pas en effet qu’en 1991, lors de l’indépendance unilatérale des pays baltes et des anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, le ton était cette fois à l’enthousiasme libérateur et démocratique. Le droit inaliénable des peuples à décider de leur destin ne vaut-il que quand il y a des intérêts géostratégiques ?

68_201564Légalisme et monarchisme

Véritable élément de fabrique de l’opinion,  il y a cette affirmation répétée concernant le « caractère illégal » du référendum catalan. C’est la thèse du gouvernement espagnol qui s’appuie sur une décision du Tribunal constitutionnel allant dans ce sens. C’est aussi l’argument inamovible de la « spécialiste » Barbara Loyer. Pourtant, s’il est difficile de se prononcer sur le fond, en termes de droit, les juristes sont très partagés comme le rappelle le chercheur Antony Sfez, interrogé par Libération. En effet, « deux ensembles normatifs qui prétendent à la suprématie juridique sur le territoire catalan » : la constitution espagnole, et la Loi pour la Transition juridique et fondatrice de la République du Parlement catalan. Et avant de déclarer illégal un référendum, il serait bon de rappeler que vingt résolutions de l’ONU, ne reconnaissent pas les référendums tenus à Mayotte, considérant l’île comme comorienne, et condamnant fermement la France depuis 1975.

Enfin, de l’autre côté des Pyrénées, les médias français n’ont pas hésité à faire preuve d’une remarquable complaisance royalement démocratique à l’égard du roi Philipe VI. « Toute la presse se félicite, ce matin, du discours historique [du roi] marquant la voie à suivre », affirme sans douter un instant le journaliste Thomas Cluzel dans sa revue de presse du 4 octobre sur France Culture. Pour cela, il se contente uniquement de trois médias espagnols, la Vanguardia, quotidien de centre-droit, et de l’ABC et de la Razon, deux quotidiens ultraconservateurs à tirage limité. L’usage du terme « toute la presse » signe un parti-pris évident quand on sait les journaux ibériques de gauche comme Publico, Info Libre, El Diario, el Diagonal toujours été très défavorables à la monarchie.

« Felipe VI a accusé les dirigeants catalans de s’être placés « en marge du droit et de la démocratie » en organisant le référendum de dimanche » : cette phrase tirée d’une dépêche de l’AFP a aussi été reprise sans nuance par beaucoup de médias français : l’Huffingtonpost, BFM-TV, La Dépêche du midi, RTL« Catalogne: « ils ont bafoué l’Etat démocratique » (Roi d’Espagne) », titre même Le Figaro. Étonnante démonstration, là encore, consistant à citer la déclaration du monarque – par définition non élu – appelant au respect de la démocratie. Ne conviendrait-il pas de questionner la légitimité démocratique de la royauté elle-même ?  En effet, en Espagne, pays non laïque, le roi bénéficie d’une immunité totale. Son train de vie coûte 25 millions d’euros au contribuable espagnol. C’est pour cela que le mardi 10 octobre la déclaration de Carles Puigdemont promettant « un Etat indépendant sous la forme d’une République » avait un grand poids symbolique.

Malheureusement, aux nord des Pyrénées, il semble qu’elle n’a pas eu le même poids journalistique.

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21 réflexions sur « Indépendance ou pas : la Catalogne a mauvaise presse »

  1. merci pour cet article et les analyses qui remettent bien les pendules à l’heure. Je ne serai pas disponible pour vous écouter à Alès

  2. Merci pour cet article, qui semble bien documenté.
    Cependant n’y a-t-il pas quelque supercherie à dénoncer la carence démocratique des média systèmes espagnol et français, quand la dictature européenne est passée sous silence depuis bien plus longtemps que les catalans ne manifestent pour leur indépendance ? – » indépendance » dans quel cadre, d’ailleurs ? Celui d’une UE gérée par les lobbies industriel et bancaire ?
    L’auteur a-t-il jamais publié quoi que ce soit sur l’état de la souveraineté des nations en Europe? Il semble pourtant que ce soit par là qu’il faille commencer, sous peine de voir frappées d’inanité toutes les considérations pro ou anti indépendantistes des minorités d’Espagne ou d’ailleurs.
    J’imagine que l’alcoolique JC Junker, pour qui « il ne saurait y avoir de choix démocratique contre les traités européens », ainsi que tous ses commissaires non élus, se régalent de cette belle occasion de faire oublier un peu, en la déviant vers le chef d’état espagnol, la légitime et croissante suspicion populaire d’autoritarisme (pour m’exprimer en termes modérés) dont ils sont collectivement l’objet.
    P. Billon

    1. Egunon,
      Vous soulevez beaucoup d’éléments difficile à répondre ici. Il faudrait d’abord se mettre d’accord sur le terme dictature, ce que je n’utiliserai pas concernant l’Union Européenne. En effet, l’État de droit s’y applique et la cour de Justice européenne fonctionne plutôt bien. Considérer que le néo-libéralisme est une dictature est un postulat possible, mais il consisterait à affirmer dès facto que quasi tous les Etats du monde sont des dictatures financières.
      Si l’on revient à la Catalogne et l’Union européenne, bien souvent ce sont les plus petites structures étatiques qui résistent le mieux aux logiques de Lobbys. Exemple : la Wallonie qui a freiné momentanément le CETA avec le Canada…
      Bien à vous

      1. Bonjour M. Mora,
        L’indépendance de la Catalogne, en tant que Français, je ne suis ni pour, ni contre. Que les Espagnols – tous les Espagnols, car les non-catalans sont concernés aussi par les conséquences des revendications indépendantistes catalanes, non ? – que les Espagnols – dont font encore à ce jour partie les Catalans, comme les Corses, les Savoyards, les Ardechois, les Bretons etc… font encore partie de la France – que les Espagnols, donc, s’arrangent entre eux, autant que possible dans le dialogue cela va sans dire.
        Pourquoi alors m’autorisé-je ce commentaire?
        D’abord parce qu’en tant que Français attaché à l’unité de sa patrie, je vois d’un très mauvais oeil les velléités indépendantistes régionales s’enhardir dans mon propre pays, encouragées par le chaos espagnol actuel: on est quand même à deux doigts de la guerre civile;
        ensuite parce que les motivations profondes du leader Puidgemond me semblent peu claires: ce chantre du micro-souverainisme est quand même allé se réfugier à Bruxelles. L »indépendance » qu’il vise se place donc strictement dans le cadre de l’UE;
        enfin parce que, précisément, « indépendant dans le cadre de l’UE » signifie rien moins qu’asservi, ce que ni l’autorité européenne qui a pris Puidgemond son son aile (d’aigle), ni Puidgemond lui même, n’ignore.
        Vous n’utiliseriez pas le mot « dictature » concernant l’UE, et vous interrogez sur le sens précis de ce terme? Il est vrai que, comme on n’arrête pas le progrès non plus dans ce domaine crucial de la manipulation populaire, le concept est mouvant et ses définitions changeantes. Je pourrais vous répondre que du point de vue des « citoyens » que – nous payant de mots comme dirait Étienne Chouard – nous prétendons être, l’élection de nos maîtres caractérise la fausse démocratie, tandis que la dictature commence, quand élire À ou B ne change plus rien à notre sort. Ce qui est exactement le cas en UE, puisqu’il est notoire que, depuis trois mandats présidentiels au moins, nos chefs d’état ne sont que la courroie de transmission des GOPÉs de Bruxelles, après que ces diktats économiques ont été déclinés en directives nationales.
        Mais le mieux pour se convaincre de la nature dictatoriale de l’UE est bien sûr d’écouter ses représentants. J’avais rapporté dans mon premier message les propos de JC Juncker, déjà limpides, mais connaissez vous cette interview de Ségolène Royal, par un journaliste anglais?
        https://www.upr.fr/?s=Segolene+royal
        … Cela se passe effectivement de commentaire.
        Vous dites enfin que l’état de droit prévaut en Europe. Le droit de qui? Je vois, comme vous, des institutions, une organisation judiciaire… mais QUI servent-elles? Pour répondre je laisse la place à une juriste de haut niveau que vous connaissez peut être:
        http://lesakerfrancophone.fr/de-nouvelles-institutions-pour-un-nouveau-depart-pour-renouer-avec-le-concept-de-civilisation-14
        Je vous salue
        P. Billon

  3. Merci pour cet article et cette analyse argumentée du comportement de la presse française face à la problématique catalane. Il est bien difficile aux médias français de s’abstraire de leur esprit jacobin pour comprendre ce qui se passe en Espagne.
    On peut, outre les exemples donnés, aussi nommer le fameux Benoît Pelistrandi, historien autoproclamé grand spécialiste de l’Espagne, et régulièrement interrogé par les radios et télévisions françaises, comme s’il était le seul historien capable de parler de ce pays ! (y compris France Culture dont on pourrait attendre mieux!). Ses discours madrélino-centrés sont loin d’être objectifs et même tout simplement réellement informés des enjeux et des raisons du mouvement indépendantiste et fourmillent d’a priori sur la Catalogne.Comment peut-il continuer à être considéré comme une référence scientifique ?
    On peut également nommer Sandrine Morel, journaliste du Monde, envoyé spéciale à Madrid et qui, semble–t-il, sous influence de la presse espagnole dont on sait les positions, ne sait rien proposer d’autre que des articles très partisans (reprenant par exemple la fausse idée d’une école catalane ne proposant pas d’enseignement en espagnol… pour ne parler que de ce problème emblématique).
    Tous les français devraient lire votre article.

    1. Surtout que la moyenne des notes en langue et en littérature espagnole , est meilleure en Catalogne qu’ en Espagne. Mais ça, ils oublient bien sûr de les mentionner!

  4. Un des sujets de philo au baccalauréat 2017 était : « Peut-on se libérer de sa culture ? » Il semble que la presse française dans sa très grande majorité, soit incapable de sortir de son jacobinisme culturel pour rendre objectivement compte des événements en Catalogne !!! On pourrait aussi citer Camus « mal nommer les choses ajoute du malheur au monde » pour demander à la presse de faire son travail qui est de relater les événements et non de les interpréter !!

  5. Votre article est tout à fait remarquable et il a le mérite de rétablir la vérité, chose très nécessaire. Grand merci.

  6. Bravo pour ce travail documenté. Il y a trop de mélanges information-commentaires. Exigeons de nos médias une vraie information. Comment sortir des préjugés pour rester ouvert au réel ?

  7. Très bon article à mémoriser pour défendre la cause catalane qui est aussi la nôtre. En France (Ardèche), le sujet est est très clivant ; les masques tombent . On entend de la part de socialistes français : de toute façon , l’indépendance est un privilège de riches! Et voilà les bonnes consciences françaises. Ça va être dur. Coratge e solidaritat . Un militant del Partit Occitan .

  8. C’est très frustrant, comme catalanne, voir le peu de rigueur journalistique aujourd’hui. Répétez les mêmes sujets et parier le cheval gagnant (pour l’instant) contreviennent aux principes fondamentaux de l’esprit de vérité qui devrait motiver n’importe quel journaliste.

  9. Merci pour cet article. Enfin, de l’ objectivité. J’ai lu un article sur le monde qui fusillait les indépendantistes et les catalans. Cela m’ a rendu très triste. On peut être pour ou contre l’ indépendance, mais on ne peut pas être d’ accord avec un gouvernement espagnol qui met des gens en prison, pour 30 ans, pour leurs idées politiques. On ne peut pas être d’ accord avec un gouvernement espagnol qui veut censurer et qui censure la télévision catalane, car elle informe de tout. Un gouvernement qui envoie la guardia civil frapper des gens qui voulaient voter, est un gouvernement totalitaire. Le gouvernement actuel espagnol ressemble à une dictature et certains français continuent à les défendre. S’ils avaient fait en France, tout ce qu’ils ont fait et continuent à faire à la Catalogne, tous les français seraient dans la rue en train de manifester.

  10. Merci pour votre article ! Lecteur du Monde (mais peut-être plus pour longtemps), je suis tantôt amusé, tantôt scandalisé par les articles de la correspondante, et aussi par les éditoriaux brutaux du journal sur la situation en Catalogne. Pour qui ne lit ni le catalan, ni l’espagnol, il est bien difficile de trouver en France une information digne de ce nom sur la Catalogne.

    1. Bonjour, le journal « le monde » en effet n’est pas très objectif sur la Catalogne. Un de ses principaux actionnaires est le groupe de presse espagnol PRISA et un des principaux actionnaires de ce groupe PRISA est Caixabanc, l’ une des premières entreprises à avoir quitté són siège de la Catalogne. Je vous laisse donc faire le rapport. Un autre des principaux actionnaires du journal le Monde, est la famile Polanco, avec des antécédants franquistes. La presse n’ est pas toujours objectives, en effet, il y a beaucoup de facteurs qui conditionnent chaque journal. Je suppose que le mieux est d’ en l’aire plusieurs et de différents pays pour avoir une vision plus large des choses.

  11. Merci par votre article, Mr Mora. C’est bien a remarquer (ce que vous faites) que la majorité des correspondents etrangeres chez nous ne lisont pas toutes les informations et toutes les opinions, plus que ils ont une meconnaisance de certaines realites. Par example, nationalisme c’est un mot pervers en Europe, parce que il nous porte directement au nazisme expansiv du 3me Reich. Rien a voire avec l’amour des catalans pour son pais. Et voila une derniere puntualisation: democratie et Éstat de droit son des expressions que Franco et son equipe ont utilisee souvent. (J’espere que vous pardonerait l’imperfection de mon français; je m’excuse). Bon jour et merci de nouveau!

  12. Une fois encore, votre article éclairant vient soutenir la nécessité de s’informer, c’est à dire hors champ médiatique non indépendant, voir et revoir à ce sujet le film « Les nouveaux chiens de garde »réalisé par Gilles Balbastre et Yannick Kergoat et adapté d’un essai de Serge Halimi, lui-même issu du livre de P.Nizan,
    Traitant de la collusion entre médias et pouvoir politique.
    J’en profite pour citer également le Monde diplomatique qui a édité un bon dossier sur la Catalogne.
    Au plaisir de vous relire!

  13. enfin un peu de vérité et d’intérêt.
    merci pour votre article !

  14. je trouve d’autant plus surprenant le silence des médias français quand on sait ce qui se passe pour TV 3 … je pensais que la solidarité entre journalistes allaient au delà des frontières…

    1. Le gouvernement espagnol a interdit à TV3 de nommer Puigdemont, président exilié. Albiol,président du partí populaire espagnol a dit textuellement: il faut mettre des gens « normaux » à TV3. D’ autres polititiens du partí ciutadans n’ arrêtent pas de dire que TV3 est indépendantiste, alors qu’ en Espagne, c’est presque une des seules chaînes qui se laisse regarder. Ils font des émissions intéressantes et qui font penser. Le journal télévisé informe de tout et c’est bien ça qui dérange le gouvernement espagnol. Ils préfèreraient que les gens regardent des émissions bêtes. Il est plus facile de manipuler les gens qui ne réflêchissent pas.

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