Jean-Luc Mélenchon récidive contre les régionalismes

Manifestation à Nantes en faveur de la réunification et du rattachement de la Loire-Atlantique (44) à la Bretagne.

Le leader de La France insoumise vient de faire de surprenantes déclarations contre l’éveil des mouvements « régionalistes »

Candidat à différents scrutins et soucieux de rassembler, Jean Luc Mélenchon avait mis un bémol à ses déclarations de 2001 qualifiant Diwan de « secte » (1). En 2012, il affirme avec des nuances être partisan de l’enseignement des langues régionales, puis dit être amoureux de la langue de Jean Jaurés, l’occitan. Mais en 2021, les députés de la France insoumise votent contre la loi Molac. Interrogé par Benoît Floc’h dans Le Monde des 8-9 mai, Jean-Luc Mélenchon en remet un couche : « Le régionalisme est une illusion dangereuse quand on va trop loin. Ce qu‘il secrète le plus souvent, ce sont des raisons artificielles de se distinguer des autres. Il n’y a qu’une seule exception, c’est l’insularité. » Ouf, les Corses, les Polynésiens, les Kanaks, les Guadeloupéens sont sauvés.
Le leader de gauche poursuit : une «certaine époque du régionalisme est passée », au profit d’« une très forte aspiration à contrôler sa vie ». Il y décèle « un habillage de mots régionalistes pour exprimer cette volonté ». « On excite les égoïsmes, prévient-il. C’est comme en Italie. Quand tu es dans l’Italie du Nord, tu ne veux pas t’occuper des Siciliens ni des Sardes, que tu considères quasiment avec du racisme. Quand tu es alsacien, tu te réjouis que l’Alsace se porte bien ; et tu regardes d’un œil différent les Ardennes ou la Moselle. Tu es trop content de te détacher de ça. »

Découpage hydrographique des régions

Plus loin, Jean-Luc Mélenchon aborde la question du « tracé des régions » qui doit répondre à la géographie des populations et aux nécessités du temps, et mais non « regrouper les gens sur une base ethnique, ce qui génère toujours des nationalismes hystériques ». Quand Jean Jaurès est allé en Argentine, en 1911, rappelle le fondateur de La France insoumise, il a conseillé aux Italiens, aux Espagnols et aux quelques Français qui se trouvaient là : « Ne vous regroupez pas par nation ; regroupez-vous par vos revendications et de votre unité sociale jaillira la nation argentine. »
A rebours des territoires d’Ancien Régime, la création des départements, en 1790, a été pensée pour obliger les gens à vivre ensemble, d’après la loi unitaire. Les régions du XXIe siècle devraient tenir compte des impératifs écologiques, considère M. Mélenchon. Celui-ci défend l’idée qu’elles soient redécoupées selon les bassins hydrographiques du pays, « qu’elles seules peuvent gérer correctement », juge-t-il.
L’ethnie est toujours celle de l’autre, du plus petit que soi, les Français étant bien entendu universels. Les Basques d’Iparralde excités par leur « égoïsme » apprécieront cette obligation du vivre ensemble d’après la loi unitaire avec les Palois et la belle théorie mélenchonienne d’un découpage par bassins hydrographiques. Aussi pertinent que la théorie des frontières naturelles. Chassez le naturel jacobin de Jean-Luc Mélenchon, il revient au galop.

(1) Alors ministre de l’Enseignement professionnel, Jean-Luc Mélenchon, fit part dans un entretien au quotidien Libération (4 décembre 2001), de sa très vive opposition à l’intégration au service public des établissements associatifs Diwan qui dispensent un enseignement entièrement en breton. Il estime que cette intégration est « dangereuse » et qu’il ne faut pas « assimiler la Bretagne à ses extrémistes linguistiques ». « Décider qu’on va organiser toute la scolarité d’un enfant dans une langue qui n’est pas celle que parlent tous les habitants du pays révèle une dimension psychologique qui m’effraye », a déclaré le ministre. «J’assimilerais cela davantage à une pratique sectaire qu’à une pratique éducative», a poursuivi M. Mélenchon.

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6 réflexions sur « Jean-Luc Mélenchon récidive contre les régionalismes »

  1. Berririk ez!

    Lana dugu beti, hemen egiten dena ulertarazteko.

  2. Astakeria galantak esaten dizkigu Melanchonek. Alde batetik esaten du « uhartetasuna dela nortasun ikur bakarra ». Baina zer dio beraz Korsikako abertzaletasunaz? Noirmoutier-ko edo St Pierre ta Miquelongo biztanleek, dakidanez nortasun ethno liguistiko bat ez dute errebendikatzen. Hexagoniako herri minorizatuek « artifizialtasun batean euren errebendikapenak oinarritzen dituztela esaten du. Hau da faltsukeria hurta, okzitaniera, bretoiera, alzaziera, euskera katalanera eta flamenkera aspalditik eroturiko hizkuntzak baitira, ahul du eta dialektoetan zatiturik izan arren. Etnismoa ez da bertakoen egoismoa edo histeraia, Melanchnek esten duen bezala. Oraindik XIX garren mendeko asmo okerrez apaindurik badu bere buruak. XX garren mendean eta mende honetako ethnismoa benetako nazioartekotasun baterantz garamatza, herrien berrezagutza eta elkarren arteko errepeturantz eramaten gaituelako, Mundu bikain bat lortzen ez dugun arren. Tensioak lasaitu eta murrizteko tesnatzat jo behar da etnismoa.

  3. Je vais me faire l’avocat du diable : le Béarn fut la dernière demeure des rois de Navarre, royaume considéré par beaucoup comme la forme politique primitive de ce qu’aurait été Euskal Herria sans la conquête castillane et l’annexion française. On ne saurait donc revendiquer l’héritage politique du royaume de Navarre sans accepter dans le même mouvement l’union avec le Béarn. (si les frères Garat m’entendaient…)

    Quant au redécoupage selon les bassins hydrographiques c’est moins bête que ça en a l’air, et nous donnerait une voix plus forte dans une hypothétique région Adour que dans l’actuelle région Nouvelle Aquitaine, voire un rayonnement culturel qui ferait ouvrir des gau eskola à Labrit (lieu de naissance de la lignée d’Albret des rois de Navarre) ou en Bigorre (lieu de naissance du premier d’entre eux Eneko Arista)

    1. D’accord avec vous. On ne peut faire fi ni de la géographie, ni de l’histoire. L’union des « cousins » dans le respect de la diversité linguistique serait-elle vraiment impensable?

  4. c’est quoi « les Français » ? C’est nous tous. Pas plus un Picard qu’un Champenois, qu’un Basque, un Provençal ou un Mosellan. La France n’est rien d’autre en gros que l’unification par les rois de l’ancienne Gaule romanisée. On peut décider d’un commun accord de la démanteler, en adultes, mais je ne vois pas bien l’intérêt de sur-jouer des querelles provinciales. Surtout que, depuis l’exode rural notamment, bien peu de gens peuvent se prévaloir d’une identité ethnique réelle. La plupart sont des identités ethniques choisies par affinité personnelle. C’est tout à fait respectable, mais ne nécessite pas de monter sur ses grands chevaux. Alors, quel est le projet ? Démanteler la France pour vivre dans des euro-régions dirigées depuis Bruxelles et Washington, avec une culture franchisée par Netflix ? Ca peut se défendre comme mode de vie. Il suffit de mettre les cartes sur la table. Ce débat concerne tous les Français. Jouons franc jeu.

    1. Effectivement, aucun intérêt aux querelles entre provinces (mot signifiant « territoire vaincu ») ni aux spéculations ethniques ou essentialistes. Ce qui nous intéresse c’est la préservation de la diversité linguistique, l’identité dont nous nous saisissons et que nous faisons évoluer par nos pratiques collectives, visant à « remanteler » localement ce qui a nous été démantelé en premier lieu par Paris et Madrid. Être dirigés depuis Washington n’est pas foncièrement différent d’être dirigés depuis Paris, c’est juste l’échelle de l’uniformisation qui change. Ce qui nous intéresse est d’être dirigés localement et par nous-mêmes, et de contribuer de façon solidaire à ce qu’il en soit de même ailleurs sur chaque territoire.

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