« La parité… c’est chiant ! »

CarolinePhillips
Caroline Phillips, Présidente du Conseil de Développement du Pays Basque

Le Conseil de développement du Pays Basque (CDPB) réunit ce 29 juin 2018 sa nouvelle assemblée générale forte de 310 membres, renouvelée à 75%. Le Conseil de direction du CDPB sera l’instance chargée du vote des AVIS auprès de la Communauté d’agglomération : 65 personnalités du territoire, dont 52% de femmes.  A cette occasion voici la Tribune Libre de  Caroline Phillips, Présidente du Conseil de Développement du Pays Basque sur la parité.

Je  participe  activement  à  une  association  nationale  qui  fait  la  promotion  de  la démocratie  participative. A plusieurs reprises, j’ai invité les autres membres du Conseil d’Administration  à inciter plus de présence féminine. Voici le mail que j’ai reçu d’un homme qui préside cette  association :  « (…) sur ce débat que je vais oser qualifier de chiant et stérile (entre nous et avec un zeste  d’humour)  nous  sommes  attachés  et  l’ensemble  du  bureau  à  cette  parité  d’utilité  et  d’efficacité. Nous sommes en train de solliciter une femme pour une conférence. Donc ces  remarques sur la dominance masculine dans notre groupement sont épuisantes. (…)  »

Il  y  a  5  femmes  et  19  hommes  dans  le  conseil  d’administration  de  cette  structure,  une  fédération d’associations dans lesquelles les règles prévues par la loi imposent la parité… !

Lors du conseil d’administration où le sujet de la parité était mis sur la table, seuls 3 hommes  sur  15  ont  défendu  les  propositions  de  parité.  Un  homme  à  ma  gauche  a  dit  que  dans  sa  structure  « ils ont appelé des femmes mais elles n’avaient jamais le temps et ne voulaient pas  venir ». Pendant le débat, avec les autres femmes nous nous sommes regardés et nous nous  sommes tues au risque d’être à nouveau qualifiées de « chiantes ». Ce sont alors des hommes  qui ont défendu l’intérêt d’une présence féminine dans la conférence sur nous organisions –  nous avons réussi qu’il y ait au moins 20% d’intervenantes. C’est quand même dingue, en tant  que femme d’être obligée de se taire pour que des hommes puissent nous défendre car si nous  le faisons nous-mêmes nous sommes qualifiées de «féministes hystériques».

Co-optez nous !  

Vous les hommes, c’est votre job de co-opter les femmes. C’est votre job de nous soutenir,  c’est votre job de prendre part dans la transformation de notre société pour qu’elle soit plus  juste, plus équitable et qu’elle fasse la place à 50% de la population qui est exclue.

Il y a 10 ans j’avais créé une association qui s’appelait «SORGINAK» ce qui veut dire (pour  celles  et  ceux  qui  n’ont  pas  encore  le  privilège  de  parler  notre  belle  langue,  le  basque) :  «Faire naître». Eh oui, rien à voir avec l’image de la Sorgin avec le chapeau noir pointu sur  son  balai  dans  le  ciel.  En  basque  Sorgin  c’est  le  nom  de  nos  «Sage  Femmes».   Nous  nous  sommes  réunis  pendant  6  mois  au  moins  et  après  UN  article  de  presse  SORGINAK  n’a  jamais  rien  fait.  Pourquoi ?  Après la  publication  de  cet  article  de  presse,  certaines  de  nos  membres  avaient  reçu  des  commentaires  sur  nos  initiatives  et  elles  en  craignaient les conséquences. Et oui ce collectif de femmes aurait pu s’inviter (l’horreur) à la  table des hommes… !

Notre société, nos milieux professionnels, et les organisations de la société civile également,  sont monopolisés à 70% par l’influence d’hommes blancs ayant plus de 60 ans…

Et pourtant, quand on veut on peut

Je  salue  mon  ami  Jean-Baptiste  Etcheto  qui  sous  sa  présidence  avait  introduit  un  nouvel  article  dans  les  statuts  pour  rééquilibrer  la  proportion  de  femmes  (entre  titulaires  et  suppléants) et qui m’avait désigné comme Vice-présidente de la structure (la première femme  après 14 ans d’existence). Cet article avait dû être voté à bulletin secret, à la demande d’un  homme.

En 2018, nous arrivons à «légaliser» la présence des femmes ! Dans les nouveaux statuts du  Conseil de développement du Pays Basque que j’ai le plaisir et l’honneur de présider depuis  maintenant  3  ans,  nous  avons  pu,  avec  une  facilité  désinvolte  et  franchement  jouissive, instaurer la parité.

Elles seront plus de 50%  au Conseil de direction, organe de décision et  d’adoption  des  Avis  auprès  de  la  nouvelle  Communauté  d’agglomération.

Je  suis  très  heureuse  d’accueillir  toutes  ces  nouvelles  femmes,  brillantes,  expertes,  engagées,  enthousiastes, aux côtés d’hommes qui le sont tout autant.

J’ai décidé que jusqu’à la fin de ma vie je vais tout faire au quotidien pour que les femmes,  oui,  vos  épouses,  vos  filles,  vos  sœurs,  vos  mamans,  vos  grands-mères,  vos  tantes,  vos  cousines germaines, prennent leur place mais toute leur place au sein de la société.

Les amis, réveillez-vous. Nier à 50% de la population un siège à la table de nos associations,  organisations, institutions et collectivités est un déni de démocratie. C’est insultant. Et ce sera  bientôt fini.

Donc préparez-vous !

A propos de Caroline Phillips :  Originaire de Californie (USA), elle vit depuis 25 ans en Pays Basque très heureuse avec un  homme blanc et basque de plus de 60 ans. Elle est Chef d’entreprise dans l’informatique et la  communication (PIC DIGITAL) et artiste musicienne (BIDAIA). Elle est bénévole au Conseil  de développement du Pays Basque depuis 2004.

 

 

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5 réflexions sur « « La parité… c’est chiant ! » »

  1. L’émancipation des femmes se fera en grande partie par leur indépendance financiére et leur audace dans le monde professionnel.Madame SIMONE VEIL l’avait compris très tôt en reprenant ses études malgré l’hostilité de son mari!Elle n’a rien lâché, bien au contraire.
    Ne regardons pas en arrière mais bien loin devant nous.Les compétences ne sont pas exclusivement masculines.à l’image de caroline et bien d’autres
    SEGI BIEDEA ETA BETI AINTZINA
    AGNES ESPONDE

  2. C’est plutôt parce qu’elles trouvent généralement que les hommes sont chiants et qu’elles n’ont pas très envie de les torcher que les femmes s’abstiennent de participer aux débats ! Heureusement certaines n’ont pas peur, il faut les encourager.

  3. Paritatearen zuzentasunaz

    Enpresa batean 100 langile behar dituzte gai bat ekoizteko. Langileen hautaketa etsamina baten bitartez eginen da, 100 pertsona baino gehiagorentzat baimenduta dena, diten emazte, diten gizon. Paritatearen izenean, 50 emazte eta 50 gizon langile behar dira, legeari jarraituz. Etsaminaren emaitzak aztertu ondoren, 70 gizon eta 30 emazte hautatuak dira, noten arabera naski. Baina paritatearen izenean 20 gizoni ukatzen die postua eta haien ordez 20 emazte hartzen dituzte, noten arabera kanporatu gizonen notak sartu diren berriko hartutako emakumeenak baino hobeago izan arren. (Gauza alderantziz izan daitekeela kontutan har beza irakurleak: 70 emazte et 30 gizon). Etsamina ongi egina balinbada langilegaiek lortutako noten balioa dagokie langileak ukan dezakeen konpetentziari. Horrela eginez , paritatearen izenean langileen konpetentzia apalago izan daiteke, eta beraz ekoizpenaren kalitatea. Horren ekiditeko uste dut paritatea etsamina pasatu nahi duten langilegaien kopuruari mugatu behar zaiola: 50 gizon gehi 50 emakume eta hauetako hoberenak hautatuak izan diten, emakumeak zein gizonak.

  4. La parité est chiante et le monde de l’entreprise l’a très vite compris.
    On ne parle plus de parité mais de mixité. Cela veut dire que l’on tient compte de la sociologie de l’entreprise et des métiers au moment du recrutement et des élections professionnelles. Aujourd’hui, dans une entreprise composée de près de 80% de femmes dans un effectif de 300 salariés, il y aura 9 sièges pour les femmes et 2 pour les hommes (dans les années précédentes, ça aurait été 50/50) et les syndicats trouvent les femmes qui veulent s’engager dans les mandats.
    Aujourd’hui, avec la parité dans de nombreuses organisations, les femmes ne sont pas recrutées dans les CA pour leur intérêts dans la chose ou leur apport à la structure, elles sont recrutées pour faire le nombre. Les hommes sont tellement attachés à leur pouvoir qu’ils ne conçoivent pas de le partager avec une femme. Or les structures où les femmes ont plainement leur place ont démontré leur vitalité, leur emprise dans le monde et aussi une certaine idée de l’intérêt général.
    Je regrette aujourd’hui que la loi oblige à mettre des quotas de femmes et d’hommes, car cela a démontré que la société n’évolue pas aussi vite que les idées sociales d’égalité.

    1. Mme Cellan résume parfaitement la situation! Si c’est possible au syndicat CFDT, avec une vraie volonté, ailleurs aussi ça sera possible !!!

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