Le temps du consensus

ConsensusIl aura fallu plus d’un demi-siècle pour que la revendication institutionnelle formulée à la naissance du mouvement abertzale d’Iparralde, le 25 avril 1963 à Itsasu, devienne réalité.

Lundi 23 janvier 2017, à Bayonne, l’assemblée des 233 délégués des 158 communes de nos trois provinces a sorti le Pays Basque Nord de sa négation institutionnelle pour lui donner une personnalité juridique.

La vision originelle était pertinente.

La France jacobine n’est pas l’Espagne des autonomies. Il fallait donc inscrire notre reconnaissance d’Iparralde dans le cadre du droit commun et le découpage territorial d’un pays unitaire. Le département Pays basque a donc été longtemps le véhicule de notre dialogue avec le pouvoir central. Le déclic de ce long cheminement fut l’engagement présidentiel de Mitterrand en 1981, dans sa 54ème proposition sur la décentralisation. Malgré le reniement de sa promesse la “question” basque entra, pour ne plus en sortir, dans le débat public français. Si la doctrine du pouvoir à Paris n’a quasiment pas évolué, au-delà des alternances politiques, le Pays Basque, lui, a bien changé.

En 1981, les abertzale étaient les seuls à porter la revendication territoriale. Ils étaient extrêmement minoritaires au plan électoral et isolés pour leur proximité avec la violence d’ETA et d’Iparretarrak. L’ensemble des élus locaux, toutes tendances confondues, faisait corps contre eux, jusqu’à manifester, derrière les drapeaux des anciens combattants, ceints des écharpes tricolores, dans les rues de Bayonne, contre les attentats des syndicats d’initiative, des résidences secondaires, des golfs ou ports de plaisance. Même les “basquistes” tels Dutournier ou Ithurralde défilaient au côté de Guy Petit, Henri Grenet, Bernard Marie, Inchauspé, Dubosq, etc.

Ce Pays Basque-là n’est plus.

C’est au contraire grâce à l’adhésion des élus que l’EPCI unique voit le jour. Leur mutation est parallèle à celle des abertzale.

C’est, d’une part, la lente conversion du Biltzar de chambre d’enregistrement du préfet et des hauts fonctionnaires en vote à 64% pour un département basque, c’est, chez les abertzale, le renoncement à la violence et la présentation unitaire aux élections comme seule pratique politique. C’est l’apprentissage de la cohabitation entre ces deux forces sociales dans les Conseils des élus et de développement, facilité par la plateforme opérationnelle Batera, portant sur quatre points: chambre d’agriculture, université, euskara et département Pays Basque.

C’est par le droit commun, en effet, que naît aujourd’hui la première assemblée basque dans l’Etat français. Pas de statut dérogatoire comme désiré, mais l’application égalitaire sur l’ensemble du territoire français de la loi NOTRe, opportunément acceptée de part et d’autre, du préfet aux dix intercommunalités existantes.

Cette reconnaissance institutionnelle est faite au prix d’un renoncement au suffrage universel direct et d’une assemblée décisionnaire démesurée. Mais elle est portée par une société basque nouvelle, porteuse d’un consensus fort des deux tiers pour sa propre existence et tout autant pour la désignation de son président, Jean-René Etchegaray. Tout naturellement, elle s’inscrit dans l’identité basque, l’euskara y sera utilisé dans les débats comme dans la communication externe, son président est déjà pour les medias le lehendakari, lequel annonce qu’il s’agit pour l’heure d’une étape et commence par recevoir le lehendakari du Sud.

Tout ceci n’est pas neutre et agit en onde de choc.

François Bayrou, maire de Pau, songe à regrouper l’ensemble du pays de Béarn et le gouvernement tend à présenter ailleurs l’EPCI Pays Basque comme un modèle.

Eman ta zabalzazu…

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