L’invitation au voyage de Kepa Etchandy

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«Mon enfant, ma sœur, songe à la douceur d’aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, aimer et mourir au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés de ces ciels brouillés pour mon esprit ont les charmes si mystérieux de tes traîtres yeux, brillant à travers leurs larmes». Le livre du photographe Kepa Etchandy Au pays des Basques fait partie de ces invitations au voyage chères à Baudelaire. Il nous prend par la main et nous conduit dans quelques-uns des lieux d’un pays, le sien. Il fait des choix, son parcours n’a rien d’exhaustif. Ce sera une mise en bouche, ce pays est inépuisable, tant de choses restent à découvrir. Euskal Herria ne se livre pas d’emblée, il/elle se mérite, demeure en retrait, parfois se dérobe. Telle Rebecca devant Isaac auprès du puits dans le désert, elle croise son regard et elle se voile. Vouloir tout ou trop montrer du Pays Basque serait indécent. Le photographe survole des thèmes indispensables pour saisir quelque chose de ce peuple, mais aussi donne des coups de projecteur sur des sujets plus précis, il lit et fait parler les paysages, à charge pour le lecteur de poursuivre l’exploration.

Pour une fois, nous est épargné le pèlerinage de Saint Jacques de Compostelle, tarte à la crème devenue insupportable. Pas question non plus d’offrir ces poncifs qui vont du pont de l’église de St-Jean-Pied-de-Port à la presqu’île de Gaztelugatxe, images si dévoyées, mais paraît-il indispensables pour combler d’aise le Bordelais moyen.

Des endroits aussi peu connus que la villa romaine d’Arellano ou Igartubeiti baserria à Ezkio, sont ici à l’honneur. Dans ses textes de qualité où l’euskara n’est pas oublié, comme dans ses clichés, Kepa Etchandy préfère élire.

Le Pays Basque d’hier est présent, mais aussi celui qui vit aujourd’hui. Discrète, la nostalgie est là cependant: le bateau de pêche Eskual-Herria amarré au port de Bayonne, en fait partie. Cette photo fut l’affiche emblématique de la première campagne électorale des abertzale bayonnais en 1983.

Impératifs de l’édition ou de la mode obligent, «les soleils mouillés de ces ciels brouillés» sont rares dans ce livre, alors qu’ils sont si répandus en Pays Basque. Pas absents toutefois. Le cliché de Duzunaritze-Sarrasketa en hiver, celui du château d’Amaiur, sont parmi les plus beaux. De l’un, nous parvient dans le creux de l’oreille le murmure de Bernat Etchepare ; de l’autre, le silence des chevaliers navarrais, tombés en cet ultime bastion de notre souveraineté le 22 juillet 1522, face aux envahisseurs espagnols. L’épitaphe «Sta viator, heroem calcas», arrête-toi voyageur, tu foules un héros, gravée par le Grand Condé après la bataille d’Alerheim suffirait pour tout commentaire. Kepa Etchandy suggère. Les ruines d’Amaiur sont auréolées de gloire, l’aube du renouveau est à venir. Mais les pierres sont posées sur une énorme masse sombre, la chape de plomb, d’oubli et de mensonge qui recouvrit le drame durant des siècles.

La «lumière noire» qu’affectionnait le sculpteur Eduardo Chillida est propre à ce pays, elle n’a rien de commun avec la lumière méditerranéenne. Kepa Etchandy sait la saisir. On rêve de voir un jour Gaztelugatxe photographiée, un peu comme le fait Emilien Urbano pour «Naples, volcan éteint». Non pas la carte postale touristique aux couleurs frelatées, mais celle qui offre l’aura de la vigie Gaztelugatxeko Doniene qu’implorèrent avant de périr les 141 marins de Bermeo, dans la tempête du 12 août 1912.

Alors, de cette lumière noire, pourquoi pas le thème d’un prochain livre?

Kepa Etchandy, Au pays des Basques, ibilaldiak eta kondairak euskal eremuan, Histoires et voyages, Kilika éditions, 174 p. 2020.

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