
62 % des habitants d’Iparralde, soit deux Basques sur trois, sont favorables à la création d’une collectivité à statut particulier du Pays Basque. Davantage encore (66%) sont d’accord avec l’enseignement obligatoire des langues régionales dans nos trois provinces historiques et 82 % pour la co-officialité. Et 32 % des habitants d’Iparralde se considèrent d’abord comme Basques. Tels sont quelques-uns des résultats aussi surprenants qu’encourageants d’un grand sondage de l’IFOP réalisé auprès de 2000 habitants de sept régions de l’Etat français. Il a été rendu public à l’Université d’été de la fédération Régions et peuples solidaires qui a lieu en Corse du 25 au 29 août.
Vous trouverez sur le site de l’IFOP les résultats complets de cette enquête d’opinion à l’adresse suivante: https://www.ifop.com/wp-content/uploads/2025/08/121688_Analyse-Pour-Publication_Ifop_RPS_2025.08.19-Version-WEB.pdf et plus d’information ici : https://www.ifop.com/publication/decentralisation-identite-territoriale-revendications-le-regionalisme-francais-a-lepreuve-du-temps/
Le sondage de l’IFOP présente des résultats concernant sept peuples de l’Hexagone: Corses, Alsaciens et Mosellans, Occitans, Bretons, Basques, Savoyards et Catalans. En voici quelques résultats significatifs. 73% des habitants interrogés sont favorables au fait que les régions détiennent le pouvoir d’adapter les lois nationales, afin de tenir compte des réalités culturelles et historiques locales. 55% estiment que certaines régions peuvent bénéficier d’un statut d’autonomie régionale. 77% sont pour la reconnaissance officielle des langues régionales.
Sur l’ensemble des personnes interrogées, 55 % sont d’accord avec l’enseignement obligatoire —avec le français— de la langue régionale, pendant l’horaire normal des cours, sauf demande contraire des parents.
Le fédéralisme français, longtemps tabou, gagne en légitimité populaire avec 71% des citoyens favorables à ce que la France devienne fédérale et renforce considérablement le pouvoir et les moyens des régions. Cette adhésion au modèle fédéral, qui aurait été impensable il y a encore quelques décennies, s’épanouit particulièrement dans les territoires à forte identité : 86% en Alsace, 78% en Bretagne et 76% en Corse. Elle témoigne d’une maturité nouvelle de l’opinion française face aux enjeux de subsidiarité et de gouvernance territoriale, rompant avec des siècles de tradition centralisatrice.
Tous ces chiffres seront examinés de près dans les rangs abertzale et permettront d’étayer nos futurs combats culturels et linguistiques, ainsi que nos programmes politiques.
L’analyse du directeur de l’IFOP
Voici le commentaire que fait de ce sondage François Kraus, directeur de l’IFOP: « Loin d’être un phénomène marginal ou folklorique, le régionalisme français s’affirme comme une dynamique majoritaire incitant à repenser l’organisation territoriale du pays. Les résultats montrent que la demande de décentralisation n’est plus l’apanage des seuls militants régionalistes, mais devient une revendication transpartisane et intergénérationnelle. Plus remarquable encore est la stabilité dans le temps de certaines aspirations, comme la reconnaissance des langues régionales, qui témoigne de leur ancrage dans la culture politique française. Cette radioscopie du régionalisme français révèle également l’émergence d’identités territoriales alternatives qui questionnent le modèle jacobin traditionnel sans pour autant remettre en cause l’appartenance nationale, dessinant les contours d’une France plurielle où la diversité territoriale et culturelle n’est pas perçue comme un obstacle à l’unité nationale, mais comme une richesse à valoriser. Ces évolutions, très marquées chez les jeunes générations, suggèrent une transformation durable du rapport des Français à leur territoire.«