La percée est une addition

L'Edito du mensuel Enbata - Alors que le débat des élections régionales s’animait sur le rempart dressé face à la vague du Front national dans l’hexagone, le destin de la Corse prenait par surprise l’opinion publique française, sa classe politique et médiatique. Une percée nationaliste Corse, qu’on n’aurait pas vu venir, prenait démocratiquement le pouvoir de l’institution insulaire taillée sur mesure par le Statut particulier dessiné par Joxe en 1991, revu par Jospin en 2002.
Rien de tout cela pour qui comprend la trajectoire nationale corse depuis l’acte fondateur de la cave d’Aleria, en août 1975, prise au fusil de chasse par Edmond Simeoni et les premiers abertzale dont son frère Max.

La transition franquiste

L'Edito du mensuel Enbata - Il y a quarante ans, le 20 novembre 1975, mourait Franco. Le Pays Basque et l’Espagne sortaient d’un cauchemar, d’une dictature militaro-chrétienne fondée sur une effroyable guerre civile. Bien que porté sur les fonds baptismaux par Hitler et Mussolini, Franco évita d’entrer dans la guerre à leur côté au prix d’une glaciation sociétale.
Le PNV, alors unique porteur de l’abertzalisme, vaincu militairement en 1937 à Santoña, anima un temps une résistance intérieure jusqu’aux grandes grèves de 1949 et vécut en exil dans l’attente de la mort du dictateur. Une partie de sa jeunesse, n’acceptant pas ce repliement, organisa le seul dialogue possible dans une dictature: la lutte armée d’ETA.

Région à la française

L'Edito du mensuel Enbata - “La France est un pays centralisé, on ne réforme pas un pays centralisé, il fait la révolution”. C’est la conviction du président sortant de la région Aquitaine, Alain Rousset. Parfait connaisseur, par ses multiples partenariats avec l’autonomie d’Euskadi ou avec des lander allemands, sa réflexion touche au coeur même du mal-être de l’Etat jacobin qui croit s’en être sorti par une réforme territoriale en trompe l’oeil.
Après avoir récemment voté pour des assemblées départementales dont on annonçait la disparition quelques mois auparavant, nous voilà à nouveau sollicités par les urnes les 6 et 13 décembre pour une super région de 5,8 millions d’habitants. Malgré les apparences, rien n’a changé. Ou si peu. La taille n’est plus la même mais les compétences sont quasi identiques. De même, ses moyens fiscaux. La dotation de l’Etat reste toujours déterminante dans son budget.

Frères siamois

L'Edito du mensuel Enbata - Comment ne regarderions-nous pas, comme une préfiguration du destin national des Basques, la longue marche du peuple catalan placé à l’autre bout des Pyrénées à cheval sur la France et l’Espagne?
La guerre civile espagnole de 36 avec son cortège d’exilés et, pour eux, l’exécution de leur président Companys livré par Vichy à Franco, la répression de la langue, le retour à l’autonomie sans cesse rabotée, tout semble nous comporter en frères siamois.

Nos valeurs

L'Edito du mensuel Enbata - On n’avait encore jamais vu une collectivité territoriale offrir gracieusement à Seaska, qui ne l’a pas sollicité, un terrain d’un hectare pour y construire une unité d’enseignement immersif en euskara.
Deux mois à peine après l’acquisition de Biarritz, le Conseil municipal de la commune voisine de Bidart estime que la localisation du lycée Seaska compliquerait la circulation de la sortie de la technopole Izarbel et de son extension envisagée à 10-15 ans. Bidart convainc la nouvelle majorité de Biarritz et le conseil communautaire gestionnaire d’Izarbel de réaliser une étude de déplacements.

De la revendication au défi

L'Edito du mensuel Enbata - Ces dernières années, nous semblions toucher au but. La revendication séculaire des frères Garat, reprise à Itsasu en 1963 comme voie de passage vers la souveraineté et la réunification basque par le premier mouvement abertzale d’Iparralde, cette revendication, sous des formes adaptées à la conjoncture politique de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 2012, fut soutenue par la majorité du Conseil des élus du Pays Basque.
Cet élan démocratique exemplaire fut stoppé net en novembre 2013 par la lettre du premier ministre Jean-Marc Ayrault qui habilla son refus de l’institution propre d’une suggestion, en forme de plan B, d’utiliser les moyens de droit commun qu’offre l’organisation territoriale.

Tout devient pacifiquement possible

L'Edito du mensuel Enbata - Deux abertzale d'un village de Goierri, l'un de la mouvance PNV, l'autre de celle de Batasuna, décident de dépasser le non-dialogue insupportable entre les appareils politiques basques en initiant un mouvement citoyen qui deviendra Gure esku dago.
La fin de la lutte armée d'ETA replace désormais notre pays dans le schéma démocratique européen où s'articulent d'autres aspirations de peuples à la souveraineté. Le leader emprisonné de Sortu, Arnaldo Otegi, ne dit pas autre chose.

Espagnolistes soft ?

L'Edito du mensuel Enbata - Depuis peu, plus une élection n’échappe à la remise en question de la démocratie représentative en Europe. Le scrutin du 24 mai dans l’Etat espagnol y contribue avec ses spécificités propres.
L’observateur est chaque fois dérouté. Pays en crise économique sévère ou en pleine expansion, chacun, à sa manière, décline ce mal être collectif.

La négation d’un peuple

L'Edito du mensuel Enbata - Le 24 avril dernier, le monde a commémoré le centenaire du premier génocide du XXe siècle. Entre 1915 et 1918, 1,5 million d’Arméniens sur les deux millions que ce peuple comptait alors, hommes, femmes, enfants, ont été massacrés par le régime des Jeunes-Turcs à la tête d’un empire ottoman en plein déclin après avoir perdu sa domination sur les Balkans, l’Afrique du Nord et l’Egypte.
Comme Madrid qui prétend toujours que les Basques ont incendié Gernika, Ankara est toujours dans le déni.