Un exercice démocratique

EuropeElection2019L’Edito du mensuel Enbata

On la croyait malade, voire moribonde, voilà l’Union européenne revivifiée. 8% de votants supplémentaires sur l’ensemble des 28 pays partenaires aux élections du 26 juin. Plus aucun parti politique ne professe désormais son désir de quitter l’Union, le Brexit embourbé depuis trois ans les en a dissuadés. Plus de “Spitzenkandidaten”, têtes de listes les plus votées devenant, par une douteuse automaticité, prétendantes à la présidence du Parlement de Strasbourg, devenu le plus démocratique d’Europe. Les citoyens européens l’ont voulu éclaté. C’est donc la fin de la “grande coalition” (conservateurs et socio-démocrates) qui laisse place à quatre grands groupes pro-européens (droite, gauche, libéraux et verts). Les eurosceptiques, tels Salvini et Le Pen, devenant minoritaires et de ce fait écartés de tous les postes de responsabilité. Où est donc passée l’imperturbable assurance du Front national qui, avec ses partis frères étrangers, devait bouleverser une institution qu’il abhorre faute de la quitter ? L’extrême droite subit là un revers historique et une perte de crédibilité dont on mesurera longtemps les dégâts.

L’Union fonctionne dorénavant comme toutes les démocraties de nos Etats-nations. Le chef de l’Etat —monarque ou président élu— désigne le chef de l’exécutif, lequel compose son gouvernement qui se soumet à l’investiture du Parlement.

C’est ainsi que le Conseil européen, réunissant les chefs d’Etats et de gouvernements des 28 pays partenaires, a désigné la candidate à la présidence de la Commission européenne, madame Ursula Von Der Leyen, démocrate chrétienne, fédéraliste partisane des Etats-Unis d’Europe, ministre allemande de la Défense, qui s’est présentée le 16 juillet au suffrage du Parlement de Strasbourg. Elue à bulletins secrets par 383 voix contre 327, elle est investie à cette charge en remplacement du président sortant, le Luxembourgeois Jean-Claude Junker. Elle composera la Commission de 28 commissaires, c’est-à-dire l’exécutif européen, sur proposition des Etats membres, soit un par pays. Chaque commissaire ainsi désigné devra être adoubé par le Parlement après une audition individuelle approfondie. Dans le passé plusieurs candidats ont été ainsi récusés. Nous sommes là dans une relation législatif/exécutif autrement plus sophistiquée qu’en France où seul le Premier ministre demande à l’Assemblée Nationale un vote de confiance pour l’ensemble de son gouvernement dont font souvent partie des personnalités de la société civile non élues.

Le Conseil des chefs d’Etat et de gouvernement a aussi désigné son propre président, l’un des siens, le Premier ministre libéral belge, Charles Michel.

Dans un souci de parité, a aussi été désignée à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) l’ancienne ministre des Finances de Sarkozy et actuelle directrice du Fonds monétaire international (FMI), la française Christine Lagarde.

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, d’origine catalane, Josep Borrell, est porté aux Relations extérieures.

Enfin, le Parlement a élu à sa présidence l’italien démocrate de gauche, David-Maria Sassoli, comme un pied de nez à Matteo Salvini dont il est un opposant.

Voilà donc démocratiquement mis en route le nouvel équipage européen issu des élections du 26 juin qui a bouleversé la donne. Les “technocrates” de Bruxelles, comme aiment les nommer les anti-européens, devraient changer le cours des choses.

Purgée du frein britannique, c’est une Europe-puissance, entre Etats-Unis et Chine, qu’il leur faudra piloter. S’inscrire dans une indépendance au dollar, toujours monnaie dominante de l’économie mondiale illustrée par le piteux repli des grandes entreprises européennes en Iran au moindre froncement de sourcil de Trump. L’audace enfin dans la fiscalisation des GAFA doit être confortée et amplifiée. Poursuivre l’ambition d’un euro fort aujourd’hui parvenu à 20% des réserves des banques centrales face aux 62% du billet vert.

Mais la première puissance commerciale du monde doit aussi être aux avant-postes de la lutte pour le climat et dans l’accueil des migrants.

Les peuples d’Europe ont désormais parfaitement compris que ces politiques dépassaient les moyens de chacun des Etats pour n’être efficaces qu’ensemble, à la bonne échelle. Sans changer les traités, bien des avancées peuvent être accomplies si la volonté politique est là. Une volonté débarrassée de ses scories, dont la mise à l’écart de trois eurodéputés indépendantistes catalans, toujours bloqués à la porte du Parlement sur ordre de Madrid. Et ce malgré le soutien physique de plus de 10.000 Catalans (du jamais vu) venus le 2 juillet sur le parvis de l’Assemblée de Strasbourg lors de l’ouverture de sa première session. Le Parlement européen doit aussi, découlant du Brexit, éviter la résurrection-provocation d’une frontière physique sur le sol irlandais et demain peut-être faire face à la désunion du Royaume-Uni par le désir de l’Ecosse de demeurer européenne.

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Une réflexion sur « Un exercice démocratique »

  1. Oui,une Europe renforcée politiquement,avec un couple Franco-Allemand dont l’équilibre est en train de changer de côté avec un président français qui a pris l’ascendant durant le fameux G7 et lors des tractations sur le Brexit.L’Europe qui sera fédérale ou ne sera pas et qui est solidaire de l’Irlande .Je ne suis pas trop d’accord sur la force de l’euro,affaiblie par toutes les politiques de planche à billets ,qui soutient les bourses mais crée des bulles qui ne sont pas loin d’éclater(immobilier,bons du trésor).Argent pas cher,crédit facile mais à quel prix?La Fed a bien plus de marges de manoeuvre et le dollar va rester encore longtemps la devise de référence,celle qu’on achète quand sa monnaie dévisse,voir le Venezuela et maintenant l’Argentine.Je regrette qu’on mette à un poste clé Lagarde qui a prouvé son inefficacité en France et qui n’est pas économiste.Les enjeux sont d’aprés moi l’immigration et l’écologie,laissant en marge l’agriculture..

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