Les projets croissants de nos élus

Elections

La conjonction nouvel an /campagne électorale nous a permis de lire une longue littérature sur les réalisations et les projets de nos élus. Jetons un coup d’œil sur deux points importants : l’emploi et le logement. Je suis un simple citoyen non spécialisé en la question, un citoyen parmi d’autres qui aimerait éclairer sa lanterne avant de voter.

Je constate que pour les bilans, l’augmentation de la population est automatiquement ressentie comme un réussite. L’est-elle vraiment? Qu’un village dont l’école risque de fermer cherche à augmenter sa population, c’est tout à fait légitime. En est-il de même pour la commune qui compte une ou plusieurs écoles publiques, privées, ikastola ? A-t-elle besoin de grandir encore ? Le maire pourra se glorifier d’avoir construit une deuxième école, mais qu’apporte cette croissance à ses habitants ?

A titre d’exemple, tel village (classé aujourd’hui parmi les villes!) a fait de la pub à Paris pour ses nouveaux logements: ces constructions ne répondaient donc pas aux besoins des villageois. Les indigènes ont vu l’apparition des feux rouges. En attendant le stationnement limité. Puis, couronnement suprême, les parcmètres. Avec l »augmentation du trafic, la circulation devient plus difficile et la pollution de l’air plus grande. Quel citoyen désire respirer un air plus pollué?

Je ne parle pas du BAB, saturé chaque matin et chaque soir aux heures du début et de la fin du travail, voitures pare-choc contre pare-choc, chacune étant au top de ses possibilités en CO2. Et cela ne fera qu’empirer avec les ans.
Il y a les autobus électriques. On pourra toujours polluer jusqu’aux terminus mais le BAB sera sauf. Et d’où vient l’électricité si ce n’est de ces Centrales Nucléaires dont personne ne veut des déchets, même pas Bure? Et il faudrait des centaines de kilomètres carrés de panneaux solaires pour remplacer chaque centrale nucléaire. Avec des piles, dont on oublie de dire qu’elles sont fabriquées avec des métaux rares extraits dans des pays tels que la République démocratique du Congo où des enfants de dix ans travaillent dix heures par jour dans des conditions inacceptables chez nous pour les adultes? Qu’il faudra jeter un jour quelque part. Pas chez nous.

L’emploi

L’emploi ? Nous entrons dans le sacré. L’intouchable. La création d’emplois, voilà le bien suprême. Or nous avons un déficit des naissances sur les décès. Normalement le nombre d’emplois devrait diminuer. Et il augmente sous prétexte de « lutte contre le chômage« . En jetant un regard en arrière, on se rend compte que plus on crée d’emplois, plus il y a de chômeurs, phénomène bizarre que personne n’a jamais pu m’expliquer.

Voici les chiffres :

Année

1982

1990

1999

2011

2016

Population active occupée

87.643

92.818

99.491

132.644

139.432

Chômeurs

10.085

12.510

14.855

14.290

16.703

En 34 ans on est passé de 87.643 actifs occupés à 139.432 et de 10.085 chômeurs à 16.703; soit 6.618 chômeurs de plus alors que les emplois ont augmenté de 51.789, ce qui aurait dû s’accompagner de la disparition des chômeurs .

On ne crée pas des emplois pour les chômeurs indigènes. On fait émigrer d’ailleurs des travailleurs.

Quand on crée des emplois sur le canton de Baigorri, on y diminue le chômage. Quand on crée des emplois par centaines sur le port de Bayonne, c’est pour augmenter le tonnage du trafic du port et augmenter le chiffre d’affaire de certaines sociétés. Pas pour diminuer le chômage local.

En France la barre de 8% de chômeurs a été franchie en 1982 et depuis, à deux exceptions près, nous nous maintenons au dessus de cette barre. Le chômage à 8% fait partie maintenant de l’organisation (?) de notre économie telle que conçue par les majors des Grandes Écoles. Notre économie a besoin pour fonctionner, de capital, de salariés… et de chômeurs.

Il y a 40 ans nous avons créé Herrikoa pour que nos jeunes ne soient plus obligés d’émigrer, pour qu’ils vivent et travaillent au pays et voilà que nous organisons une autre émigration, à notre profit, aux dépens de gens qui, eux aussi, ont pourtant le droit de vivre et de travailler dans leur pays. La récente pastorale Pitrau, ce n’était que de la littérature, du théâtre. On voit rarement pareil reniement.

Le logement

L’immigration amène automatiquement la construction de logements… sur les terres agricoles et non sur les stades Didier Deschamps ou Jean Dauger dont l’espace est sacralisé contrairement aux terres agricoles qui ne sont agricoles que dans la mesure où l’on n’en a pas besoin pour autre chose: il suffit de les déclarer d’utilité publique et elles deviennent taillables et corvéables à merci. Il suffit de mettre les paysans devant l’éventualité du suicide (300 par an!) pour les obliger à vendre leurs terres. Malgré toutes les déclarations de bonnes intentions des uns et des autres.
Conséquence de l’augmentation de la population, il faut la loger donc. Pas aux Aldudes où les fenêtres fermées sont presque aussi nombreuses que les maisons habitées, mais sur la côte surpeuplée. Tous les maires qui se glorifient de la croissance de leur village, tiennent à ce que cela continue, se développe. Qui plus est, certains donnent la priorité aux logements secondaires, au détriment des indigènes. Aux logements « haut de gamme » sur les logements sociaux. Dans certaines communes, il y a autant de résidences secondaires que de logements pincipaux : 49,5% à Getari!!! Leur nombre a augmenté de 284% en 50 ans à Biarritz. Où il n’y plus de terrain… sauf pour le complexe d’Agilera. On préfère payer chaque année de fortes amendes à cause du déficit de logements sociaux que de construire ceux-ci. Avouez qu’il y a là un mystère. Dépenser l’argent des contribuables pour des absents.

Autre mystère, comment l’Etat ne les force pas à combler les vides. Lorsque l’on fait une faute sur la route, on perd des points. A 15 points on perd le permis. Ne faudrait-il pas qu’après quelques années d’amendes, les maires récalcitrants ne puissent plus donner de permis de construire tant qu’ils n’ont pas comblé le déficit en logement sociaux ? Que les entreprises immobilières soient aussi forcées de participer à la construction de ces logements jusqu’au respect de la loi, avant de construire autre chose ?

Il y a un moyen de diminuer le grignotage des terres agricoles. Je me rappelle avoir entendu à la radio, il y a un certain nombre d’années de cela, M. Etxart d’Irissarry recommander de ne plus construire des maisons particulières mais de petits immeubles collectifs, même dans le rural. Réflexion d’autant plus crédible, que la construction est une des ses spécialités. Cela s’est déjà fait, comme à Hasparren ou Ayherre. Sur 500 m2 on peut construire une maison ou 10 logements, sans immeuble de dix étages. Avec des constructions à deux niveaux. Il faut savoir ce que nous voulons. L’intérieur est-il condamné à devenir le dortoir de la côte, surtout en logements bas de gamme? La pollution étant ainsi limitée à l’espace au delà de ces hypothétiques parkings périurbains.

Question de fond : le rêve de certains, j’ai déjà posé la question, ne serait-il pas de faire du Pays Basque, de Hendaye à Moncayole, une mégapole style Los Angeles, traversée dans tous les sens par une quinzaine d’autoroutes à quatre cinq voies double sens, une demie douzaine d’hélicoptères les survolant tous les après midis, pour essayer désespérément de lutter contre les embouteillages généralisés de fin de journée? Une ville cachée par le nuage rouge de la pollution, la rendant invisible de l’avion approchant de l’aéroport? Le Pays Basque serait classé dans le palmarès des mégapoles mondiales à côté de Kinshasa, Seoul, Shangai, Bombay, Mexico, Lagos, Buenos Aires, New Delly… J’allais oublier Wuhan et ses habitants ornés d’un masque, bien avant l’apparition du coronavirus! Vous vous rendez compte de l’honneur? Être 13° dans ce ranking! Ce serait une argument touristique de plus!
Ne serait-il pas temps de faire nôtre ce cri d’alarme prémonitoire du Club de Rome :« Halte à la croissance » (Edition Fayard, 1972) ?

Avant que la terre ne devienne inhabitable pour les jeunes d’aujourd’hui. Mais cela, il y en a qui s’en foutent, pourvu qu’ils se fassent du pognon.

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