Preso : avancées et bégaiements

Ainsi va un « processus de paix » qui n’en est pas un, avec ses aternoiements, ses avancées partielles et relatives, ses contradictions. Le désir de vengeance d’une partie de l’appareil d’Etat, certains corps constitués, une fraction de l’opinion publique organisée en lobby, tous freinent des quatre fers contre les politiques d’apaisement. Ils rejettent toute hypothèse de justice transitionnelle. En bafouant leur propre légalité, alors qu’ils se réclament tant de l’État de droit, de la loi et de la démocratie. Une justice politique, une justice des vainqueurs est à l’oeuvre. Une parodie de justice qui n’a de justice que le nom. Ces magistrats zélés n’appliquent pas le droit, ils poursuivent un combat à partir de leurs convictions politiques, leur appartenance nationale.
Les nationalismes espagnols et français qui n’avouent jamais leur poids dans cette affaire, sont extraordinairement prégnants. Sans le dire, tous savent bien que le fond de la question est là : la question nationale, le partage de la souveraineté. Nous n’avons ici que la version judiciarisée de cet affrontement. (...)

+26,7%

L’Édito du mensuel Enbata - Les abertzale progressent en pourcentage et en voix aux élections législatives des 12 et 19 juin, un type de scrutin ingrat pour nous, tant il est écrasé par les débats franco-français. Notre courant parvient à gérer intelligemment le second tour, son apport décisif fait bouger une carte politique réputée inamovible.
La forte abstention (48,7%) n’a pas atteint l’électorat abertzale qui a progressé de 3383 voix, soit de 26,7% par rapport au scrutin de 2017. Dans la 6e circonscription (Côte sud) et surtout la 5e (Bayonne-nord du Labourd) réputée la plus difficile, notre progression est encore plus forte (près de 64%). Avec quasiment 9% de suffrages, nous dépassons largement la fameuse barre symbolique des 5%, en-deça de laquelle une force politique peine à exister. (...)

Progression des abertzale

Avec une augmentation de près de 3400 voix, le vote abertzale confirme son ancrage aux élections législatives et un rôle d’arbitre qui interdit la victoire aux candidats rejetant nos problématiques.
Trop lente bien sûr, mais remarquable. Les abertzale ne sont pas comme ces formations qui, telle l’extrême droite double en cinq ans son score en Iparralde ou qui s’effondre comme le LR. Soyons convaincus que la lenteur de notre progression est le gage de sa pérennité. La progression en pourcentages mais aussi en voix est d’autant plus significative qu’un “effet NUPES” s’est fait sentir. La gauche française, enfin, se requinque. L’argument voulant que nous progressions depuis quelques années du fait de la crise du PS et du PC, ne tient plus. (...)

La Cour européenne absout des presos, la Cour suprême espagnole refuse d’en tenir compte

La Cour européenne des droits de l’homme définit une jurisprudence qui annule nombre de dossiers de presos en mettant en cause le régime d’incommunication. l’Audiencia nacional l’applique, mais la Cour suprême espagnole rejette la décision européenne.
Face à cet imbroglio, les avocats abertzale ne désarment pas. Le retour de la droite aux affaires menace. Dans un contexte politique instable, EH Bildu entend négocier au mieux des aménagements de peine. (...)

Point, ligne, plan et veines du bois

Amoureux du bois, le sculpteur José Ramón Anda sent sa respiration et la féconde. Il est démiurge, alchimiste, il transforme la matière et reste à son écoute. Epris de fidélité, son amour dure et se prolonge, se nourrit d’efforts, de gestes répétés, en profondeur comme en surface, il sublime Eros et devient Agapê, Philia.
Le poids de l’œuvre de José Ramón Anda est inversement proportionnel à sa discrétion et au nombre des pièces produites, moins de trois cents. La galerie Arte Bideak à Ciboure nous en offre un aperçu de qualité jusqu'au 10 juillet. (...)

Amaiur le 5 juin, 500e anniversaire de la fin de la souveraineté basque

Cette première journée inaugure une série de commémorations qui s’égrèneront jusqu’en août, dans le village du Baztan en Navarre, haut de la résistance basque en 1522.
Ils se nommaient Tristan de Maia, Alain de Bertiz, de Belzunze, Juan de Orbara, les seigneurs de Sada et d’Etcharren, Miguel de Jasso, le frère aîné du futur St François Xavier, Léon d’Espelette, Juan de Jasso, Víctor de Mauléon, Juan de Aguerre… La fine fleur de la jeunesse navarraise, ils avaient entre 18 et 28 ans, et faisaient partie des 200 chevaliers et hommes d’armes qui défendirent le château d’Amaiur, ultime bastion d’un royaume souverain, assiégé par une armée espagnole de 5000 hommes. (...)