Corse, on négocie

L'Edito du mensuel Enbata - "C’est une occasion manquée” déclare Gilles Simeoni, président de la Collectivité corse, suite à la visite officielle sur l’île, les 6 et 7 février, du président Macron. Certes ce dernier qui, candidat, avait à Furiani le 7 avril 2017 ouvert une avancée possible à la revendication insulaire, était cette fois-ci revêtu des habits du chef de l’Etat pour organiser le dialogue sur un rapport de force entre deux légitimités démocratiques, la sienne pour la France et celle, tout aussi récente, des élus nationalistes corses pour leur territoire.
La posture de Macron a donc assumé à la fois celle du pouvoir central, traditionnellement tutélaire, voire provocatrice, mais aussi celle du politique devant gérer au mieux la “question corse” à peine sortie d’une lutte armée. (...)

Corse, sujet constitutionnel

L'Edito du mensuel Enbata - En remportant, à une large majorité, les élections territoriales de décembre 2017, les nationalistes corses ont fondamentalement modifié les rapports de leur île dans la république française. L’autonomie, pleine et entière, n’est plus une revendication mais une obligation de mise en oeuvre.
Opportunité d’autant plus à saisir que l’interlocuteur français est un jeune président qui, candidat le 7 avril 2017 à Furiani, en Corse même, proclamait: “Est-ce qu’il faudra aller plus loin, modifier le cadre législatif et réglementaire, réviser la constitution pour permettre de nouvelles adaptations? Sur ce sujet comme sur tous les autres, je suis ouvert au dialogue”. (...)

L’Europe aux cent drapeaux

L'Edito du mensuel Enbata - Apparemment, l’Union européenne s’est détournée de la “sédition” catalane. Affaire interne à un Etat partenaire, ont dit toutes les capitales comme les institutions communautaires de Bruxelles.
Cette politique de l’autruche est-elle pour autant réalité ? Le réveil national catalan n’atteint-il pas, bien au contraire, le sens profond de la construction européenne que l’on croît réduite à l’association d’Etats ? (...)

D’Aleria à l’autonomie

L'Edito du mensuel Enbata - Cette victoire des abertzale corses est chargée de signification. D'abord, elle valide la qualité de leur gestion depuis leur prise de pouvoir aux élections régionales de 2015. Dieu sait pourtant si leur “radicalisme” annoncé et dénoncé a été mis à l'épreuve: discours inaugural en langue corse, votes “ identitaires” sur la co-officialité du corse avec le français, du statut de résident, accompagnement du rachat de la compagnie maritime SNCM par des sociétés corses, rapprochement des prisonniers politiques… Loin du déclin et de l'isolement, cette gestion fut celle de l'augmentation du PIB et des investissements avec, hélas, son cortège d'inégalités.
Cette victoire est surtout le fruit de l'union des abertzale corses qui ont présenté, pour la première fois, une liste unique regroupant les autonomistes de Gilles Simeoni et les indépendantistes de Jean-Guy Talamoni jusqu'ici compétiteurs séparés et toujours minoritaires, sauf en 2015 où, ayant fait liste commune au second tour, avaient conquis le pouvoir. Cette union n'est pas un simple accord électoral mais porte une vision commune du destin corse pour les dix ou quinze ans prochains, afin de parvenir à un statut d'autonomie législatif. (...)

L’indépendance au bout du pacifisme

L'Edito du mensuel Enbata - Emu, fasciné une heure durant, vendredi 27 octobre, devant ma télévision retransmettant en direct le vote historique du parlement autonome catalan créant la république de Catalogne. A l’appel de son nom, chaque député venait déposer dans une urne, à bulletin secret, sa contribution, ou son opposition, à un acte qui rend désormais irréversible l’émancipation du peuple catalan.
Quel que soit le déroulé des relations avec l’Etat espagnol ou les humeurs du concert des nations. (...)

Scrutin en marge

L'Edito du mensuel Enbata - Comme dans beaucoup de domaines, la France a une conception du bicamérisme fort alambiquée. Le Sénat est une institution au fonctionnement démocratique anormal disait Lionel Jospin... Heureusement que le Sénat, s’il peut amender la loi et contrôler l’exécutif, doit s’incliner en dernier ressort devant les décisions législatives de l’Assemblée nationale. Si on y ajoute qu’il lui est impossible de renverser le gouvernement, on mesure le rôle mineur de sa fonction dans les institutions.
Le résultat de ces sénatoriales dans les Pyrénées-Atlantiques appelle quelques commentaires. (...)

Saisir une opportunité

L'Edito du mensuel Enbata - Elus du Pays Basque on vous parle ! Après le big bang territorial du précédent quinquennat, qui nous permit de créer la Communauté Pays basque, voilà le président Macron proposant aux collectivités locales un “pacte girondin”. Pas de nouvelle loi, pas de réforme globale pour l’ensemble de l’Hexagone, mais des contrats spécifiques définis par les acteurs de terrain avec des mots clés comme “expérimentation” ou “délégation de pouvoirs”. Cette “conférence nationale des territoires” (CNT), promesse de campagne du candidat Macron, se veut “d’échange, de concertation et de décision".
Dans notre longue quête institutionnelle, la Communauté d'Agglomération est une avancée indéniable mais demeure cependant loin de ce qui était construit avec la société civile comme un compromis acceptable par tous: une institution propre, élue au suffrage universel et dotée de compétences spécifiques. Il ne faudrait pas que l’engagement loyalement assumé dans cette Communauté nous démobilise. Il est heureux que son président, Jean-René Etchegaray, rappelle opportunément cette finalité. Les nombreux élus abertzale qui y participent peuvent désormais, avec le lehendakari, s’engouffrer dans cette ouverture offerte par le pouvoir central de la conférence nationale des territoires. Il faut être présent à ces rendez-vous semestriels. S’organiser pour cela. Définir une nouvelle doctrine institutionnelle d’Iparralde et la faire partager par l’opinion publique. (...)

No tinc por !

L'Edito du mensuel Enbata - Est-il imaginable que le double attentat djihadiste des 17 et 18 août à Barcelone et Cambrils ne puisse influer sur le comportement des Catalans à cinq semaines de leur référendum du 1er octobre sur l’indépendance ?
L’événement qui a interpellé l’opinion mondiale pèsera sûrement sur la décision du peuple catalan qui a affirmé à la face des nations son identité profonde et la maturité de ses institutions. (...)

La voix des sans État

L'Edito du mensuel Enbata - Trois députés nationalistes corses à l’Assemblée nationale. Cela est tout aussi exceptionnel que la vague Macron chamboulant l’édifice institutionnel français. Trois élus sur quatre circonscriptions corses, c’est presque un grand chelem, d’autant que le quatrième candidat abertzale a raté l’accès au second tour pour 13 voix.
Il y a là la traduction de la percée à l’élection de l’Assemblée territoriale du 13 décembre 2015 qui, avec 35,34% des voix, avait porté les abertzale unis à sa direction. Cette percée n’était pas le fruit d’un gain de voix, mais l’addition structurelle des deux familles patriotes corses, les indépendantistes, qui longtemps soutinrent la violence armée du FLNC et des autonomistes dont Edmond Simeoni fut l’historique leader. (...)