Avec Max Simeoni, avançons ensemble

A côté de la Grande plage de Biarritz en juin 1989, de gauche à droite : Ramuntxo Camblong, Antoine Waechter, Jakes Abeberry et Max Simeoni.

Peuples solidaires
Avec Max Simeoni, avançons ensemble

Aux côtés d’Euskal Batasuna, Enbata prit fait et cause en faveur de la candidature de Max Simeoni aux élections européennes de juin 1994 . Dans nos colonnes, voici comment Ellande Duny-Pétré présenta la liste conduite par le leader corse.

Historiquement, c’est une première. Le 12 juin, quand nous glisserons dans l’urne le bulletin de la liste Régions et peuples solidaires, ce sera un évènement dans l’histoire de nos pays, de nos nations. Les colonisés de l’intérieur, les peuples vaincus, les sans-voix, ceux à qui on a volé jusqu’à la langue maternelle, les Corses, les Basques, les Bretons, les Catalans, les hommes d’Oc, les flamands, les Alsaciens… nous dirons alors qui nous sommes. Pour la première fois dans la vie politique de nos nationalités, nous sommes ensemble, au coude à coude, en charge d’une revendication commune, le droit à la vie. Depuis des décennies que nos mouvements identitaires existent, nous rêvons d’une démarche collective. Avec pour porte-drapeau le Corse Max Simeoni, ce rêve est devenu réalité.

Circonscription unique et mur de l’argent

Bien sûr, ce ne sont pas les difficultés qui manquent. D’abord, les obstacles juridiques, l’État tourne toujours la loi à son avantage pour mieux nous faire taire : seules parmi tous les pays européens, France et Espagne décrètent une circonscription électorale unique. Paris ajoute l’obligation de totaliser 5 % des voix pour obtenir des élus. Le mur de l’argent ensuite. Il faut rassembler 200 millions de centimes pour éditer professions de foi, bulletins de vote, affiches, plus les déplacements et les frais de campagne. Nos querelles intestines enfin —entre organisations ou entre personnes— à croire que le lot des minoritaires soit d’abord de se déchirer entre eux. Simeoni et ses amis de la liste ont franchi les obstacles, nous sommes en passe de relever le défi, de gagner ce tour de force, avec l’aide de tous.
Des personnalités, des intellectuels ont compris notre démarche. Ils nous rejoignent. Le chanteur Renaud et son compère l’écrivain Christian Laborde rappliquent avec dans leur caravane le renfort des enfants de Belfast et une troupe d’ours pyrénéens. Les intellectuels Albert Memmi, Jean Cardonnel, Gilles Perrault portent la voix des colonisés et des rebelles de toujours. Arrivent les ténors du barreau, Maîtres Blanco et Choucq, défenseurs de preso basques et bretons. Ils savent de l’intérieur ce que veut dire croiser le fer avec les gardes-chiourmes de l’intégrité du territoire, siégeant à la 14e chambre correctionnelle de Paris.

Dire la fierté de nos peuples

Aujourd’hui, peuples, nations, régions, nous voici rassemblés. Pour relever le gant et dire la fierté de ceux dont on se moque depuis des siècles, à cause de leur accent de paysans, de bouseux, de ploucs. A qui on ressasse « défense de cracher par terre et de parler breton », à qui on bourre le crâne en leur faisant ânonner « une et indivisible, de Dunkerque à Tamanrasset » ou encore « la mission civilisatrice de la France auprès des peuples coloniaux
Nous sommes ensemble pour dire l’honneur de peuples qui ont fourni des bataillons de boniches et de valets condamnés à se vendre à Paris ou à s’exiler en Amérique. Sur la liste des peuples solidaires, vous lirez des noms corses. Ce sont les mêmes qui refusèrent que leur île soit vendue et sont tombés à Ponte Novo, sous la mitraille du comte de Vaux.

« D’ar ger, ma général »

Vous y lirez des noms bretons. Ce sont ceux de l’armée de Bretagne. En 1870, réduits en haillons, pourris de dysenterie et de variole, ils hurlaient au fringant général de Marivault : « D’ar ger, ma général ! D’ar ger ! » Pour l’officier français, ils n’avaient qu’un désir, aller à la guerre. Alors qu’en breton, cela veut dire : « A la maison ! » Aujourd’hui dans leurs maisons, nos amis bretons accueillent les réfugiés basques, au risque de se voir incarcérés par Pasqua.

« Era l’an 1907 »
La Commune libre de Narbonne

Sur la liste conduite par Max Simeoni, vous y lirez des noms occitans. Ce sont ceux des vignerons qui fondèrent la Commune libre de Narbonne en 1907 et entraînèrent avec eux les soldats du 17e de ligne envoyés pour les mater : « Era l’an 1907, los paures manifestavan, e volguèron pas tirar, Poble e soldats èran fraires, e volgueron pas tirar, los soldats lengadocians ».
Vous y lirez des noms alsaciens. Ce sont ceux qui changèrent cinq fois de citoyenneté en une seule vie d’homme, de 1860 à 1948, au gré de l’humeur conquérante des empires, organisateurs de boucheries. Celles où les élites tuèrent les fils.

Ils sont sales, ils parlent leur langue maternelle

Vous y lirez des noms catalans. Ils ont fréquenté l’école d’Aiguatebia, sous le préau de laquelle on lit : « Parlez français, soyez propres ». Parce que les petits Catalans, comme les petits Basques, ou les petits Flamands, ils sont sales quand ils parlent leur langue maternelle. Alors le maître introduit un système de délation. Ils se dénonceront entre eux, en se transmettant le fameux symbole « anti ». Ainsi, pendant des générations, nous aurons honte de nos «patois», nous n’avions d’autre choix pour « réussir dans la vie » que de nous renier nous-mêmes, d’épouser la langue et la culture des dominants. De gré ou de force.

Pour une Europe mosaïque

On nous croyait engloutis, disparus, tels les peuples de l’Atlantide. Aujourd’hui, nous ne courbons plus l’échine, nous sommes debout. Les victimes de génocides, nos amis arméniens et kurdes, nous rejoignent dans ce combat.
Mais que l’on ne se méprenne pas, la liste de Max Simeoni n’est pas celle des peuples revanchards, recrus d’épreuves inouïes, aigris par tant de batailles perdues. C’est la liste de ceux qui veulent saisir une opportunité historique, celle de l’Europe des peuples libres et solidaires, désireux de construire leur avenir, parce que nos langues, nos communautés sont vivantes.
Nous sommes pour une Europe mosaïque, c’est-à-dire un ensemble précieux et paradoxal : la juxtaposition de ses différentes couleurs fait la beauté et la cohérence générale de l’œuvre. Ce n’est pas en délavant les couleurs de l’Europe que l’on fait une belle mosaïque, mais au contraire, en permettant à chacune d’être pleinement elle-même. Que chaque communauté ait son espace, son intensité, dispose de sa propre détermination, avec des institutions qui lui soient propres, au sein de l’ensemble européen.

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